Votation 19.5.2019. Loi sur les armes de l’UE. Notre lecteur traite de menteur un fonctionnaire fédéral…

Destinataire: M. Marco Zwahlen

Via: [email protected]

Monsieur,

Je n'aime pas traiter quelqu'un de menteur, à plus forte raison quand je ne connais pas la personne ni ses motivations.

Un ami amateur d'armes m'a relayé un document que vous avez apparemment rédigé et signé (voir copie en annexe). Si tel n'était pas le cas et qu'il devait s'agir d'une usurpation d'identité, je vous prierais d'excuser le présent courriel et de le considérer comme nul et non avenu.

Pour l'heure et tant que je n'ai pas d'autres informations, je tiendrai pour acquis que vous êtes l'auteur du fichier .pdf intitulé "20190418 - La révision de la loi sur les armes ne vise pas les armes militaires - Confédération suisse.pdf".
Par idéologie, par désinformation, ou par souci de conserver votre gagne-pain, vous avez énoncé un certain nombre de "contre-vérités" (et c'est peu dire!).

Je me permets donc relever dans les lignes ci-dessous toutes les erreurs techniques, juridiques et factuelles dont vous êtes (jusqu'à plus ample informé) responsable. J'espère que vous êtes conscient des responsabilités que vous prenez dans cette campagne en diffusant sous couvert officiel de fausses informations.
J'exige par la présente - dont vous recevrez copie par recommandé - que vous publiez un rectificatif par les mêmes canaux dont vous avez usés pour envoyer votre immonde propagande.
Fort du soutien des associations dont je fais partie - et qui relayeront nos échanges -, je n'hésiterai pas à actionner tous les moyens légaux pour obtenir réparation.

1. "cette révision n’a aucune conséquence sur la reprise d’armes militaires"

La première conséquence, c'est que le militaire qui garde son arme à la fin de son service n'en est plus propriétaire, mais seulement, provisoirement, le détenteur. Il ne peut la conserver - comme toutes les armes de sport - qu'à condition de pratiquer régulièrement du tir ou d'être inscrit dans un club. On notera à ce propos que n'importe quel durcissement pourra être ajouté dans l'Ordonnance, au mépris des règles les plus élémentaires de la démocratie.
Bref, le jour où cette personne cesse le tir, que ce soit pour raison d'âge, de santé ou de voyage à l'étranger par exemple, elle devra se séparer de ce qui n'est plus vraiment son bien. Il sera impossible de garder une arme, et extrêmement difficile de la transmettre à ses héritiers.

La première conséquence concrète de cette révision, c'est que désormais l'arme militaire que le DDPS remet à ses ex soldat sera reprise plus tard. Comme nous le chantonnions enfants: " donner c'est donner, reprendre c'est voler". Outre que le DDPS fera donc partie des voleurs, cette politique aboutira rapidement à un désarmement massif de la population, et vous le savez.
 

  1. "La directive de l’Union européenne (UE) sur les armes a été remaniée dans le contexte des attentats terroristes en Europe ; elle porte principalement sur les armes à feu semi-automatiques ayant des chargeurs de grande capacité. La dangerosité de ces armes vient du fait qu’elles permettent de tirer plusieurs coups sans devoir recharger. L’objectif est donc de restreindre l’accès à ces armes et d’améliorer l’échange d’informations en la matière au sein de l’espace Schengen."

Si faire des amalgames douteux était une discipline olympique, la Suisse aurait grâce à vous enfin des médailles! Aucune arme d'épaule semi-automatique n'a jamais été utilisée pour commettre un attentat en Europe. Aucune arme légale non plus. La nouvelle loi restreindra l'accès aux armes légales, c'est-à-dire qu'elle n'aura aucun effet sur les auteurs d'attentats.
Jeune tireur, je me baladais à 16 ans déjà avec un Fass57, avec des chargeurs de 24 coups et même une plaquette réversible qui permettait de mettre l'arme en full auto. La dangerosité d'une arme ne vient à coup sûr pas de la capacité de son magasin, et encore moins de son mode de fonctionnement. Mais tout bonnement de la personne qui l'utilise.
 

