De notre correspondant en Amérique latine. – Les derniers chiffres pour les homicides au Mexique viennent de tomber et ils sont horrifiants, avec environ une centaine d’assassinats par jour, principalement liés à la guerre entre les cartels de drogue. Le nombre de tués a augmenté de 16 % durant les six premiers mois de l’année 2018 par rapport à la même période de l’année précédente. Avec déjà 15 973 tués, l’année 2018 promet d’être une année record, dépassant même 2011, celle de « la guerre contre la drogue ». A ce nombre doit s’ajouter celui des nombreux « disparus sans laisser de trace » ; il faut également savoir que lorsque les corps d’une exécution de masse sont découverts, ils sont comptabilisés comme une seule mort. Le taux d’homicides atteint ainsi 22 pour 100 000 habitants pour tout le pays, proche des 27 pour 100 000 du Brésil et de la Colombie.
Quelques exemples : le nombre de crimes a augmenté de 44 % en un an dans la ville frontière de Tijuana ; celui de l’Etat de Guanajuato vient de croître de 122 % ; celui de l’Etat de Colima sur la côte Pacifique, aujourd’hui le plus dangereux du pays, vient d’atteindre le taux de 80 tués pour 100 000 habitants ; l’Etat de la côte caribéenne de Quintana Roo, célèbre pour ses centres touristiques de Cancun et Tulum, connaît une augmentation de 132 % pour le nombre des tués. En revanche, deux Etats particulièrement violents échappent à cette escalade, celui de Guerrero où abondent les plantations d’opiacés – ceci serait dû au remplacement de la pâte d’opium par le fentanyl synthétique –, et celui de Baja California Sur, connu pour avoir développé la coutume de pendre les corps des exécutés aux ponts qui surplombent les autoroutes, qui a même vu une baisse du nombre des homicides, très certainement due au déploiement exceptionnel de forces de police et de militaires. Dans la moitié des Etats du pays et dans la capitale, le nombre de tués a peu augmenté.
Présidence très fleur bleue
Comme nous l’avions indiqué dans nos articles précédents (Présent des 4 et 21 juillet), le président élu AMLO a décidé d’une nouvelle approche pour combattre la criminalité organisée reposant sur deux principes, la branche d’olivier tendue aux criminels et trafiquants, et la prospérité pour décourager les pauvres de se joindre à leurs armées. Dans ce cadre, le président AMLO vient d’envoyer une lettre de sept pages au président Trump, une lettre désarmante de naïveté détaillant son programme pour que cessent la violence et l’émigration vers le voisin du nord, une lettre qui malheureusement donne le ton d’une future présidence très fleur bleue.
Pendant que le nouveau président s’évertue à composer des contes de fées, la dure réalité continue à broyer les vies. Un onzième journaliste vient d’être abattu depuis le début de l’année, cette fois à Playa del Carmen, un lieu touristique de l’Etat de Quintana Roo ; il était spécialisé dans les enquêtes sur les policiers corrompus. Et deux responsables politiques récemment élus du parti Morena du président AMLO ont été exécutés le 20 juillet en pleine rue et en plein jour dans les Etats de Michoacán et de Jalisco, deux Etats tenus par les cartels de la drogue, histoire de bien montrer qui est le patron.
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