ÉDITIORIAL. Des coupes budgétaires au sein du DFAE obligent la Direction du développement et de la coopération à revoir à la baisse ses aides à la culture, avant de les supprimer totalement. Une décision qui met à mal la tradition humanitaire suisse
En 1863, Henry Dunant créait à Genève le Comité international de la Croix-Rouge, faisant de la neutre Helvétie un modèle en matière d’aide humanitaire. Un siècle plus tard, en 1976, l’entrée en vigueur de la loi fédérale sur la coopération au développement et l’aide humanitaire internationales voyait deux organes distincts fusionnés pour donner naissance à la Direction du développement et de la coopération (DDC). A savoir un organe responsable, au sein du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), des activités de coopération internationale.
«Les droits culturels sont des droits de l’homme», écrit la DDC sur son site internet, en expliquant l’importance de soutenir la diversité et les échanges, vecteurs de changement social favorisant la liberté d’expression et la participation démocratique. Dans les pays où elle est active, la DDC consacre un minimum de 1% de son budget à la culture, et principalement au cinéma. Les sommes engagées sont certes minimes, mais ô combien nécessaires pour aider des artistes à s’exprimer librement. En Suisse, la DDC soutient plusieurs festivals qui se consacrent à la diffusion d’œuvres venues de pays parfois marginaux en matière de cinéma, notamment ceux de Fribourg et de Locarno, ainsi que Visions du Réel à Nyon dans le domaine du documentaire.
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Or voici que des coupes budgétaires au sein du DFAE obligent la DDC à opérer des choix stratégiques, selon la formule consacrée. De nombreux partenariats sont revus à la baisse, par paliers, avant la suppression attendue, à partir de 2029, de ce petit pour cent alloué à la culture et aux arts. Cela peut sembler anodin, mais pourrait avoir des conséquences importantes, par exemple pour le programme Open Doors du Locarno Film Festival qui, depuis 2003, soutient la création cinématographique dans des régions défavorisées, et a permis l’émergence de nouvelles voix essentielles.
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Il en va de même du fonds Visions sud est, soutenu par la DDC et créé à l’initiative de quatre manifestations dans les trois principales régions linguistiques du pays. Ces vingt dernières années, ce fonds a soutenu près de 200 projets, dont des films primés dans les plus grands festivals du monde. Alors que l’armée voit son budget augmenter de manière conséquente, ces économies de bouts de chandelles laissent songeur. A l’heure des replis nationalistes, il est préjudiciable pour la défense de la liberté d’expression, ainsi que pour la tradition humanitaire de la Suisse, de voir la DDC délaisser le champ de la culture.
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