Une «passoire» : c'est ainsi que le syndicat policier Alliance qualifie le centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes. Dans la nuit du 20 au 21 janvier dernier, huit retenus administratifs sont encore parvenus à s'évader du CRA. «Le problème de l'unité modulaire, c'est qu'elle donne quasiment dans la rue. Il suffit de casser une porte et de sauter une grille de 2,5 mètres pour se retrouver dehors», résume un fonctionnaire de police interrogé par Le Parisien daté du 22 janvier 2018.
Le CRA de Vincennes cumule en effet les dysfonctionnements et les incidents : incendies, évasions continuelles, mutineries d'individus en retenue administrative et sous-effectif de policiers. En octobre 2017, une cinquantaine de fonctionnaires sur les 80 que compte le CRA s'étaient mis en arrêt maladie pour protester contre leurs conditions de travail. «Faute d’effectifs, on est déjà incapables de s’occuper convenablement des 160 à 170 personnes qui sont là en permanence», confiait alors l'un des fonctionnaires au Parisien.
Sous-effectif chronique
Depuis, le bilan est accablant : une unité du CRA de Vincennes hébergeant 57 étrangers en situation irrégulière est partie en fumée dans la nuit du 4 au 5 décembre dernier, tandis que les retenus déclenchaient une douzaine d'incendies volontaires afin de s'évader. D'après Le Parisien, seulement six policiers étaient présents pour mater la rébellion face à des retenus très organisés. Ces derniers avaient notamment pris soin de masquer les objectifs des caméras de surveillance avec du papier toilette et de retirer leurs effets personnels des coffres avant de lancer l'opération. Dans la nuit du 31 décembre 2017, ce sont quelque 17 individus en retenue administrative qui sont parvenus à prendre la clé des champs.
Bien qu'ayant déjà connaissance des graves dysfonctionnements – un incendie volontaire avait fait un mort dans ce même CRA en 2008 – la Préfecture de police n'a pu que confirmer les évasions. «Des instructions ont été données aux effectifs de police sur place de renforcer la sécurité et la surveillance des bâtiments», a-t-elle déclaré, renvoyant ainsi la balle dans le camp des policiers... en sous-effectif.
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