Le Front National n'a pas vraiment changé sur un point en particulier : il croit pouvoir gagner seul. C'est un peu son code génétique, sa marque de fabrique, son mode opératoire. C'est à croire que le FN, d'un côté, raconte qu'il va gagner ; et d'un autre côté, fait tout pour perdre. On aurait presque envie de demander à Marine : "T'as peur de te retrouver à l'Elysée" ? Du reste, c'est exactement ce qu'a fait -- et fait encore -- son père, Jean-Marie, un brin sénile et surtout très pathétique. Tel père, telle fille ? La seule qui semble ne pas penser comme une Le Pen, c'est Marion. Oui, je les appelle par leurs prénoms, parce qu'ils sont un peu un feuilleton français, un "Plus belle la vie" de droite (celui de gauche, sur France 3, est nul à chier, soi dit en passant). C'est la famille Menhir, les Gaulois à idée fixe, une bagarre à coups de poissons puis un gros gueuleton.
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Bertrand Dutheil de La Rochère, Membre fondateur et trésorier du Rassemblement Bleu Marine (RBM), Conseiller régional d’Île-de-France, estime, avec naïveté : "Avec Marine Le Pen, le Rassemblement Bleu Marine défend fermement le principe de laïcité qui, avec la neutralité de l’École, est au fondement de la nation française. L’islam de France doit s’organiser par lui-même, sans aucune intervention publique française ou étrangère. L’État doit se contenter d’y veiller, tout en protégeant cet islam gallican de toute dérive afin que soit assurée l’exclusivité des lois de la République dans l’espace public. Ensuite, chacun peut se conformer dans sa sphère privée à la loi religieuse qui lui convient, tout en respectant la liberté de son voisin, même si celui-ci veut changer de religion ou ne plus en avoir", estime, candide, Bertrand Dutheil de La Rochère.
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Selon Robert Ménard, qui organise fin mai ses "rendez-vous de Béziers", un rendez-vous dont sortira un programme de salut public, "il faut faire un Podemos de droite, avec une autre façon de faire de la politique". Pour Paul-Marie Coûteaux : "la finalité ultime de Béziers est de trouver un candidat pour la présidentielle. Il faut que quelqu'un se jette à l'eau". Car nombre d'entre eux (Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan, Robert Ménard, Eric Zemmour, Patrick Buisson, etc. ) n'envisagent plus une victoire FN en 2017, après le tonitruant 1er tour aux régionales et l'échec au second. Le parti est trop mou sur les valeurs, trop étatiste en économie, pas "enthousiasmant" à droite, jugent-ils.
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Les bâtons mis dans les roues de son petit allié le Siel, montrent que le FN se referme, nonobstant les appels de Marion Maréchal-Le Pen à l'ouverture à Philippe de Villiers, Thierry Mariani, Eric Ciotti, Nicolas Dupont-Aignan ou Henri Guaino. Pour le maire de Béziers, "faire évoluer le FN de l'intérieur me semble, après le séminaire, mission impossible. 6h30 de débat avec une direction qui ne veut rien entendre ou seulement s'entendre elle-même". Le sénateur-maire FN de Fréjus, David Rachline, estime en revanche : "Il y a des gens qui pensent qu'il y a une potion magique pour gagner. Il faut continuer à expliquer notre programme, il y a des craintes à lever. Mais nos résultats démontrent que notre stratégie est valable". Pour un autre : "la direction du FN est en train d'intégrer que c'est le coup d'après 2017 qu'il faut jouer : elle s'est pris un coup de bambou avec les régionales. Toute la recomposition aura lieu après. le FN se fout de nous, on doit créer un rapport de force à l'extérieur. Gagner tout seul, c'est invraisemblable".
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Dans le dernier numéro de Monde et vie, Karim Ouchikh, président du SIEL, développe son analyse sur le paysage politique de la droite (extraits ; voir les détails sur 'Le Salon Beige') : "Pourquoi selon vous la droite parlementaire continue à avoir un discours social-démocrate ? Pourquoi n’emboîte-t-elle pas le pas à ses électeurs ? Où est le blocage ? Depuis la Révolution française, la gauche exerce sur la droite parlementaire une fascination politique durable, qui ne s’est jamais démentie depuis les débuts de la Ve République. À la différence de Margaret Thatcher, à l’origine de la fameuse révolution conservatrice britannique, aucun dirigeant politique français d’envergure n’a osé véritablement rompre avec ce corset idéologique qui empêche la libre expression sur notre sol des idées authentiquement de droite".