  1. "Cette nouvelle directive s’applique à tous les États membres de l’espace Schengen dont fait partie la Suisse. Le Conseil fédéral et le Parlement ont par conséquent modifié la loi sur les armes. Le Conseil national a adopté la révision partielle par 120 voix contre 69 et 4 abstentions. Le Conseil des États s’est quant à lui prononcé en faveur du texte par 34 voix contre 6 et 5 abstentions. S’opposant à cette révision, la Communauté d’intérêts du tir suisse (CIT) a lancé le référendum et récolté 125 000 signatures valables."

La Tchéquie a un recours pendant auprès de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour discrimination et l'Italie vient de réintroduire l'équivalent de la "Castle Doctrine". Cette application de la directive semble bien inégale, ce que vous vous gardez de mentionner. On se demande bien pourquoi...

  1. "Étant une arme semi-automatique, le fusil d’assaut de l’Armée suisse a aussi focalisé l’attention dans le cadre des débats autour de cette votation. La position de la ministre de la Défense Viola Amherd est claire : Avec cette révision de la loi sur les armes, rien ne change pour le tir militaire et les armes d’ordonnance conservées à la fin des obligations militaires."

Le fusil d'assaut de l'armée suisse n'est semi-automatique qu'après sa "privatisation". Tant que son "propriétaire" est astreint au service, il dispose d'une arme qu'il est possible d'utiliser en mode automatique (full-auto). Mais bon, vous n'en êtes plus à une approximation près.
D'autre part, dire que rien ne change est tout simplement mensonger. Je possède comme beaucoup de mes congénères un Fass57 qui n'est enregistré nulle part. Dans leur sagesse, les autorités militaires de l'époque avaient jugé que le risque qu'un fichier tombe aux mains d'un éventuel ennemi n'était pas supportable et ces informations ont dans une large mesure été détruites.
Avec la nouvelle loi, les citoyens qui possèdent des armes militaires, parfaitement légales au demeurant et dans leur famille depuis des décennies, auront trois ans pour les déclarer. Une fois la déclaration faite, ces personnes devront pratiquer régulièrement le tir pour conserver ces armes. Faute de quoi elles devront les revendre (à supposer qu'un marché existe) ou s'en séparer d'une manière ou d'une autre. On passe d'une arme détenue parfaitement légalement à une arme qui sera confisquée dans six ans. Ce qui signifie apparemment pour Mme Amherd et pour vous que "rien ne change". En êtes-vous sûr?

  1. "En tant que membre de l’espace Schengen, la Suisse a pu participer aux travaux de révision de la directive sur les armes et influer sur le résultat. En s’alliant avec d’autres États, elle a ainsi pu empêcher toute une série de réglementations plus radicales. La possibilité d’acquérir ces armes à feu semi-automatiques à la fin des obligations militaires fait partie des traditions de notre pays et ce type d’armes est indissociable du tir sportif. Le Conseil fédéral a fait en sorte que la dérogation qu’il avait obtenue en 2004 de l’UE lors de la conclusion de l’accord de Schengen (Procès-verbal des négociations sur l'accord, p. 509 s.) soit maintenue lors de la modification de cette directive. "

Le Conseil fédéral se contrefiche des amateurs d'armes puisqu'il leur a menti en 2005 lors de la votation sur Schengen. La brochure explicative indiquait que les craintes des tireurs, chasseurs et collectionneurs que la loi fasse l'objet d'un durcissement étaient sans objet. Et 14 ans plus tard, la preuve de ce mensonge est là. Les directives de l'UE font l'objet d'une révision tous les cinq ans. Cette directive 17/853 sera donc révisée en 2022.
Êtes-vous en mesure de garantir que les amateurs d'armes suisses ne subiront aucun durcissement de la loi en 2022? Qu'il n'y aura pas d'interdiction pure et simple des armes semi-automatiques, ou des tests psychologiques des détenteurs d'armes, voire une limitation à 12 armes comme en France ou en Allemagne?
Vous savez que vous ne pouvez nous apporter aucune garantie, et que dans trois ans à peine ces prétendues dérogations seront très vraisemblablement caduques.

