De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. – Sur le pont d’un destroyer, le président Xi Jinping, sanglé dans un superbe uniforme en tissu camouflage, salua lentement le plus spectaculaire déploiement de forces aéronavales chinoises depuis l’installation du communisme à Pékin : 10 000 marins, 76 chasseurs-bombardiers, 48 navires de guerre. C’était au large de l’île de Hainan, en avril dernier. Un étalage de puissance qui ne cherche même plus à cacher d’inquiétantes ambitions : transformer le sud de la mer de Chine (en gros de Hong Kong, ancienne colonie britannique, jusqu’au delta du Mékong, extrémité méridionale du Vietnam) en un lac intérieur exclusivement réservé aux Fils du ciel et à leur flotte. Celle-ci pourrait ainsi y évoluer en tous sens, y prévoir des ports d’attache et des escales techniques sans avoir de compte à rendre ni à Washington, ni à Hanoï, ni à Manille. Et encore moins à la communauté internationale. Un lac intérieur ayant la forme d’un quadrilatère d’une étendue bien supérieure à celle de la Méditerranée. Une chasse gardée, une « baignoire » nationale : l’idée date de 2013 et correspond exactement à l’arrivée au pouvoir de l’« empereur » Xi.
Pourquoi une telle aventure ? Les raisons abondent. Accéder, par effraction, au statut quasi officiel de grande puissance en colonisant une fraction d’océan. Protéger la Chine continentale d’une attaque frontale en se dotant des moyens d’en interdire l’accès par le contrôle de détroits stratégiques (Luzon, Balabac et Malacca). Rendre plus opérationnels navires et avions en structurant une vaste logistique située à des milliers de kilomètres de leurs bases. Quintupler la superficie des eaux territoriales chinoises afin d’en exploiter les immenses ressources – poissons, minerais, pétrole, gaz. Transformer la défense des alliés traditionnels des Etats-Unis (Japon, Corée du Sud, Philippines, Indonésie) en un véritable casse-tête pour le Pentagone. Mettre fin à plus d’un siècle d’humiliations (de la défaite dans la première guerre de l’opium, en 1839, jusqu’à l’occupation japonaise de 1931 à 1945) et laisser le nationalisme percer sous le communisme. Six raisons d’agir au service de trois moyens d’action : une soixantaine de sous-marins dont cinq sont nucléaires ; les missiles Dong Feng-21D, redoutables dans un rayon de 1 500 kilomètres ; enfin, les îles.
Les îles : trait de génie du cérébralisme céleste ; alchimie des « mandarinades » de la Cité interdite. Sur cette poussière terrestre, on retrouve, de l’ex-empire du Milieu, le cynisme tactique, les contorsions diplomatiques et l’âpreté mercantile. Le périmètre convoité par Pékin se trouve, avec les Spratly au sud et les Paracels au nord, semé d’archipels, de promontoires, d’îlots, de récifs, de bancs de corail, d’excroissances granitiques, de plages à demi immergées – bref, des milliers d’endroits où la terre, quand elle demeure invisible, n’est jamais très loin dans les profondeurs de la mer. Cette particularité a permis à la Chine de manifester sa présence de deux façons : soit en s’installant sur 700 hectares d’îles bien réelles dont elle revendique la possession en toute illégalité ; soit en construisant de toutes pièces sur la roche sous-marine des îles qui n’existaient pas. Dans les deux cas, les résultats sont identiques : le sable ou le béton, le naturel ou l’artificiel se trouvent de la même manière militarisés. C’est ainsi que l’« empereur » Xi dispose maintenant dans son « lac » intérieur de pistes pour ses avions, de pontons pour ses navires, de bastions pour ses missiles.
Deuxième marine du monde
Cette audace alarme les Etats-Unis. George Bush ne s’y était que mollement intéressé. Barack Obama s’est vu obligé d’y consacrer plus d’énergie. Mais c’est Donald Trump qui semble devoir gérer la pleine étendue du défi chinois. Un défi qui se complique de deux façons. D’abord parce qu’il est doublé d’une guerre commerciale ; ensuite parce qu’il s’insère dans des perspectives redoutables. Les planificateurs estiment en effet qu’en 2020 la marine chinoise dépassera celle de la Russie pour devenir la deuxième du monde après celle des Etats-Unis. Bond prodigieux : Mao laissa à ses héritiers quelques frégates sans âge cédées par l’URSS. Il a suffi d’une seule génération pour que Xi possède un outil sophistiqué. A Trump, maintenant, de le dissuader de s’en servir. Comme au temps de la guerre froide entre Washington et Moscou, lorsque les deux ennemis potentiels s’ingéniaient à faire comprendre à l’autre que le moindre faux pas lui serait fatal. Trump obéit à une stratégie à deux volets. Il contient les poussées annexionnistes chinoises en renouvelant, auprès de ses alliés dans la région, les promesses de protection qui datent du président Truman. Et en même temps, il fait comprendre à Xi qu’il serait dangereux pour lui de dépasser un certain niveau d’aventurisme dans une zone où les Etats-Unis ont leur mot à dire. C’est ainsi que le pugnace Trump envoie ses superforteresses volantes aux limites extrêmes de l’espace aérien chinois. Et qu’il vient d’expédier deux destroyers lance-missiles dans le couloir séparant la Chine de Taïwan. Deux messages forts pour un fragile statu quo.
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Extrait de: Source et auteur
TRUMP = PIB DE 4,1 %
Gros malaise chez les gauchistes, le programme économique de Trump est une immense réussite .Les chaînes françaises boycottent l’info ! Et ça fait pas la Une du site du Figaro (journal “de droite”) , seulement un lien en bas de page vers la section Economie
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28/07/2018 Donald Trump triomphe avec une croissance trimestrielle du PIB de 4,1 %
https://www.lemonde.fr/international/article/2018/07/27/donald-trump-triomphe-avec-une-croissance-trimestrielle-du-pib-de-4-1_5336859_3210.html