Le double visage de la biodiversité, de Christian Lévêque

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

La nature a un double visage. Elle peut nous apparaître bonne et généreuse et nous rendre de multiples services. Mais elle peut aussi être la source de nombreuses nuisances.

 

Avec ces trois premières phrases, Christian Lévêque, dans son avant-propos, résume très bien l'objet de son livre.

 

Inutile de dire que, pour la pastorale écologique, tenir de tels propos est sacrilège, parce que, selon elle, la nature se porterait mieux sans les humains...

 

Dans la nature, tout serait bon, comme le cochon. Il n'est pas question de parler de nuisances, sinon le récit idyllique d'une nature harmonieuse et généreuse ne tiendrait pas.

 

L'auteur propose une définition réaliste de la nature:

La nature est [...] le produit historique de l'évolution et des aménagements des systèmes écologiques que les humains ont réalisé pour en faire usage, se protéger des dangers que cette nature représente aussi.

 

Que recherche l'être humain? Le bien-être. Pour y parvenir il doit satisfaire deux besoins de base: se nourrir et se protéger.

 

UN MONDE IMPRÉVISIBLE ET BRUTAL

 

Le monde vivant [est] un monde de mangeurs et de mangés.

 

C'est un constat indéniable, mais, comme l'auteur se situe dans la lignée des Lumières, ses idées sur la religion chrétienne s'en ressentent, ce qui ne manque pas de saveur de la part de quelqu'un ayant un tel patronyme:

L'Occident [sous-entendu chrétien] a vécu toute son histoire sous l'emprise de la crainte...

 

Il devrait lire les oeuvres d'historiens, tels que Sevillia ou Heers, qui remettent en cause cette vision caricaturale de la chrétienté, héritée de la littérature anti-cléricale du XIXe siècle. Mais, passons.

 

Il y a toujours eu, et il y a encore, des hommes sur Terre qui, pour asseoir leur pouvoir, quel qu'il soit, savent utiliser la peur, et contraindre, grâce à elle, ceux qu'ils dominent à agir dans le sens qu'ils souhaitent...

 

En l'occurrence, la nature n'a pas besoin d'hommes pour faire peur à d'autres hommes, parce que ses manifestations sont souvent imprévisibles et parfois brutales:

  • maladies,
  • ravageurs de culture,
  • calamités naturelles: éruptions volcaniques, tsunamis, changements climatiques, etc.

 

Les hommes ont dû, et doivent toujours, optimiser les conditions de leur survie par le développement:

  • de mesures d'évitement (de ce qui est toxique pour eux),
  • de moyens technologiques.

 

Ainsi les hommes ont eu l'intelligence:

  • d'utiliser les ressources disponibles,
  • de se protéger des forces aveugles et destructrices de la nature,
  • de trouver des ressources alternatives quand une ressource se faisait rare.

 

L'IDÉOLOGIE ÉCOLOGISTE

 

L'idéologie écologiste, selon l'auteur, qui persiste et signe, serait issue de la culture chrétienne, qui nous parle d'une nature harmonieuse créée par Dieu.

 

En réalité, le mythe de l'âge d'or est permanent dans l'histoire de l'humanité, et récurrent, c'est une autre façon de dire que c'était mieux avant...

 

La nouveauté est que, quand l'idéologie écologiste naît, au XIXe siècle, la religion chrétienne a reculé et que des élites bourgeoises, qui ne sont pas confrontées à la nature comme le sont les ruraux, adoptent une vision mystique de la nature.

 

Le paradoxe est que, parallèlement, la nature fait l'objet d'études scientifiques qui ne confirment pas qu'elle est en équilibre et harmonieuse, qu'il faudrait donc la protéger de l'homme et que celui-ci ne devrait pas s'en protéger.

 

À raison, l'auteur évoque à l'origine de cette idéologie, le romantisme et l'esthétisme de ces élites intellectuelles et bourgeoises du XIXe siècle, qu'il qualifie d'hors-sol... alors que les ruraux, eux, ont les pieds sur sol.

 

SE NOURRIR

 

Pour survivre, les hommes doivent se nourrir. Or ils ont longtemps connu des famines et des disettes. Aussi l'épuisement des ressources et la nécessité de bien les gérer sont-ils des préoccupations anciennes.

 

Dans la lignée de Malthus, qui croyait que la Terre ne pourrait pas nourrir une population en progression géométrique, alors que les ressources étaient en progression arithmétique, les experts du Club de Rome se sont magistralement trompés.

 

La peur de la surpopulation est similaire à celle du manque de pétrole. De même que les rendements agricoles et les OGM ont permis de nourrir toujours davantage de population, la découverte de nouveaux gisements a repoussé le pic...

 

La peur de s'intoxiquer avec des aliments est sérieuse, mais, justement, jamais il n'y a eu aussi peu d'intoxications alimentaires et la nocivité du glyphosate ou des OGM, par exemple, n'a jamais été démontrée par les faits.

 

Quant à la nourriture bio, a contrario, elle est à l'origine de réelles intoxications et n'est donc pas aussi saine que d'aucuns le prétendent.

