Vous êtes souvent invité à expliquer la politique du président américain dans les radios ou les télévisions. N’est-ce pas une gageure alors qu’en France Donald Trump n’a pas vraiment bonne presse ?
On le sait, les médias français vivent encore sous le charme de « l’Obamania » et affichent par réflexe un biais constant en faveur des Démocrates. Hier, ils suspectaient Donald Trump de vouloir déclencher des guerres ; aujourd’hui, ils l’accusent parce qu’il veut faire la paix. Ainsi, on lui a reproché d’avoir organisé le sommet d’Alaska en quelques jours : fallait-il vraiment attendre encore des semaines ?À peine l’avion de Vladimir Poutine avait-il quitté le tarmac d’Anchorage qu’on reprochait à Trump de ne pas avoir déjà signé la paix. Comme si une négociation d’une telle ampleur pouvait aboutir en vingt-quatre heures, au rythme d’une vidéo TikTok ! Plutôt que d’analyser les faits avec froideur et recul, les médias préfèrent se limiter aux apparences et aux petites phrases.
Bien sûr, nous souhaiterions tous que la Russie se retire totalement d’Ukraine. Mais un minimum de réalisme s’impose. Comparer Poutine à un « ogre », comme l’a fait Emmanuel Macron, n’apporte rien. C’est contre-productif, et surtout malvenu au moment où la paix commence à se dessiner.
Donald Trump a exprimé sa volonté d’obtenir le prix Nobel de la paix. Comme toujours en Europe, beaucoup de beaux esprits ont accueilli cette possibilité dans un éclat de rire, bien qu’elle semble finalement tout sauf ridicule. Comment accueillez-vous cette possibilité ?
Bien évidemment, c’est assez anecdotique et les efforts déployés par le président Trump ne visent pas à obtenir telle ou telle récompense. Mais, à mon sens, ce prix Nobel serait amplement mérité. Quel dirigeant, aujourd’hui, fait davantage que lui pour la paix ?>> Retrouvez ici tous nos entretiens politiques du lundi
On oublie trop vite que Trump a déjà mis fin à six conflits passés trop souvent sous silence : entre l’Inde et le Pakistan, la Thaïlande et le Cambodge, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ou encore le Rwanda et la RDC. Et le voilà désormais à l’œuvre sur le dossier ukrainien. Plusieurs chefs d’État, notamment en Afrique et en Asie du Sud-Est, le soutiennent déjà pour le Nobel de la paix. Et je suis convaincu que l’Europe, après le sommet de Washington, finira par suivre.
Rappelons tout de même qu’Obama, en 2009, a décroché ce fameux prix moins d’un an après son arrivée à la Maison-Blanche, uniquement en raison de son aura… Le même Obama qui a été l’un des présidents les plus bellicistes, multipliant les frappes de drones – au point que Trump l’avait surnommé Drone Man ! Obama a aussi bombardé la Libye en contournant le Congrès ! Mais ça, curieusement, personne ne s’en offusque.
La seconde présidence Trump se rapproche assez, sur la forme, de l’époque Reagan. La Maison-Blanche communique par exemple sur le « nouvel âge d’or » que vivraient en ce moment les États-Unis d’Amérique. Comment analysez-vous la filiation entre l’actuel président et son prédécesseur des années 80, lequel reste pour tant de républicains une figure tutélaire ?
Lincoln, Reagan et Trump : voilà sans doute les trois grandes figures du Grand Old Party [surnom du Parti républicain, ndlr]. Chacun, à sa manière, a marqué l’histoire républicaine par des décisions décisives. On oublie souvent que le fameux slogan « Make America Great Again » fut d’abord celui de Ronald Reagan, lors de la campagne victorieuse de 1980, avant de devenir la marque de fabrique de Donald Trump.Dans le Bureau ovale, sur la photo bien connue où Trump apparaît entouré des chefs d’État européens, un grand portrait de Reagan trône sur le côté. Le symbole est parlant : Reagan et Trump, chacun dans son style furent des communicants redoutables. Mais le parti républicain a changé depuis l’ère Reagan. Trump est en partie revenu sur l’héritage Reagan, par exemple en réhabilitant les droits de douane, ce qui aurait paru impensable aux républicains des années 80. Reste une constante : chez l’un comme chez l’autre, la conviction inébranlable que la grandeur de l’Amérique doit être au cœur de tout.
