Le Conseiller d’Etat Christophe Darbellay et ancien président du PDC suisse ferait-il taire les médias romands?

Le Conseiller d'Etat  Christophe Darbellay et ancien président du PDC suisse ferait-il taire les médias romands?

Christophe Darbellay, élu du PDC, le parti de la famille traditionnelle, a trompé sa femme et ses électeurs en entretenant une relation extra-conjugale avec une Américaine installée à Berne. Début septembre 2016, un enfant est né de cette liaison. Une semaine plus tard, Christophe Darbellay déclarait publiquement avoir « reconnu officiellement l’enfant » et « avoir réglé ses obligations financières ». Aujourd’hui, le dossier d’une procédure intentée au Texas par la mère, entretemps rentrée aux Etats-Unis, fait peser le soupçon du mensonge sur les déclarations du politicien valaisan.

Dans son édition d’aujourd’hui, le Walliser Bote, quotidien valaisan de langue allemande, rapporte que Christophe Darbellay a déclaré sous serment aux autorités judiciaires américaines qu’il n’avait pas reconnu l’enfant et qu’il doutait même en être le père biologique. En termes journalistiques, on appelle cela une bombe. A double titre : d’une part, parce que le droit anglo-saxon punit très sévèrement le mensonge, assimilé à un outrage à la magistrature ; d’autre part, parce que la personne concernée est un personnage au plus haut point public en sa qualité d’ancien président du PDC Suisse et d’actuel conseiller d’Etat valaisan.

En général, dans une situation comme celle-là, les journalistes se jettent sur leur proie et s’en donnent à cœur joie. Quelle surprise donc de constater que, depuis le 28 mars dernier, date à laquelle la Weltwoche, hebdomadaire zurichois, a publié un premier article sur les contradictions de Christophe Darbellay, aucun média romand n’a repris l’information. Comment expliquer ce silence ? Peur ? Déférence ?

Dans le cas de l’Illustré, on hésite plutôt entre la peur et la cupidité. Il se dit en effet que le magazine avait terminé son enquête avant la Weltwoche et qu’il s’apprêtait à en faire le sujet phare de son édition du 20 mars dernier. A la toute dernière minute, alors que le magazine allait partir chez l’imprimeur, le rédacteur en chef Michel Jeanneret aurait cependant cédé aux pressions de Christophe Darbellay et de son célèbre avocat zurichois Andreas Meili pour, en catastrophe, sortir l’article du journal.

Or, dans la dernière édition de l’Illustré, datée du 3 avril, que ne découvre-t-on pas ? Une publicité de 16 pages qui vante la capacité d’innovation des entreprises valaisannes. Vous avez bien lu : seize pages. Vu le contexte, la dernière de ces pages est sans aucun doute la plus choquante : elle présente une interview de Christophe Darbellay en personne, le patron du Département valaisan de l’économie et par conséquent sans doute aussi celui qui a financé cette opération à plusieurs dizaines de milliers de francs, voire davantage.

Simple coïncidence ou récompense offerte aux gentils journalistes qui ont accepté de se taire ? L’histoire ne le dit pas – pas encore.

Les choses sont plus terribles encore pour Le Nouvelliste. Dans son édition de samedi dernier 6 avril, "le journal des Valaisans" a publié un texte digne de la Pravda à ses grandes heures. Son auteur, Xavier Lambiel, s’est voulu pédagogue en rappelant à ses lecteurs qu’un journal ne pouvait pas tout publier : « C’est une part importante de notre métier : nous faisons des choix, souvent dans l’urgence. » On comprend l’objectif de cet exercice d’autojustification lorsqu’on en arrive au cœur de la chronique de Xavier Lambiel, là où il explique pourquoi le Nouvelliste ne publiera pas d’article sur l’affaire Darbellay : « Après des recherches sérieuses, nous avons estimé que tous les détails de cette affaire n’étaient pas d’intérêt public. Nous n’en parlerons donc pas. »

Quel contraste entre le silence du Nouvelliste et le travail d’information du Walliser Bote, entre la déférence des uns à l’égard d’un copain et le courage des autres malgré les menaces d’un conseiller d’Etat. Malgré ces pressions, le journal du Haut-Valais a tenu bon et a publié son article ce matin. Il a fait son métier. Il a fait le choix de parler d’un sujet dont l’intérêt public n’échappe qu’à Xavier Lambiel et à sa rédaction en chef. En publiant cet article, le Walliser Bote a donné une véritable leçon de journalisme au Nouvelliste, à l’Illustré et à tous les médias romands qui se tapissent dans leur coin au lieu de taper sur leur clavier.

