Illumination : le Conseil Fédéral comprend que l’UE n’est pas une amie.

C'est un peu Noël avant Noël: le Conseil Fédéral découvre que l'UE n'a que faire de la petite Helvétie et ne vise rien d'autre que la destruction de sa place financière. Et pour finir sur ces bonnes nouvelles, le Conseil Fédéral se découvre une épine dorsale.

leuthard_juncker_bisou.jpgTout avait pourtant bien commencé. Lorsque Jean-Claude Juncker était venu à Berne le 23 novembre, on avait mis les petits plats dans les grands. La Présidente de la Confédération Doris Leuthard avait débordé d'enthousiasme et embrassé tout sourire un Jean-Claude Juncker pour une fois à jeun, qui prétendait qu'il serait venu "même sans le milliard de cohésion". Figure rhétorique à n'en pas douter - personne n'eut l'audace de le prendre au mot à Berne. Le gouvernement annonça sans hésitation le versement d'un milliard (en réalité 1,3 milliards, mais ne chipotons pas, il ne s'agit après tout que de l'argent du contribuable) pour la "cohésion" entre les membres d'un club dont le gouvernement rêvait de faire partie depuis toujours.

L'affaire se gâta pourtant le 5 décembre. Pas du côté suisse, bien entendu, où hormis pour l'UDC le versement du tribut était chose acquise, mais du côté européen, avec la publication de la nouvelle liste des paradis fiscaux par l'Union. La Suisse s'y retrouva en charmante compagnie avec 39 autres États, "mis sous surveillance" jusqu'à ce qu'ils montrent patte blanche. Pour une Présidente de la Confédération qui avait tant œuvré à démanteler le secret bancaire pour plaire à Bruxelles, la potion était amère ; Johann Schneider-Ammann sortit même de son mutisme pour faire part de son "irritation".

Le coup de boutoir suivant vint cette semaine, le 21 décembre. L'UE accepta de reconnaître une équivalence de la Bourse suisse, mais pour une durée limitée à un an. La reconnaissance entre bourses est une affaire d'ordre technique qui ne devrait pas poser le moindre problème ; d'autres pays remplissant les mêmes critères, comme les États-Unis, ont obtenu au même moment une équivalence illimitée. Il s'agit donc d'une punition politique. L'UE ne s'en cache même pas. La limitation est "le résultat d'un manque de progrès substantiels sur l'accord-cadre institutionnel", expliqua mercredi le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis.

L'accord-cadre institutionnel? Ce serpent de mer - concocté par le génial Didier Burkhalter - empoisonne depuis quatre ans le dossier des relations entre la Suisse et l'UE. Il consiste, malgré quelques réticences de pure forme, à forcer la Suisse à reprendre automatiquement le droit européen, maintenant et pour toute évolution future. L'UE considère la Suisse comme quantité négligeable et ne veut lui accorder le plein accès à son vaste marché intérieur que si celle-ci ne la dérange pas ; et les Bilatérales I, II et Dieu sait combien commencent à bien faire.

Ce traité, qualifié de "colonial" par l'UDC, revient à chasser la démocratie directe de tous les sujets couverts par la tentaculaire législation européenne. Sur ceux-là, le peuple n'aurait plus rien à dire. Mais mettons-nous un instant dans les chaussures de Bruxelles: entre la libre-circulation adorée comme le Veau d'or par la classe politique suisse et les sacro-saints Accords bilatéraux, la soumission de la Suisse à l'UE semble déjà si profondément enracinée dans le paysage qu'une petite soumission totale devait se tenter. Après tout, tant qu'on gagne, on rejoue!

M. Juncker et les apparatchiks bruxellois ont une faiblesse: ne s'y rendant pas assez souvent, ils voient la Suisse de loin. Le gouvernement local, lui, sait qu'il n'a en l'état actuel quasiment aucune chance de faire passer pareil accord devant le peuple. Au pied du mur, le Conseil Fédéral est donc coincé. Il ne lui reste plus qu'à aboyer. Un peu.

Les jappements de protestation ont donc eu lieu lors d'une étonnante conférence de presse donnée à 13h ce jeudi - un message qualifié "d'anormalement clair" par un diplomate, c'est dire si on rentre en terrain inconnu. Morceaux choisis de la déclaration de la Présidente:

"La Suisse remplit toutes les conditions techniques [pour l'équivalence boursière]. Nous considérons dès lors qu'une reconnaissance limitée est une discrimination évidente de la Suisse."

