Dès le 7 janvier, Marion avait posté ce message, suite à la mort de son grand-père : « Daddy, ne t’inquiète pas : la mission que tu m’as confiée il y a 13 ans avec ta lettre, je ne l’ai pas oubliée. Je tâche depuis de relever cette mission. Je ne suis pas la seule. Tu as suscité, tout au long de ta vie, des centaines de milliers de vocations. Tu as permis, longtemps seul contre tous, que des millions de Français soient de nouveau fiers d’eux-mêmes et de leur pays. Merci pour tout cela ».
Neuf jours plus tard, elle a parlé le sourire aux lèvres, maîtrisant parfaitement son émotion, sans jamais un tremblement dans la voix. Et elle a fait une superbe déclaration d’amour à un grand-père qu’elle appelait affectueusement « Daddy », qu’elle admirait, consciente que sans lui elle ne serait pas ce qu’elle est. Il fut le plus jeune député de France à 27 ans, en 1955, elle fut la plus jeune députée du pays à 22 ans, en 2012.
Elle a dit beaucoup de choses, en 6 minutes, la petite-fille de son grand-père. Elle a parlé du clin d’œil de sa mort le 7 janvier, le Noël des orthodoxes, du bleu blanc rouge, sa veste bleue, son drap blanc et sa couverture rouge, qui l’accompagnait sur son lit de mort. Elle a su évoquer l’exceptionnel combattant qu’était son « Daddy », et son refus de la résignation et du fatalisme.
Croyante, elle a évoqué Dieu, qui ne lui a certes pas donné la victoire qu’il appelait de ses vœux, mais qui lui a donné une destinée exceptionnelle, lui le pupille de la Nation orphelin à 14 ans.
Elle a su trouver les mots pour lui dire qu’il avait réussi, que grâce à lui les sans-voix, les sans-grades, toujours plus nombreux, vont se lever.
Elle a évoqué avec des mots touchants sa capacité exceptionnelle à pardonner, tout le parcours de la famille Le Pen en atteste, mais aussi la reprise de relations avec des compagnons de combat avec lesquels, à un moment, les chemins se sont séparés, lors de combats fratricides, avant de se retrouver de nouveau.
Elle a parlé d’une faiblesse de son grand-père, qui était aussi sa qualité, le refus de se soumettre à l’ordre dominant, et la volonté de ne pas se coucher, et même parfois de vouloir provoquer l’ennemi, quitte à en payer le prix cher.
Mais elle a conclu magnifiquement, en comparant Jean-Marie Le Pen à Cyrano et à son panache, que même dans la tombe personne ne pourra lui retirer.
Que je pactise ?
Jamais, jamais ! – Ah ! te voilà, toi, la Sottise !
Je sais bien qu’à la fin vous me mettrez à bas ;
N’importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !
Oui, vous m’arrachez tout, le laurier et la rose !
Arrachez ! Il y a malgré vous quelque chose
Que j’emporte, et ce soir, quand j’entrerai chez Dieu,
Mon salut balaiera largement le seuil bleu,
Quelque chose que sans un pli, sans une tache,
J’emporte malgré vous,
[Il s’élance l’épée haute.]
et c’est…
[L’épée s’échappe de ses mains, il chancelle, tombe dans les bras de Le Bret et de Ragueneau.]ROXANE, [se penchant sur lui et lui baisant le front]
C’est ?…CYRANO, [rouvre les yeux, la reconnaît et dit en souriant]
Mon panache.La comparaison est magnifique, tant elle illustre l’ensemble du parcours d’un homme qui a fait honneur à la France et aux Français en ne reculant jamais, et en trouvant toujours le bon mot pour ridiculiser l’adversaire.
Si Dieu existe, Jean-Marie aura apprécié ce superbe hommage de sa petite-fille, et nul doute qu’il aura eu beaucoup de mal à retenir la larme qui lui aura un peu piqué les yeux.
Joël Locin
Extrait de: Source et auteur
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