Ecopop et les quarantièmes rugissants

Pascal Décaillet
Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant

Je couvre la politique suisse depuis près de trente ans, et crois bien n’avoir jamais assisté, sauf peut-être pour le 9 février 2014, à un tel déchaînement contre une initiative. Pour démolir Ecopop, les quarantièmes rugissants : toute la classe politique, les partis au pouvoir à Berne, le patronat, les syndicats. Lesquels bénéficient de l’unanime et écrasante collaboration des grands groupes de presse : Tamedia, Ringier, la SSR. Quand on a contre soi un tel déferlement de tempêtes, la tentation pourrait être grande de baisser les bras. Faire le dos rond. Laisser passer l’orage. Abandonner le combat. En lieu et place de cela, les rares plumes ou voix ayant le courage de soutenir le texte, au premier plan desquels Philippe Roch, tiennent bon. Ils se comportent en combattants. Ils lutteront jusqu’au bout, donc encore dix-huit jours. Pour obtenir, le 30 novembre, le meilleur résultat possible.

 

Cette ténacité, contre tous, mérite l’admiration, et cela quoi qu’on pense d’Ecopop. Pourquoi ? Parce que notre démocratie directe, la puissance de la terre qu’elle va chercher dans les partisans minoritaires d’une initiative, c’est justement cela. C’est ce qu’il y a de plus beau au monde, et qui s’appelle un combat. Se battre, c’est être seul. C’est croire en des idées. Tenter de convaincre. On réussit ou non. Mais au moins, on aura essayé. Contre tous. Contre le maelström. Contre l’unanimité de ceux qui se partagent aujourd’hui le pouvoir. En cela, avec Ecopop, nous sommes au cœur même de ce que doit être une initiative : le défi d’un tout petit groupe de citoyennes et citoyens, au départ, lancé à l’ensemble du corps électoral suisse, plus de quatre millions de votants potentiels.

 

Oui, Ecopop est, au contraire de ce que les opposants nous rabâchent de façon mécanique et formatée, un exemple du cœur vivant de notre démocratie suisse. Il brasse des thèmes très chers à nos concitoyens : immigration et environnement. Il provoque. Il s’attire les foudres. Eh bien, qu’elles se déchaînent, c’est le jeu, ça fait partie du trajet initiatique, dans sa rudesse, sa dureté, pour parvenir, peut-être, à convaincre un jour une majorité. Gagner. Ou perdre. Mais se battre : rien, pour ma part, dans la vie n’est plus noble que se battre pour une cause qui nous semble aller dans le sens de l’intérêt commun.

 

Face à cela, le déchainement des puissances d’argent, des médias d’argent, des rédacteurs en chef aux âmes de valets, tout occupés à plaire aux directions générales de leurs groupes à Zurich, ou, pour la SSR, à ce cher M. de Weck, dont est notoire qu’il ne prend pas de parti ni ne fait de politique. Mais enfin, de qui se moque-t-on ?

 

Derniers missiles en date, ceux de l’Hebdo à paraître demain, qui, parlant d’Ecopop, n’hésite pas à titrer sur « le suicide de la Suisse ». Quand on voit cela, je veux dire une telle violence, une telle démesure, quoi qu’on pense d’Ecopop, on devrait être amené à réfléchir sur les unanimités suspectes, le pouvoir de l’argent sur la presse, les fausses indépendances, les vrais liens d’intérêt. Là se trouve le véritable enjeu sociologique de cette votation.

 

A partir de là, votez pour ou contre Ecopop. C’est à vous de juger. Dans tous les cas, vous êtes mes concitoyennes, mes concitoyens. Dans tous le cas, je vous respecte. Parce que notre démocratie, vivante et parfois furieuse, doit se jouer sur le débat d’idées. Et non sur le dénigrement des personnes. J’ignore ce que le peuple et les cantons voteront, mais il n’y aura en aucun cas un «suicide de la Suisse ». Pour la simple raison que nous aimons ce pays, Et que dans tous les choix citoyens du souverain, avec ces choix et au-delà de ces choix, nous voulons qu’il vive. Longtemps après nous.

 

Pascal Décaillet, Sur le vif, 12 novembre 2014

 

12 commentaires

  1. Posté par JPM le

    A la Tdg, il y a un certain Mabut qui si je ne m’abuse aime bien triturer et donc censurer les commentaires qui ne lui plaisent pas. On a la Pravda radicale et socialiste qu’on nous impose, et avec des oiseaux pareils on risque qu’elle nous soit imposée avec des taxes comme pour la SSR.

    A Simon post du 14 novembre 2014 à 07h26. j’ai donc retrouvé la référence et compris tout l’importance de votre message. En triturant une adresse il est facile d’éliminer une référence sûrement citée dans plusieurs commentaires.

    http://jseggly.blog.tdg.ch/archive/2014/10/30/ecopop-261259.html#comments

    A la lecture du dernier commentaire je comprends très bien la peur du censeur. La nécessité d’Ecopop est démystifiée pour mieux nous ouvrir les yeux sur les Madoff qui oeuvrent en politique et nous propulsent dans le chaos et la pauvreté.

