Alors que la plupart des pays européens articulent leur projet de sortie du confinement, l’Espagne reste au point mort. Les communautés autonomes ont été invitées à concevoir des plans de reprise d’activité. Des groupes de travail ont été composés, avec la désignation d’un représentant de coordination avec le ministère de la Santé. Mais, précisément, à cause de son système de décentralisation, il n’existe aucune direction ministérielle unique à la tête de l’Etat espagnol.
C’est ainsi que la présidente de la Communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, avait demandé il y a trois semaines qu’une stratégie basée sur des études épidémiologiques soit développée au niveau central, en différenciant notamment ceux qui se sont révélés positifs et négatifs, et en localisant les patients asymptomatiques, afin de cibler les tests sélectifs pour ces groupes de personnes. Or, jusqu’à présent, il n’y a eu aucune réponse du gouvernement socialiste. L’Espagne ne dispose pas aujourd’hui d’une carte épidémiologique exacte.
Les perspectives sont sombres. Certaines régions autonomes ont avancé des propositions en partenariat avec le ministère de la Santé. Mais d’autres, comme le Pays basque ou la Catalogne, profitant de la faiblesse de l’Etat espagnol, entendent réactiver l’économie locale sans attendre l’avis de Madrid. Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, aurait souhaité que le retour à la mobilité se fasse selon des critères communs minimaux pour tous en raison des interrelations sociales et économiques qui existent entre les territoires. Seules les deux provinces voisines de la capitale, la Castilla-et-León et la Castilla-La Mancha entretiennent encore des rapports étroits avec les services de l’Etat. Ailleurs, c’est chacun pour soi. Les provinces ont douloureusement ressenti l’absence de consignes générales de l’Etat au départ de la mise en alerte.
De fait, la commande unique de matériel pour le personnel médical a été un échec total (plus de 70 % des médecins et soignants ne disposaient pas jusqu’à ces derniers jours de matériel conforme). Comble du désordre : ce mercredi, alors que le Premier ministre annonçait un scénario de retour à la normalité, le directeur du Centre de coordination des alertes et des urgences sanitaires de son propre ministère de la Santé, le Dr Fernando Simón, dénonçait publiquement ses propos. L’Espagne fait face désormais à deux crises simultanées, une crise sanitaire et une crise politique. •
Bernard Callebat
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