La police canadienne est en passe de reprendre le contrôle du centre de la capitale, Ottawa, paralysé depuis des semaines par le mouvement anti-mesures sanitaires du Convoi de la liberté. La police a annoncé des «progrès significatifs» en ce sens à la suite d'affrontements le 19 février avec un noyau dur de manifestants sur la colline du Parlement. Les autorités ont notamment affirmé utiliser désormais des «substances chimiques» contre des manifestants «agressifs».
Aspergeant les protestataires de spray au poivre, détruisant les vitres des véhicules dans lesquels certains s'étaient retranchés, les forces de l'ordre ont repris dans l'après-midi l'axe majeur devant le Parlement canadien, où des centaines de camions stationnaient depuis 23 jours. La tension était particulièrement palpable le 19 février au matin dans cette ville d'ordinaire très calme, les manifestants jetant des fumigènes vers la police épaulée de véhicules blindés et de snipers.
Au moins 170 personnes ont été arrêtées les 18 et 19 février, une cinquantaine de véhicules remorqués et des armes saisies, a déclaré la police, qui a aussi détruit tentes, cabanes, stands de nourriture et autres structures érigées par les manifestants. «Cette opération est toujours en cours, elle n'est pas terminée et il faudra encore du temps pour atteindre nos objectifs», a toutefois souligné Steve Bell, chef de la police de la capitale canadienne, sans s'avancer sur un calendrier plus précis.
Nous continuons à maintenir une présence policière dans et autour de la zone de la manifestation illégale. Nous utilisons des clôtures pour nous assurer que le terrain regagné n'est pas perdu. pic.twitter.com/VaJtMGYZdo
— Ottawa Police (@OttawaPolice) February 20, 2022
«Toute personne trouvée dans la zone» du centre de la capitale canadienne «sera arrêtée», a tweeté la police, accusant les camionneurs, nombreux à être venus accompagnés d'enfants, de mettre ces derniers en danger.
Les responsables du mouvement, qui accusent la police d'abus, ont eux aussi appelé les chauffeurs routiers à quitter les abords du Parlement pour éviter «davantage de violence». De nombreux camionneurs ont choisi de partir d'eux-mêmes et d'enlever leurs poids lourds des rues. Un journaliste de l'AFP a observé un flux régulier de départ.
Le Parlement discute de l'utilisation de la loi sur les mesures d'urgence
Minimisé au départ par les autorités, ce mouvement du Convoi de la liberté, initié fin janvier, est parti de camionneurs protestant contre l'obligation d'être vaccinés pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Mais les revendications se sont étendues à un refus de l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.
Après une journée de fermeture exceptionnelle due au contexte sécuritaire, le Parlement a repris le 19 février ses travaux autour de l'utilisation de la loi sur les mesures d'urgence décrétée par le Premier ministre canadien, qui a par ailleurs convoqué le même jour une réunion de crise. La chambre examine depuis le 17 janvier la mise en œuvre de cette loi invoquée par Justin Trudeau pour mettre un terme aux blocages «illégaux» en cours dans le pays. C'est seulement la seconde fois que cette disposition est utilisée en temps de paix, et elle est très contestée par l'opposition conservatrice.
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