  2. Posté par Danielle Borer le

    @Pedro : la SSR = la RTS (Radio télévision Suisse)

  3. Posté par Pedro le

    C’est quoi la SSR ?

  4. Posté par vaucher anita le

    Il y a un proverbe en allemand: “Viel Feind, viel Ehr” (beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneur) et dans ce sens je suis optimiste que Ecopop fera un très bon résultat. Le peuple suisse est moins dupe que veut bien croire le politiquement correctes

  5. Posté par Simon le

    La surpopulation conduit à la complexification des relations entre les individus que la dictature saura simplifier d’un coup de baguette magique. Et cette dictature pointe son nez avec la propagande gigantesque pour le Non à Ecopop dont le coût est indirectement sorti de notre poche, mais aussi très certainement de la caisse de Maman Europe… C’est le moment de couper le cordon! L’Europe compte sur la Suisse pour boucher ses trous. Elle n’est qu’une surcouche fiscale qui distribue des millions à certains partis au détriment des mouvements réellement démocratiques qui pourraient renverser la vapeur de ses inepties. Exemple: limiter à 1600 Watt les aspirateurs, ce qui va obliger les utilisateurs investir 25% de plus de temps pour un même nettoyage, sans aucun watt d’économisé. Avec de tels dingues nos libertés sont en périls. On n’a déjà les hauts fonctionnaires de Berne qui imposent les phares de jour parce qu’ils n’ont plus trouvé d’argument sécuritaire pour justifier leurs jobs. Encore une ânerie, proposée initialement par l’Europe, qui a semble-t-il abandonné ce projet. Mais pour soutenir Ecopop j’ai bien aimé un commentaire lu sur le blog d’un opposant. Je vous laisse deviner lequel ?
    http://jseggly.blog.tdg.ch/archive/2014/10/30/ecopop-261259.htm Vu qu’on ne peut plus commenter, on devine déjà l’avalanche qu’il a déclenché.

  6. Posté par bribrilanarchistededroite le

    Je dis OUI à ECOPOP

  7. Posté par Philippe Druey le

    Excellent article qui remet bien les choses à leur place et qui démontre que l’Hebdo est bien la lie de la presse écrite de Suisse romande. Personnellement, j’ai voté NON à Ecopop, et ce sera donc la première fois que j’aurai voté comme Christian Levrat et Cesla Amarelle : ça fait tout drôle ! Mais comme je n’ai probablement jamais voté comme Philippe Roch, cela ne m’empêchera pas de dormir…

  8. Posté par Böse Birgitt le

    Merci! C’est qd même dingue ces méthodes autoritaires à la parisienne! … et nos gosses qui ne vont même plus voter…

  9. Posté par KANDEL le

    JEANNE HERSCH : « Tout le monde le dit, alors c’est sûrement faux. Nous vivons une époque où d’énormes sottises, devenues clichés, intimident et impressionnent. »
    Kolly Gabriel le 12 novembre 2014 « des médias totalement à la solde du pouvoir de la finance et du politiquement correct. »
    Aude le 12 novembre 2014 « Que je meurs si je faiblis.. »
    Cette devise sied si bien à cette équipe d’Ecopop.
    VIVE LES ARNOLD VON WINKELRIED de ECOPOP, VIVE “1291”, Jean-Pascal Delamuraz (avec presque tous les médias) : « Non à l’EEE, un dimanche noir ! » (sic), NON au politiquement correct, NON aux moutons, NON aux lâches, les Waldstätten n’aiment pas être traités en laquais du politiquement correct, ils veulent être « chez eux » en Suisse, ils votent massivement OUI à ECOPOP !
    Geert Wilders : Il n’y a pas de bonheur sans liberté ni de liberté sans courage.

  10. Posté par Aude le

    “Que je meurs si je faiblis..”
    Devise du Chevalier Godefroy Amaury de Malefète, Comte de Montmirail dit le “Hardi” . L’an de grâce 1076.
    Cette devise sied si bien à cette équipe d’Ecopop.
    Ecoroch , faible comme un roc notre Philippe Roch, le terrien, le combattant..le vrai de vrai..sans compromis…Quelle force..quelle endurance…
    Oui..simplement une équipe qui, avec de si faibles moyens harponnent la haute finance..les bien-pensants…Un gouvernement en hibernation depuis belle lurette.
    Seul contre tous…Un pour tous….tous pour un…

  11. Posté par Kolly Gabriel le

    Décaillet est toujours aussi lucide, bon et courageux.
    Les citoyens de ce pays ne sont pas des ignorants et ne se laissent pas dicter des choix par des médias totalement à la solde du pouvoir de la finance et du politiquement correct.
    N’ayons pas peur de dire oui à Ecopop.

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