 

PROTÉGER LA BIODIVERSITÉ

 

Protéger la biodiversité ne va pas de pair avec la santé des hommes:

Qui peut croire un seul instant, à moins d'être totalement inculte en matière d'épidémiologie, que protéger la nature va nous protéger du paludisme, de la schistosomiase, de l'onchocercose, de l'amibiase, de la leishmaniose, de la trypanosomiase, de la maladie de Chagas, des ténias, des ascaris, des douves, des tiques, des punaises et des poux, pour ne citer que ces quelques parasitoses, sans compter toutes celles qui affectent les animaux domestiques... ou sauvages ! Et bien entendu toutes les maladies bactériennes ou virales !

 

Sans insecticides, sans pesticides, il ne serait pas possible de lutter contre, de même qu'il ne serait pas possible de combattre les ravageurs de culture. Quant aux antibiotiques, il faudrait, à ce compte-là, les interdire pour protéger les bactéries...

 

Des écologistes ont même essayé de faire croire que l'épisode Covid-19 avait été une vengeance de la nature que nous n'avions non seulement pas protégée, mais détruite: la pensée magique était de retour !

 

Il est fallacieux de dire qu'il n'y a pas de tri à faire, ou fait, par les hommes entre les bonnes et les mauvaises espèces:

Qui s'intéresse à la protection des rats, des cafards ou du ver solitaire?

 

Toutes les espèces n'ont pas droit à la vie dans le monde réel:

Il n'y a aucune éthique dans la nature, seulement des rapports de force pour que chacun puisse assurer sa survie.

Ce qui ne veut pas dire que les hommes doivent se comporter comme des barbares...

 

Les écologistes n'ont pas le monopole de l'amour de la nature. D'autres, plus nombreux, aiment en fait une nature co-construite au fil du temps par des usages et par des processus spontanée, une nature aménagée pour leur bien-être.

 

CONCLUSION

 

Que faire face à l'incertitude, car le futur est, par définition, incertain?

La logique qui s'impose c'est que nous devons être particulièrement réactifs et nous adapter en permanence aux changements de toutes natures, climatiques et sociaux. C'est ce qu'on appelle une gestion adaptative qui prend en compte le fait que nos systèmes sont dynamiques, pas statiques !

 

Autrement dit: qui sommes-nous, les hommes?

Nous sommes biologiquement des animaux qui cherchent à pérenniser la survie de notre lignée. Ce que nous avons fait avec un certain succès et certainement pas en nous mettant à la merci de la nature. C'est parce que nous avons lutté contre les prédateurs et développé des systèmes techniques et sociaux de protection vis-à-vis des multiples nuisances de la nature, que nous sommes encore là.

 

Francis Richard

 

Le double visage de la biodiversité, Christian Lévêque, 288 pages, L'Artilleur

 

Publication commune LesObservateurs.ch et Le blog de Francis Richard.

Un commentaire

  1. Posté par aldo le

    Il serait temps qu’on prenne en cause, l’effet dévastateur de la surpopulation mondiale. Elle est dictée par des réflexes pavloviens qui ne sont que l’expression d’une habitude perverse de la soutenir, mais en fait surtout pour soutenir cette grosse industrie de fonctionnaires camouflée en arrière-plan, qui ne vise qu’à fabriquer des jobs associatifs source de taxes et d’impôts. Toujours sous le couvercle de la bonne conscience au rabais, mais au profit d’un personnel de plus en plus pléthorique et qualitativement de plus en plus disqualifié. A cette égard le Japon a compris un simple raisonnement mathématique. Diviser le gâteaux de la croissance des 40 ou 50 dernières années avec l’automatisation, c’est pourtant très rationnel. Avec en plus le bénéfice d’une rentabilité accrue par individu actif et des recherches qui rapportent aussi en terme de progrès.

    Plus personne ne réfléchit pourrait-on croire. Parce que derrière ces bombes démographiques, il y a aussi une sombre idiotie qui est d’oublier que les caisses de retraites devraient investir un peu plus dans l’industrialisation que dans l’immobilier. C’est là la cause première de ces courses spéculatives au remplissage immobilier forcé, toujours sous prétexte de pouvoir payer les retraites. Avec la criminalité, qui se profile dans l’invasion migratoire, plus rien des obligations de l’Etat, ne deviendra tenable. La pauvreté pour tous et l’explosion d’une Europe qui a servi de planque et de relais à l’Urss défaite. La croissance européenne vers l’Est n’en est que la meilleure preuve. Les soviétiques sont déjà dans nos murs, voilà pourquoi ils haïssent Poutine qui pourrait peut-être passer pour un réformateur intelligent. Gorbatchev planqué en Suisse avait bien compris qu’il pouvait être aussi considéré comme un traitre ayant bradé les territoires de l’ex-Urss défaite, en acceptant vraisemblablement les injonctions des vainqueurs, sans bien mesurer qu’ils avaient ainsi créé les conflits d’aujourd’hui. Dernièrement j’ai entendu que l’Ukraine utilisait les techniques d’ensemencement des nuages pour pouvoir, avec la complicité de la pluie, contrarier les attaques des drones russes. Ces techniques anarchiques partout dans le monde, me semblent aussi pour beaucoup dans la cause première du dérangement climatique conjointement avec ces éoliennes pilotées par des conspirateurs politiques juste pour nous imposer toutes sortes de limitation des libertés, mais aussi de périls. Comme avec ces inondations imprévisibles et surdimensionnées, qui noient tout sur leur passage, par rapport à des temps plus anciens beaucoup moins tourmentés. Et tout ces ronds-points cumulés semblent aussi être des mèches capables d’initier des tornades.

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