"[L'UE] procède de la sorte pour affaiblir la place financière suisse."

"La décision de l’UE grève les relations bilatérales sur les dossiers importants. Le Conseil fédéral n’exclut pas de revoir le projet à mettre en consultation."

Le projet en question est bien sûr le nouveau milliard (1,3 milliards, toujours ces arrondis...) du "fonds de cohésion" européen. Le CF envisage également la suppression du droit du timbre, une mesure de "compétitivité" dont on regrette qu'elle ne soit envisagée que dans le contexte de cette dispute tant elle aurait dû être adoptée depuis longtemps.

Mais voilà, les désaccords éclatent au grand jour. Lorgnant sans cesse vers l'Europe sans parvenir à surmonter les réticences de son peuple revêche, le Conseil Fédéral a fini par lasser Bruxelles, qui hausse le ton. Et aujourd'hui il se prend les pieds dans le tapis en essayant avec ses modestes moyens de faire peur au mastodonte européen, mais sans fâcher outre mesure non plus.

Si vous vouliez vous faire entendre de Bruxelles, Mme Leuthard, vous auriez dû mettre dans la balance la fin des Bilatérales I et II, soit la libre-circulation, la suppression de tout trafic routier international en camion à travers la Suisse, et d'autres joyeusetés acceptées sans trop réfléchir par le peuple dans des temps plus insouciants. Là vous auriez eu quelques arguments à faire valoir.

On imagine avec quelle vitesse la Suisse s'aplatira à nouveau si par hasard Bruxelles concédait à accorder une équivalence boursière illimitée. Mais il est aussi possible qu'elle prenne Berne au mot. Depuis le Brexit, la bureaucratie européenne est devenue tendue et irritable ; l'affaire pourrait s'escalader, quoique même dans ce cas les diplomates européens aient d'autres chats à fouetter. La Suisse réussira-t-elle le tour de force d'être encore moins bien traitée que le Royaume-Uni après son divorce?

Il n'existe pas d'amitié entre les nations, seulement une communauté de valeurs entre les peuples ; et pour le reste, seulement des convergences d'intérêt. Dommage qu'il ait fallu 25 ans d'adhésion rampante à l'Union Européenne pour que le Conseil Fédéral finisse par le comprendre.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 23 décembre 2017

25 commentaires

  1. Posté par Lucie le

    Si par malheur la Suisse acceptait le controle de la Bourse suisse par Bruxelles, elle peut s’attendre a une grave crise financiere et a terme d’une crise economique majeure, ainsi la boucle sera bouclee…

  2. Posté par Lucie le

    27.12.2017 – Excellent article du Le Temps, et “Comme la Suisse n’est pas membre UE, suffit qu’elle dise NON!” Cette petite phrase entre guillemets a ete censuree dans la page Facebook de STOP-UE, ndlr…

    https://www.letemps.ch/suisse/2017/12/27/bourse-suisse-decision-europeenne-viole-regles-lomc?utm_source=facebook&utm_medium=share&utm_campaign=article

    Un expert britannique vole au secours de la Suisse dans le dossier de l’équivalence boursière accordée de manière limitée par l’Union européenne (UE) à la bourse helvétique. Et pas n’importe quel expert: professeur à l’Université de Cambridge, où il enseigne le droit international, le droit européen et le droit de l’OMC, Lorand Bartels a conseillé des gouvernements, des ONG et des acteurs du secteur privé parallèlement à ses activités académiques. Il a aussi écrit un certain nombre de rapports pour le Parlement européen.

  3. Posté par OFF le

    Pour symboliser la dinde de Noël, n’y a-t-il pas un dessinateur mal pensant, qui peut nous présenter les têtes coupées des Sommaruga et Leuthard, sur un plateau d’argent avec des coquards, une êtiquette de boucher plantée dans la tête “dindes aux marrons” et une pile de cailloux avec la mention : trahisons, mensonges, immigration, faux-réfugiés, taxes, impôts, vignette autoroute, invasion musulmane, téléphonie-roaming, €urope, milliards-cohésion, Swisscom pannes, CFF plein et en retard, AVS radins NO-BILLAG etc.

