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Allemagne avec un "A" comme Annegret Kramp-Karrenbauer
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Michel Garroté -- Pascale Hugues, correspondante à Berlin de l'hebdo parisien de gauche 'Le Point', écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Mini-Merkel. C'est le surnom qui courait sur les lèvres quand, il y a plus 100 jours, Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK) prenait la tête de la CDU. Angela Merkel passait le flambeau. La première mission -- de celle que tout le monde s'est dépêché d'appeler AKK pour éviter de trébucher sur son nom imprononçable -- fut donc de prendre ses distances vis-à-vis de la chancelière, et, de démontrer, qu'elle n'est ni un clone, ni une exécutante, des ordres venus d'en haut. AKK, nouvelle présidente de la CDU, a réussi en peu de temps à se démarquer d'Angela Merkel en exposant avant tout une vision du monde et de la politique beaucoup plus conservatrice que celle de la chancelière.
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Il y a eu la blague faite au carnaval cette année : Annegret Kramp-Karrenbauer, un béret sur la tête, se moque du « troisième sexe » (ndmg - ce qui est très bien et qui nous change du politiquement correct français). Il y a eu ses prises de position sur l'interdiction de la publicité pour l'avortement, et, son conseil aux parents dont les enfants ont manifesté pour le climat. Si elle était à leur place, AKK interdirait à ses enfants de sécher les cours. Par ses prises de position, AKK espère séduire l'aile conservatrice de la CDU et ramener au bercail ceux qui ont voté pour l'AfD, le parti de droite dit "populiste".
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En organisant des ateliers de discussion au sein de son parti autour de la question de l'arrivée massive de réfugiés en 2015, AKK a libéré la parole et démontré aux chrétiens-démocrates critiques que la direction du parti les entend. Elle ne laisse planer aucun doute : avec elle, la politique migratoire sera moins souple. Dans une interview à la télévision, AKK va jusqu'à dire que, en dernière instance, elle envisagerait la fermeture des frontières de l'Allemagne. Une option qu'Angela Merkel a toujours catégoriquement écartée quand elle était à la tête de la CDU.
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Moins libérale qu'Angela Merkel, cette catholique pratiquante originaire de la Sarre a aussi voulu prendre les devants et montrer que, sur les grands dossiers politiques, elle ne se contente pas d'un rôle de potiche. C'est elle, et non la chancelière, qui a répondu très fermement aux "propositions" publiées par Emmanuel Macron dans le journal allemand de gauche 'Die Welt' (ndmg - non mais de quoi il se mêle, le sale gamin en culottes courtes ? Imaginez l'inverse : AKK qui publierait ses conseils aux Français dans 'Le Monde' : tollé à Paris ; indignation générale dans les médias français ; amalgames avec le temps de l'occupation allemande aux heures les plus sombre de l'histoire, etc.).
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Enfin, AKK est parvenue à éviter que les différents courants au sein de la CDU ne s'entredéchirent. Elle a rallié le conservateur Friedrich Merz et le ministre de la Santé Jens Spahn, tous les deux très critiques vis-à-vis d'Angela Merkel. Elle a évité ainsi une guerre de tranchées à l'intérieur de son parti. En peu de temps, AKK a grimpé au baromètre des personnalités politiques préférées des Allemands. Elle reste dans le peloton de tête. Une popularité étonnante pour une chef de parti sans fonction au sein du gouvernement. Quant à savoir si AKK aura les épaules assez solides pour gouverner un pays de 80 millions d'habitants, il lui reste le temps de faire ses preuves. À condition que les élections aient lieu, comme prévu, en 2021, ajoute Pascale Hugues (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Adaptation de Michel Garroté pour LesObservateurs.ch, 28.3.2018
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L’illustration m’invite à la supposition d’un dialogue inédit:” tu ne peux par me faire ça alors qu’on a couché ensemble à plusieurs reprises.”.
Une petite correction: “Die Welt” est plutôt de droite (libérale), c’est “Die Zeit” qui est de gauche.