 

8 commentaires

  1. Posté par Eddie Mabillard le

    @ Eric Giavina , oh non tous les journalistes du nouvellistes se seraient unis, comme la neige et les rochers, pour l’arracher, le premier jour il y aurait eu: la une plus 4 pages entières à l’intérieur. plus de petites colonnes de sous-fifres haineux, la les photos seraient entières, il ne resterait pas seulement la fameuse main qui les a trahis.
    Quelqu’un m’a dit une fois: quand on jette la m. en l’air il faut courir vite pour ne pas la recevoir en retour sur la tronche. Et la sagesse populaire le dit bien, ce que l’on sème l’on récolte.
    Ce bonhomme a voulu tout bouffer, et l’on s’aperçoit que son estomac est trop petit, et en plus il a trahi les valeurs du PDC Vs qui étaient de droites en glissant méchamment vers la gauche comme la plupart de ses coreligionnaires!

  2. Posté par Dominique Schwander le

    La grande majorité des journalistes de Romandie sont de piètres journalistes lâches, ignares, copieurs-colleurs, sans éthique professionnelle, sans conscience, ces « prostituées intellectuelles » comme les appelait le 25 septembre 1880 John Swinton alors chef du New York Times, avant que ce journal soit devenu d’extrême gauche, manipule et désinforme ses lecteurs et soit copié quotidiennement pas les journaux européens. Le terme énemédia s’applique à la majorité de nos journaux; énemédia est le terme désobligeant (contractant media et enema ou lavement) pour désigner ces principaux médias soit main stream media ou MSM dont la propagande politique partiale de gauche est voilée, amalgame, obscurcit et s’oppose à toute position politique centriste ou conservatrice et diabolise ad hitlerum les élus de droite. En Suisse, les journalistes avec conscience et intelligence, comme Roger Köppel de la Weltwoche sont devenus exception.

  3. Posté par Plenel le

    Le Nouvelliste est inféodé à Christophe Darbellay. Son rédacteur en chef a reçu de nombreux SMS de CD notamment pour empêcher la parution d’un édito demandant la démission d’Eloi Rossier. Une seule question : quel est le moyen de pression dont dispose CD ?

  4. Posté par Frank Leutenegger le

    Il y a Darbellay, il y a Broulis, il y a Maudet. Je crois que sur tous ces sujets, il faudra lire le Walliser Bote et la Weltwoche. En Suisse romande, les journalistes n’existent plus.

  5. Posté par Romuald le

    Mesdames et Messieurs les journalistes, depuis toujours votre rôle a été de dénoncer les choses et informer les citoyens pour éviter les dérives… triste que certains capitulent devant des démagogues comme Ch Darbellay

  6. Posté par Jonathan le

    Pourquoi reconnaître la chose juste avant les élections, faire amende honorable, et ne rien respecter de ses propres engagements? S’il n’a pu le faire pour un enfant, qui finalement reste le sien, comment croire qu’il a pu tenir ses promesse électorales pour ceux qui lui ont fait confiance…

  7. Posté par Michael le

    La chronique de Lambiel était particulièrement inquiétante.

    Le torchon vassal qui renouvelait son allégeance à son suzerain orange.

    Des reptations qu’on ne peut voir qu’en Valais. Quel malaise.

  8. Posté par Eric Giavina le

    Xavier Lambiel aurait-il eu la même retenue si il s’était agi d’Oskar Freysinger dans la même situation…

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