Reportons-nous dix en arrière, en 2015. Nous étions alors au paroxysme de la présidence Obama et le parti républicain, alors sans champion, semblait promis à un lent effacement en raison du changement sociologique de la population américaine et de la montée des minorités, supposées ultra-favorables aux démocrates. Quelles sont les racines profondes de ce renouveau ?
Le Parti républicain a profondément changé. Je peux en témoigner : plus jeune, je ne lui accordais ma voix qu’à contrecœur, rebuté par son affairisme et par ses dérives néo-conservatrices, en particulier lors de la guerre en Irak, que je rejetais fermement. À cette époque, je me considérais plutôt comme un indépendant. La crise des subprimes, ensuite, a donné le sentiment que l’administration Bush protégeait davantage les multinationales que le petit entrepreneur du coin.Trump a progressé partout, dans absolument tous les sous-électorats, des Latinos aux Afro-Américains. Il a aussi remporté le vote catholique, un fait majeur.
Puis est venu le Tea Party, ce mouvement fiscal de la décennie 2010 [Taxed Enough Already qui signifie « Déjà assez taxés », ndlr] véritable révolte annonciatrice. Donald Trump, en 2016, en a incarné l’âme et porté l’élan jusqu’à la victoire.
Huit ans plus tard, en 2024, le constat est clair : Trump a progressé partout, dans absolument tous les sous-électorats, des Latinos aux Afro-Américains. Il a aussi remporté le vote catholique, un fait majeur. Car, contrairement au « catholicisme zombie » décrit par Emmanuel Todd, le catholicisme américain est bien vivant, en pleine expansion, porté par une diversité impressionnante : Latino-Américains, Irlandais, Polonais… J.D. Vance, évangélique converti au catholicisme, en est l’illustration parfaite.Je peux témoigner que nombre de responsables français m’ont supplié d’obtenir une invitation pour l’Inauguration Day !
Vous êtes franco-américain et vous connaissez à ce titre tout l’écosystème de la droite française. N’êtes-vous pas surpris de constater qu’en dehors de Reconquête !, la droite française se tient très à distance de la personnalité et des recettes politiques de Donald Trump ?
Il faut bien l’admettre : en France, il y a toujours ce petit côté « beagle » et un fond persistant d’anti-américanisme qui empêche une analyse froide de la politique outre-Atlantique. Pourtant, derrière cette posture distante, je peux témoigner que nombre de responsables français m’ont supplié d’obtenir une invitation pour l’Inauguration Day de janvier dernier !Soyons justes : Donald Trump défend avant tout les intérêts du peuple américain, pas ceux du « protectorat français ». Forcément, cela suscite des inquiétudes légitimes ici, notamment chez les viticulteurs et agriculteurs frappés par les droits de douane. Mais là encore, quelle différence de traitement médiatique ! Ce qu’on reproche aujourd’hui à Trump, on l’a beaucoup moins reproché aux démocrates, lorsque Joe Biden a imposé l’IRA (Inflation Reduction Act).
Pour conclure, quelles sont les activités des Republicans Overseas en France ?
Au-delà du travail d’explication et de pédagogie que nous menons auprès des médias français, notre action se concentre avant tout sur le militantisme. On oublie trop souvent qu’il y a entre quatre et six millions d’expatriés américains à travers le monde, et que leurs voix peuvent peser lourd au moment des élections. En France, les expatriés votent majoritairement pour les démocrates. Rien d’étonnant à cela : ils sont, pour beaucoup, des grands gagnants de la mondialisation. Mais, incontestablement, le potentiel est là.L’article « Donald Trump mériterait amplement le Prix Nobel de la paix », explique Nicolas Conquer, porte-parole des Republican Overseas France est apparu en premier sur Valeurs actuelles.
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