Suisse – Congé paternité : tous au fourneau, tous au boulot !

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De notre correspondant permanent en Suisse. – Les Suisses voteront le 27 septembre prochain sur cinq objets fédéraux. Deux sont très importants parce que relevant directement de notre indépendance (voir Présent des 15 et 20 juillet). Parmi ceux qui le sont (un peu) moins, l’instauration d’un congé paternité est un traquenard dans lequel la majorité des Suisses se laisseront prendre : tous au fourneau, tous au boulot ! L’égalité homme-femme reprend des couleurs, cette bonne vieille revendication féministe soutenue par la gauche et par une droite qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Seule – encore une fois ! –, l’UDC s’y oppose. Les Démocrates du centre avaient promis de ne pas augmenter les impôts et a fortiori les charges salariales. Mais attention : dans ses jeunes rangs, cette peau de banane féministe en a piégé plus d’un et pas des moindres.

Le texte soumis à votation prévoit un congé de paternité de deux semaines. Durant sa préparation, le projet n’a pas été soutenu sans réserve par les partis et les associations de gauche. Ceux-ci considèrent qu’il s’agit là d’un compromis acceptable et réaliste constituant une avancée décisive en matière d’égalité et de conciliation. Mais, à leurs yeux, la proposition ne va pas assez loin. Certains demandent quatre semaines au minimum, tandis que d’autres souhaitent un congé de paternité plus long, suivi d’un congé parental, ou uniquement un congé parental comprenant des périodes de durée fixe pour la mère et le père auxquelles s’ajoutent des semaines à se répartir librement. Malgré ces revendications, la voie choisie par le Parlement a souvent été jugée pertinente, car elle permettrait de faire un premier pas important vers l’intégration directe d’un congé de paternité dans la loi. On l’a compris, c’est un succès pour les féministes.

Malheureusement, si la gauche nous inflige sa vision marxiste de la société, certains groupes industriels et quelques entreprises ont soutenu le congé de paternité pour d’autres raisons moins avouables. Ces entreprises qui proposent déjà cet avantage, ce qui les rend plus concurrentiels sur le marché de l’emploi, seraient bien sûr heureuses de se décharger des coûts de cette opération sur tous les employés via une nouvelle répartition obligatoire des coûts de cette nouvelle avancée sociale.

Ils ne sont pas moindres et l’UDC ne se prive de les rappeler. Les coûts directs d’un congé paternité de deux semaines sont estimés à 250 millions de francs par an. Les coûts indirects (frais d’organisation, recherche de personnel de remplacement, coûts liés aux heures supplémentaires effectuées par d’autres salariés, coûts d’opportunité liés aux absences, c’est-à-dire pertes de commandes, pertes de productivité, etc.) supportés par toutes les entreprises représenteraient deux à quatre fois les coûts directs. Soit un montant situé entre 500 millions et un milliard de francs par an. Un sujet délicat à expliquer qui, une fois encore, voit l’alliance scabreuse entre la gauche revendicatrice et la droite patronale nous précipiter dans le « meilleur des mondes ». •

Eric Bertinat

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