  4. Posté par Antoine le

    Référence journal 24H du 25.12.2017
    Je cite :”Désormais, il s’agit de savoir où l’on va. «Une votation de principe pourrait être utile», estime l’Argovienne.”
    C’est vraiment une tête SANS cervelle qui est capable d’une telle ineptie !
    Petit rappel pour cette tête de linotte !
    – Le peuple souverain suisse à voté le 6 décembre 1992 CONTRE l’adhésion à l’UE.
    – M. Burkahlter (PLR), qui vient démissionner à la surprise générale (peut-être commençait-il à sentir le roussi ??….), a proposé l’accord-cadre à la place de l’adhésion à l’UE … ce qui revient presque au même. De toute façon il faut modifier la Constitution suisse, donc il faut l’accord du Peuple.
    Gouverner, c’est prévoir !!

  5. Posté par OFF le

    Le Conseil fédéral ne comprend rien du tout ! Il est sous influence à cause de l’espionnage à haute dose depuis au moins 50 ans. Résultat, les partis politiques présentent des imbéciles cultivé depuis le berceau par des puissances étrangères. Des médiocres qui sont de véritables girouettes, preuve de leur mise sous influence et des chantages qui en découlent. La bi-nationalité et la trahison sont des maladies dégénératives, la preuve qu’il faut les mettre hors d’état de nuire le plus rapidement possible. Ils ont la santé fragile comme celui-ci qui a trouvé un truc pour échapper aux châtiments: http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/12/25/l-ancien-dirigeant-peruvien-alberto-fujimori-gracie-par-le-president-kuczynski_5234224_3222.html https://www.24heures.ch/monde/grce-humanitaire-alberto-fujimori/story/13399537 Et il est encore blanchi par Kuczynski. Encore un président migrant qui a bien conscience de ses propres trahisons. à l’égard du Pérou. Et la gauche qui aboie toujours pour ces pays? Motus et bouche cousue!

  6. Posté par Julie Rochat le

    Doris croyait jouer à la bague d’or avec le Juncker, contre un doux baiser vous l’aurez votre milliard (et des poussières) ! En remerciement, paf! l’UE met la Suisse en liste grise…. Bravo, vraiment bravo Doris, toutes nos félicitations !! Mais je ne suis pas persuadée qu’elle ait compris la leçon. Pathétique, consternant….

  7. Posté par Anne Marie Kroczynski le

    Mes belles annèes à Genéve !!!! Quel beau souvenir!!!!!
    Pas question de revenir!!!!
    C’est vraiment la pagaille , pauvre pays… avec ses nains de Berne .!!! et les deux Sommaruga et Leothard.. Le nouveau President ne vaux pas grand-chose.
    baci et Joyeux Noel.

  8. Posté par Romolo Tusino le

    Une nouvelle année va commencer !!!!
    Nouveau PRESIDENT .!!!!!!
    Quelle belle merde … PDIOTI:!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!-

  9. Posté par omolo Tusino le

    La Chère Leuthard et copine Sommaruga c’est bien joli de se flatter avec i bacini , mais en politique helas ça ne suffit pas.
    Le desastre des deux petasses ça suffit !!!!!! punto .!!!!!!!

  10. Posté par Dominique Schwander le

    Le citoyen suisse est en train de payer fort cher d’avoir élu les élus médiocres plutôt que les meilleurs. Quand on ne nomme pas le meilleur à la tête d’une entreprise, elle a de moins en moins de bénéfices à investir, puis fait faillite… et d’autres recommencent. Quand on nomme les moins bon candidats comme médecins-chefs et comme administrateur d’un hôpital publique, les patients sont de plus en plus mal soignés et leurs soins coûtent de plus en plus cher…
    Au train où on va, sans nos entrepreneurs innovants et les meilleurs, la Suisse aurait disparue.

  11. Posté par Antoine le

    C’est le moment, ça fait des années qu’on se la fait mettre par l’arrière!

  12. Posté par bigjames le

    C’est à quelle heure les voeux de notre Président , qu’on se marre un bon coup !

  13. Posté par Peter K le

    Leurs simagrées sont du pipo pour amortir le choc, bidon de bidon, comme d’ab, depuis l’affaire des fonds en desherence, le cf et les banksters ont accepter de payer les maitres chanteurs, avec nos deniers bien sur…, aucune once de revolte, rien, nada, des mauviettes, deja soumis pour le califat, par ici la vaseline!

