5 000 blessés, 137 tués, des dizaines de disparus, l’incompétence et l’irresponsabilité hallucinantes de l’Etat, le modèle économique en faillite, le refus des politiciens de placer les intérêts supérieurs de la nation avant les leurs, la destruction de la richesse nationale et la mise à mort de la classe moyenne, colonne vertébrale de la prospérité du pays, voici le tableau dantesque de ce qui reste du pays des cèdres.

De notre correspondant au Liban. – Dans ce contexte, l’agenda particulier du Hezbollah pro-iranien depuis plus de 40 ans est central pour comprendre la destruction d’une terre biblique transformée en fer de lance de l’OPA sur le Moyen Orient menée par la République Islamique d’Iran, qui s’est attachée à protéger un système mafieux institutionnalisé avec l’occupation syrienne et à miner systématiquement les relations du Liban avec l’ensemble des pays arabes ainsi qu’avec ses alliés occidentaux. Alors que les théories les plus variées sont jetées en pâture aux médias, une seule évidence frappe l’observateur un tant soit peu sérieux, quel que soit par ailleurs celui qui a allumé la mèche. D’une part le Hezbollah, qui d’ordinaire ne pense pas à deux fois avant de pointer du doigt « une agression de l’entité sioniste », se montre cette fois étrangement silencieux et pour cause, il n’avouera jamais sa responsabilité criminelle dans le stockage d’armes et d’explosifs conventionnels et non conventionnels au cœur de la ville ; d’autre part, si Israël est responsable d’une attaque directe sur ce stock illégal de la milice chiite, l’échelle des destructions occasionnées rend impossible toute justification tactique.

Quant aux autorités libanaises, par leur soumission à l’axe iranien, leur responsabilité, voire leur complicité, est écrasante. Les Libanais ne sont pas dupes, qui inondent les réseaux sociaux d’appels à monter des gibets. Pour stabiliser la situation et couper court à d’éventuelles manipulations de la douleur sans nom d’un peuple naturellement entrepreneur mais dépouillé de tout avenir par des clans mafieux et une milice surarmée, le rôle de la communauté internationale est primordial, et il semble que les instances concernées l’aient bien compris, comme l’a démontré le succès de la conférence de Paris pour les donations au Liban qui s’est tenue dimanche en présence de 15 chefs d’Etat, Premiers ministres et ministres à l’initiative d’Emmanuel Macron. Les promesses de dons ont atteint le chiffre de 253 millions d’euros, dont environ 50 millions immédiatement. Emmanuel Macron a également insisté sur une proposition de mise en place d’une « enquête internationale crédible et indépendante, en réponse aux demandes légitimes du peuple libanais ». Selon le porte-parole de l’ONU, une telle enquête ne peut être mise sur place qu’en cas de demande de la part des autorités libanaises, ou via un mandat de l’Assemblée générale de l’ONU ou encore du Conseil de sécurité. Or, le général Aoun, après avoir déclaré sur CNN n’avoir « aucune autorité sur le port », a écarté toute enquête internationale qui, selon lui, « diluera la vérité ».

Enfin, selon la télévision Al Hadath, les recherches sur le lieu de l’explosion auraient permis aux enquêteurs de découvrir un réseau de tunnels creusés sous le port, découverte évoquée par ailleurs par le site d’information Sputnik. Est-ce pour occulter ce réseau souterrain clandestin que les autorités libanaises rejettent l’idée d’une enquête internationale, à la demande du Hezbollah, et que des secouristes occidentaux sont interdits d’accès au port ? •

Cet article Le Hezbollah, pierre angulaire du drame libanais est apparu en premier sur Présent.

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)