Le gouvernement et le Grand Conseil ont signé avec les syndicalistes de la fonction publique, sur le dos des contribuables, un accord injuste qui maintient la quasi-totalité des privilèges, inconnus ailleurs en Suisse, des fonctionnaires. Ils ont conclu un marché de dupes qu’ils tentent de masquer en recourant à de grossières contrevérités et en faisant jouer les ressorts de la peur.
On le sait, les Genevois seront appelés aux urnes, suite au référendum lancé avec succès par l’extrême-gauche, sur le projet de loi destiné à renflouer et à fusionner les deux principales caisses de pension des fonctionnaires. J.-Fr. Mabut constatait hier sur le site de la TDG, que « le gouvernement genevois au grand complet a sonné le tocsin » pour sauver cette opération et lance avec un engagement et une vigueur rares la campagne qui précédera le vote populaire.
A l’évidence, cet engagement et cette vigueur exceptionnels du Conseil d’Etat ne trouvent pas leur origine dans la crainte que le peuple puisse ne se montre sensible aux arguments démagogiques et caricaturaux des milieux référendaires. En réalité ce que craignent nos autorités est que, profitant de la consultation et des débats qui la précéderont, une majorité de citoyens découvrent que le gouvernement et le Grand Conseil ont conclu avec les syndicalistes de la fonction publique, sur le dos des contribuables, un accord injuste qui maintien la quasi-totalité des privilèges des fonctionnaires, la primauté des prestations en particulier. Elles craignent qu’en conséquence le 3 mars prochain le peuple refuse le marché de dupes qu’elles tentent aujourd’hui de masquer en recourant à des contrevérités et en faisant jouer les ressorts de la peur.
Contrairement à ce qu’affirment les promoteurs du projet, il n’y a pas de partage de sacrifices.
Premier mensonge : les contribuables sont appelés, après avoir dû accepter au cours des dernières années de lourds sacrifices pour assainir leur propre caisse de retraite, à débourser 6,4 milliards. Or les 2,6 milliards dont on dit qu’ils représentent la « contribution des fonctionnaires au sauvetage de leurs caisses », ne sont en fait rien d’autre que de l’épargne, forcée certes, destinée uniquement à maintenir le niveau privilégié des prestations dont ils bénéficient. Une épargne qu’ils récupéreront intégralement lorsqu’ils entreront en retraite. Ce 1% de cotisation complémentaire (contre 2 à charge supplémentaire de l’Etat) ne fait que s’ajouter aux 8 % que les fonctionnaires épargnent déjà aujourd’hui. Il couvre simplement un peu mieux que jusqu’à présent leurs futures rentes de retraités.
Deuxième mensonge : les défenseurs du projet soulignent que les fonctionnaires vont devoir travailler un an de plus. La belle affaire ! Ils toucheront durant cette année-là un plein salaire, payé par l’Etat, plutôt qu’une rente d’un montant inférieur et n’en continueront pas moins à travailler moins longtemps que dans le secteur privé.
Faute d’arguments sérieux et honnêtes, le Conseil d’Etat et les députés actionnent les ressorts de la peur.
Troisième mensonge : en cas de rejet du projet le 3 mars prochain, disent-ils, Berne liquidera brutalement les deux anciennes caisses et la facture sera encore plus lourde pour les contribuables. C’est un argument grossièrement malhonnête puisque le Grand Conseil disposera au cours des dix mois suivants du temps requis pour modifier les deux ou trois articles qui méritent de l’être, même en cas de nouveau référendum. En effet, il s’agira simplement pour le législateur d’une part de faire passer l’âge de retraite de 64 à 65 ans pour tous les fonctionnaires, d’autre part d’augmenter pendant la période de l’assainissement la cotisation de ceux-ci de 1 % et de réduire d’autant celle de l’Etat. Voilà qui suffira, tout en maintenant inchangées les prestations de retraite prévues par le projet, à réduire la facture présentée au contribuable de 6,3 à environ 4 milliards.
Quatrième mensonge : en cas de rejet, nous dit-on, Moody’s et Standard & Poor’s risquent d’abaisser la note du canton, renchérissant ce faisant le crédit dont notre canton à tant besoin. C’est évidemment faux puisque les instituts de notation préfèreront la solution susmentionnée qui pèsera moins sur l’endettement cantonal.
Cinquième mensonge : s’agissant de l’avenir, les conseillers d’Etat et les députés qui font la promotion de « la moins pire des solutions » prétendent, reconnaissant implicitement la faiblesse de leur projet, que si le peuple l’approuve ils engageront immédiatement la lutte destinée à inscrire dans la loi non seulement la fin de la primauté des prestations mais encore une répartition moitié-moitié ( !) de la cotisation de prévoyance. Ce discours manque singulièrement de crédibilité. Les élus qui le tiennent sont en effet précisément ceux qui ont été incapables de tenir tête aux syndicats de la fonction publique et d’aboutir à un accord bien moins ambitieux mais simplement équitable pour les citoyens-contribuables.
Ce qui me stupéfie, c’est qu’on reproduit le le mariage forcé d’un couple dont la promise vient renflouer le promis comme d’une dot, permettant à l’Etat de se soustraire à ses obligations de subvention: Cours commerciaux, en déficit, et Cours industriels du soir florissants ont été forcés de s’épouser sous la bénédiction de Brunschwig-Graf; entre CEH, bien nantie et CIA calamiteusement dégradée, par une bande de syndicalistes de son directoire, sans la moindre notion de gestion; eux sont grassement rétribués: retraite de profs+indemnités de membre du directoire de la CIA, sans oublier, peut-être, les royalties d’un conseil ou d’une constituante! C’est beau la politique genevoise; me trompé-je ?