 

  1. "Il sera donc toujours possible de conserver les armes d’ordonnance et de les utiliser ; les personnes qui en possèdent déjà une ne verront aucun changement. De même, il sera toujours possible d’utiliser des armes à feu semi-automatiques munies d’un chargeur de grande capacité (comme le fusil d’assaut) pour pratiquer le tir sportif dans notre pays. Comme cela a été le cas jusqu’ici, aucun test médical ou psychologique n’est nécessaire. Un registre central des armes n’est pas non plus prévu."Il sera possible pendant trois ans encore de conserver des armes d'ordonnance (quid des autres armes?), plus en tant que propriétaire mais seulement, provisoirement, de détenteur. Et il ne sera plus "possible de les utiliser", mais obligatoire de pratiquer régulièrement le tir pour les conserver. C'est ce que vous appelez là aussi "aucun changement" ?
    Nous avons vu plus haut qu'il vous est impossible de garantir que des tests médicaux ou psychologiques ne seront pas introduits dès 2022.

Enfin, s'il n'y aura pas de registre central des armes en Suisse, celui-ci sera européen et lié au SIS.

 

Comme vous le voyez, vos arguments sont bien faibles et à tout le moins partiaux. J'exige donc que vous fassiez parvenir copie de cette réponse à tout le personnel du DDPS à qui vous aviez envoyé votre lamentable "propagande d'État", et ce dans un délai raisonnable d’une semaine, afin que votre personnel puisse en prendre connaissance avant la votation.

En tant que fonctionnaire, non seulement vous êtes redevable aux citoyens de ce pays, mais vous n'avez pas à intervenir en relayant des informations fausses ou incomplètes en pleine campagne de votations. Quelle que soit la raison de votre prise de position, la façon dont vous l'avez rédigée et distribuée est ignoble. Et inacceptable.

Avec mes salutations courroucées.

Jefferson (nom connu de la rédaction), 25.4.2019

 

5 commentaires

  1. Posté par Michel Vasionchi le

    C’est bien triste et inquiétant, que la Suisse soit attaquée perfidement par l’UE et sa cinquième colonne de vassaux en herbe …la seule arme pour contrer cette tentative de mainmise sur la liberté , c’est de voter NON

  2. Posté par MEIERS le

    Si la nouvelle directive sur les armes venait à être adoptée, on pourrait se demander quelle serait la prochaine étape des Conseillers Fédéraux pour prévenir la violence? On pourrait tout à fait craindre qu’à un moment l’on impose à un citoyen des tests psychologiques (ou psychiatriques) obligatoires. Et que les recalés à ces examens se voient imposer une castration chimique d’autorité pour prévenir toute manifestation d’agressivité virile!

  3. Posté par Sandrine R. le

    ce n’est ni le premier ni le dernier mensonge émanant de nos leaders ou zélites politiques, financières, judiciaires, journalistiques et culturelles. tout ce beau petit monde qui nous dit quoi faire, quoi acheter, quoi aimer, quoi penser ou quoi voter.
    la bonne nouvelle est que grâce à Internet et la re-information – “resistance” me semble plus approprié la roue tourne et leurs jours sont comptés.

  4. Posté par Antoine le

    Ce cher M. M. Zwahlen fait partie de l’administraaaation !
    Il ne faut surtout pas le brusquer le pôvre chéri ! Cela risque de le perturber et il devra consulter son psy …
    J’ai voté NON (vote par correspondance)
    NON au diktat de l’UE et NON au diktat de l’administration fédérale !

Et vous, qu'en pensez vous ?

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