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Karim Ouchikh : "À cette première explication s’ajoute le poids de la puissance publique qui, dans ses différentes composantes (État, collectivités locales…), nourrit des clientèles politiques captives (fonctionnaires, syndicats) qui sont autant de relais d’opinion influents qui pèsent considérablement dans le débat politique. Sur l’échiquier politique français, occupant un espace singulier entre LR et le FN, il existe pourtant une force politique d’une puissance inouïe, dont on ne mesure pas suffisamment le potentiel électoral".
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Karim Ouchikh : "J’ai coutume de désigner cette force sous le vocable de “bloc villiériste", une force qui ne se réduit pas à la seule personne du fondateur du Puy-du-Fou, mais que ce dernier incarne avec un immense talent : souverainiste au plan institutionnel, conservatrice sur les questions de société, oeuvrant pour l’épanouissement des libertés, notamment sur un registre économique, ce bloc politique pèse, selon moi, entre 8 et 15 % du corps électoral français et ne demande qu’à se structurer et se mobiliser, surtout au lendemain des formidables rassemblements de LMPT qui ont donné naissance à toute une génération de femmes et d’hommes désireux de s’engager activement dans l’action publique. La dynamique conservatrice qui s’étend partout en Europe (Grande-Bretagne, Suisse, Hongrie, Pologne…) a vocation, tôt ou tard, à s’enraciner également en France".
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Karim Ouchikh : "À l’occasion du séminaire de réflexion du FN des 5, 6 et 7 février, j’ai particulièrement insisté sur la nécessité pour Marine Le Pen d’incorporer à son discours politique les sujets de société qui préoccupent réellement nos compatriotes (notamment ceux qui votent traditionnellement à droite), au premier rang desquels les questions qui concernent notre socle anthropologique d’essence chrétienne (modèle familial classique, loi Taubira, GPA/PMA, fin de vie…)".
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Karim Ouchikh : "Dans une stratégie de second tour, qui nécessite pour le FN de disposer d’une réserve de voix qui lui manque trop souvent, Marine Le Pen doit fidéliser et ‘‘arrimer’’ à sa personne cet électorat conservateur qui fera la différence aux présidentielles. Cette dynamique électorale passera soit par une alliance, ouvertement assumée, avec les forces de la droite conservatrice, appelées elles-mêmes à se structurer, soit par une prise en compte, dans le programme présidentiel de la patronne du FN de propositions politiques authentiquement de droite. Je n’ai pas la prétention de modifier la ligne politique actuelle du FN, mais simplement de la pondérer d’un point de vue idéologique", conclut Karim Ouchikh (fin des extraits ; voir les détails sur 'Le Salon Beige').
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Michel Garroté, 24.3.2016
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C’est le monde à l’envers. Dans une lettre datant d’une vingtaine d’années (disponible sur le web), le B’nai Brith a mis en garde tout membre de la droite dite “classique” que toute approche avec le FN signifiait sa mort politique. Exemple : Charles Millon, ancien ministe de la défense, qui avait accepté des voix du FN lors d’une votation afin obtenir un poste, a été expulsé de son parti et a depuis disparu de la circulation.
Allons donc ! Certes, Dupont-Aignant a des cris de rosière taquinée par un satyre dès qu’on lui parle du FN. Soit. Mais il est très vrai qu’il existe une droite patriotique, celle précisément à laquelle pense Marion, et qui est représentée par Monsieur de Villiers, Robert Ménard et d’autres. Celle-ci est une force politique considérable, et il serait raisonnable que le FN infléchisse sa politique autistique pour faire place dans sa stratégie aux idées de cette droite dont les idées sont parfaitement connues. Sinon, Le Pen Marine prendra la responsabilité de faire, en 2017, soit élire Ali Juppé, soit réélire le mollusque élyséen. Horresco referens !
S’allier, oui, mais avec qui ? Avec l’UMP qui a trahi toutes ses promesses ?
Les petits partis souverainistes refusent de s’allier avec le FN, malgré qu’il leur tend la main.