Les Etats-Unis ont annoncé des sanctions contre le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, quand Donald Trump a signé un décret imposant 50% sur les produits brésiliens. Le président Lula s'est engagé à «défendre» la «souveraineté» de son pays
Le gouvernement américain a renforcé mercredi sa pression sur le Brésil, en soutien à l'ex-président Jair Bolsonaro. Il a annoncé de nouvelles sanctions contre le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, avant de rendre effectifs les 50% de droits de douane annoncés sur les produits brésiliens.
Le premier coup est venu du département du Trésor, avec des sanctions visant Alexandre de Moraes, que Washington accuse de «détentions arbitraires» et de non-respect de «la liberté d'expression». Le Trésor estime que le juge a profité de sa position pour «cibler des opposants politiques, notamment l'ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d'autres entreprises américaines et internationales».
Le juge Alexandre de Moraes à la Cour suprême à Brasilia, le 4 juin 2025. Il avait bloqué durant 40 jours X au Brésil, jusqu'à ce que le réseau du milliardaire Elon Musk se conforme aux ordres de supprimer des comptes accusés de diffuser des infox. — © EVARISTO SA / AFP Marco Rubio: «Une robe de juge ne peut pas vous protéger»
«Alexandre de Moraes s'est octroyé le droit d'être juge et jury pour orchestrer une chasse aux sorcières illégale contre des citoyens et entreprises américaines et brésiliennes. Les sanctions de ce jour rappellent que le Trésor tiendra pour responsables ceux qui menacent les intérêts américains et la liberté de nos citoyens», a déclaré le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, cité dans un communiqué.
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Ces sanctions entraînent le gel de l'ensemble des avoirs détenus par Alexandre de Moraes aux Etats-Unis ainsi que l'interdiction pour des citoyens ou entreprises américaines de faire affaire avec le juge brésilien, sous peine de poursuites. Elles viennent compléter celles annoncées par le département d'Etat le 18 juillet, qui visaient tous les juges de la Cour suprême ainsi que leurs proches parents, qui sont tous désormais interdits d'entrer aux Etats-Unis.
«Que cela serve d'avertissement à ceux qui voudraient bafouer les droits de leurs concitoyens. Une robe de juge ne peut pas vous protéger», a réagi sur X le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio.
.@POTUS and @USTreasury have sanctioned Brazilian Supreme Court Justice Alexandre de Moraes under the Global Magnitsky sanctions program for serious human rights abuses. Let this be a warning to those who would trample on the fundamental rights of their countrymen—judicial robes…
— Secretary Marco Rubio (@SecRubio) July 30, 2025
Le gouvernement brésilien a qualifié ces sanctions d'«arbitraires» et d'«injustifiables», et y voit «une attaque grave et inacceptable contre la souveraineté» du Brésil, d'après un communiqué de l'Agence brésilienne pour la défense légale de l'Etat (AGU).
50% de surtaxes douanières
Le président américain, Donald Trump, a par ailleurs signé mercredi un décret imposant 50% de surtaxes douanières aux produits brésiliens, à l'exception notamment des avions, du jus et de la pulpe d'orange, des noix du Brésil, et de certains produits en fer, acier ou aluminium.
Selon le décret, la surtaxe, qui entrera en vigueur à partir du 6 août, se justifie par «la menace inhabituelle et extraordinaire que constitue le Brésil pour la sécurité nationale, l'économie et la politique étrangère des Etats-Unis».
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Lula s'engage à «défendre» la «souveraineté» de son pays
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a riposté, s'engageant mercredi à défendre la souveraineté de son pays contre la décision du président américain. Ce jour est un «jour sacré de la souveraineté», a-t-il déclaré lors d'une cérémonie officielle à Brasilia, promettant de «défendre (...) la souveraineté du peuple brésilien face aux mesures annoncées par le président des Etats-Unis».
Mercredi, Juanita Goebertus, la directrice pour les Amériques de Human Rights Watch, organisation internationale de défense des droits humains, a déclaré que les droits de douane et sanctions imposés par les Etats-Unis au Brésil constituaient une «violation flagrante de l'indépendance judiciaire» du pays.
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Jair Bolsonaro, allié de Donald Trump, est poursuivi dans son pays pour une tentative présumée de coup d'Etat après sa défaite lors de l'élection de 2022. Son procès doit s'achever dans les prochaines semaines et l'ex-chef d'Etat (2019-2022), âgé de 70 ans, risque plus de 40 ans de prison. Outre le port d'un bracelet électronique, Jair Bolsonaro est contraint de rester chez lui soirs et week-ends, et interdit de recourir aux réseaux sociaux et de contacter ambassades et autorités étrangères.
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