  14. Posté par JeanDa le

    Et en plus on se permet de mettre sa neutralité sous la burqa pour dire à l’ONU “merde aux Etats-Unis et à Israël” à propos d’un déplacement d’ambassade ! Le fonctionnaire fédéral qui a commis ce vote doit être viré immédiatement.
    Un temps, la Suisse offrait ses bons offices aux américains et aux israéliens pour être en quelque sorte leurs avocats dans certains conflits. Cela m’étonnerait beaucoup qu’il nous le redemandent, alors que c’est avec eux – entre autres – que nous pourrions tisser des liens nous permettant de nous affranchir totalement de l’ue !
    Il ne nous reste plus qu’à nous brouiller avec l’Angleterre, l’Inde et la Chine … ils vont certainement trouver un moyen ….

  15. Posté par Loulou le

    Jappements de petits roquets castrés à mémés. Il est temps d’engager des pitbulls et des bergers allemands pour défendre notre démocratie. On en trouve au PS, à l’UDC, au PLR. Le PDC est à dégager, par essence le parti des mous et des girouettes. Ils trahissent déjà leur compagnes, alors pensez donc leur niveau de fidélité au pays et au peuple.
    Nous n’avons jamais pensé à une chose: la relance active de l’AELE, créer une alternative démocratique à la fasciste UE et à sa commission non élue. Il y aurait de quoi faire…Comme inviter Theresa May à un dîner pour en discuter…

  16. Posté par rikiki le

    Ici aussi on se fait rouler dans la farine. Le pire, par des élus dont la naïveté et l’incompétence dépassent tout entendement.

  17. Posté par Sancenay le

    N’est pas Orban qui veut ! cela schlingue l’écran de fumée pour pactiser en coulisse avec les tordus de Bruxelles dont les conceptions sont absolument totalitaires. Amis Suisses, votre combat est le nôtre contre cette UE nihilo-mondialiste.

  18. Posté par Célestine le

    Avec un Blocher, un Freysinger, un Perrin, un Köppel aussi, mais les Suisses préfèrent cracher sur le bon sens et élire des idéologues incompétents.

  19. Posté par Derek Doppler le

    Faut les comprendre à Berne, passer son temps à sucer les c…….s de l’UE, lécher le cul de l’OTAN, faire le service après vente du bloc BAO et entuber sa propre populace, c’est fatigant. Oui, c’est dit vulgairement, mais c’est destiné à des gens méprisables, donc pourquoi pas?

  20. Posté par Nicolas le

    Ils ont les boules mais n’auront pas de cadeaux à Noël. Ces nains sont définitivement grotesques. En particulier la pub Pepsodent qui a embrassé l’haleine chargée de la gargouille. Elle espérait une fin de présidence glorieuse, elle va ruminer les vapeurs d’alcool.

  21. Posté par Jacques le

    @ Le Taz Mais vous êtes donc gaulliste sans le savoir ! C’était la vision du Général, de l’Atlantique à l’Oural. Contrairement à cette bande de trouillards qui s’appelle Conseil fédéral. Eux, ils comprennent vite quand on leur explique longtemps…

  22. Posté par G. Guichard le

    S’il vous la jouent comme ça, c’est qu’ils ne doivent plus planquer leur pognon chez vous! LOL

  23. Posté par conrad.hausmann le

    Et dire qu’ils n’ont rien vu venir ! Comment les partis politiques osent-ils encore nous faire l’article sur les compétences des Coneillers fédéraux? Avec un Blocher cela aurait pris une autre tournure.

  24. Posté par Antoine le

    Je cite : ”L’accord-cadre institutionnel? Ce serpent de mer – concocté par le génial Didier Burkhalter”. On comprend mieux sa démission …
    Référence : https://www.rts.ch/info/suisse/8704505-les-parlementaires-pris-de-court-par-la-demission-de-didier-burkhalter.html
    Je cite : ”à forcer la Suisse à reprendre automatiquement le droit européen”. Le droit suisse doit être appliqué en Suisse. Le droit européen pour les pays de l’UE.
    Ce point n’est PAS négociable !
    On ne veut PAS de juges étranger !
    Faudra-t-il ”monter” à Berne avec les faux et le fourches …

  25. Posté par Le Taz le

    Eh bien il en aura fallu du temps!!! Et ont-ils vraiment compris à qui ils ont à faire???

    Il faut détruire l’UE de Bruxelles et construire une Europe confédérale de pays indépendants, une Europe dans laquelle les pays contrôlent réellement leur banque centrale et leur production monétaire!

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