L’émission de la SRF Rundschau a révélé l’identité de Janus, l’auteur anonyme de l’excellent Canines, le livre sur l’affaire du petit Luca Mongelli qui fit scandale en Suisse à sa sortie en 2010.
A lire absolument si ce n'est pas encore fait, Canines, avec un talent rare et sous la forme d'un polar, exposait tous les doutes légitimes que l'on pouvait avoir sur l'affaire Luca et qui n'avaient pas même effleuré les juges valaisans en charge de l'instruction.
Une couverture inquiétante, un auteur inconnu et une préface qui insistait sur la valeur de l'anonymat en certaines circonstances. Et pour cause, la critique portait si fort et si juste, que la justice valaisanne peine toujours à s'en relever. Il importait de veiller à divertir la vengeance du système.
Aujourd'hui, la télévision suisse alémanique vend la mèche, la plume est celle du Conseiller d'Etat nouvellement élu, Oskar Freysinger.
"Je ne peux pas supporter l'injustice de ce qui s'est passé ici. Plus je lis le dossier, plus je me dis que cela ne peut être possible. L'enfant a toujours dit, depuis le début, ce qui lui était arrivé. J'ai rencontré Luca, il a toujours été clair dans son esprit et n'a jamais parlé du chien!"
a déclaré l'élu valaisan à l'émission Rundschau.
Canines est avant tout un essai sur les manquements institutionnalisés des autorités valaisannes, l'histoire de l'un de ces "apparatchik" à la mode d'autrefois qui fausse intentionnellement son travail d'enquêteur.
"Une première erreur, puis une deuxième, puis une troisième, etc. Beaucoup de gens ont quelque chose à se reprocher. Et, pour se protéger et se couvrir, ils s'emploient à effacer la faute de l'autre. Ainsi, une main couvre ou blanchit les autres et, finalement, la vérité ne peut plus jamais sortir."
Une assez bonne définition de ce qui passe en Valais depuis... un certain temps.
Brilliant Freysinger !
1. Il démolit l’image du Valais et de sa justice en coulisse au travers de cette affaire
2. Il affirme à la télé (zone d’ombre) que l’image de la justice de son canton n’est pas très bonne àBerne suite à cette affaire et qu’il se chargerait volontiers de la redresser si il était à la tête de ce département.
Avait-il peur de ne pas avoir assez de travail qu’il fallait s’en préparer soi-même ?
Le combat pour la vérité est légitime et cet ouvrage courageux a certainement contribué à dynamiser l’enquête. Mais je pense que c’est un pur fantasme de croire que la famille de Luca, victime d’un complot immense, se battrait seule pour cette vérité… Non. Les enquêteurs, les procureurs, juges, et autres experts, travaillent certainement tous à établir cette même vérité, et doivent regretter autant que la famille les errements du début de l’enquête.
Il ne faut pas confondre le monde de cette fiction, qui a besoin de méchants et de gentils pour exister, avec le monde réel.
Manquement ou pas, le problème principal demeure : sans indice scientifique crédible, l’enquête ne désignera jamais un coupable qui n’était pas présent… Espérons que les efforts en cours apportent des réponses plus précises.
Il y a près de trois ans je rendais compte de ce livre sur mon blog:
http://www.francisrichard.net/article-canines-de-janus-56369585.html
Je ne suis pas autrement surpris que Janus soit Oskar, qui, n’en déplaise à ses détracteurs, est un véritable écrivain, au service, en l’occurrence, d’une juste cause.