Depuis 1960, la Suisse a fourni plus de 90 milliards de francs d'aide publique au développement jusqu'en 2024 et devrait dépasser la barre des 100 milliards au cours des deux prochaines années, malgré une légère réduction du budget fédéral en 2025. Ces montants incluent les dépenses liées au système d'asile. En 2023, cela représentait 1,311 million sur un total de 4,640 millions dépensés pour la « coopération internationale ». Le gouvernement fédéral se taille la part du lion. Les cantons et les communes contribuent à hauteur de moins de 2 pour cent. Toutefois, certaines dépenses telles que l’assistance médicale et d’autres biens et services ne sont que partiellement incluses.
À cela s’ajoute l’aide privée au développement qui a atteint en moyenne plus de 500 millions par an au cours de la dernière décennie. Selon l'Office fédéral de la statistique, les dons privés s'élèvent à environ 15 milliards depuis 1960. Il existe également du travail bénévole et des avantages gratuits en nature. En 2023, l’aide publique au développement a augmenté de 344 millions par rapport à l’année précédente. Les chiffres pour 2024 ne sont pas encore connus. Si des économies de 295 millions sont réalisées en matière d’aide au développement et d’asile dans le budget 2025, ce montant ne correspond même pas à l’augmentation entre 2022 et 2023.
Il n’y a pas que le ministère des Affaires étrangères de l’EDA qui dépense des milliards (2023 : 2 766 millions). Le Département d’économie, d’éducation et de recherche a également dépensé environ 408 millions pour la « coopération internationale » en 2023. Le Département fédéral de justice et police avait besoin d'avance de 1,322 millions pour le système d'asile. Même l'Uvek (Département de l'Environnement, de l'Énergie et des Communications) a dépensé 45 millions, l'EDI 7 millions, l'EFD 24 millions et le DDPS 8 millions. Nous ne pouvons qu’espérer que quelqu’un ait encore une idée du grand nombre de donateurs.
Sur les 4,6 milliards d’aide au développement, 903 millions ont été distribués de manière multinationale, c’est-à-dire préalablement par l’intermédiaire d’organisations internationales. Seize organisations des Nations Unies ont reçu environ 250 millions en 2023, sept institutions financières internationales telles que des banques de développement ont obtenu 505 millions et sept autres organisations ont obtenu 149 millions supplémentaires. Il y a peu de transparence pour les contribuables suisses sur la manière exacte dont ces fonds ont été utilisés.
Tous les salariés de ces institutions, souvent exonérés d'impôts, ne comptent sans doute pas parmi les « plus pauvres du monde ». Cela vaut également pour la DDC (Direction du développement et de la coopération) et pour d'autres collaborateurs fédéraux impliqués dans l'aide au développement. À cela s’ajoutent les coûts liés aux nombreuses conférences internationales et aux vols fréquents des « travailleurs du développement » partout dans le monde. Il faut également tenir compte du fait que la budgétisation est effectuée en francs, alors que les dépenses réelles sont effectuées en monnaies faibles, c'est pourquoi l'aide de la Suisse, ajustée en fonction du pouvoir d'achat, est encore plus abondante.
Lors de la session de septembre 2016, le Parlement a décidé de fixer désormais les dépenses consacrées à la « coopération au développement » à 0,48 % du PIB par an. Mais Didier Burkhalter (FDP), alors ministre des Affaires étrangères, a annoncé en même temps que l'objectif stratégique du Conseil fédéral était de porter cette valeur à 0,7 pour cent. Ce qui est censé être « stratégique » dans une telle frénésie de dons n’a pas encore été expliqué. Il s’agit plutôt d’une simple répétition des dirigeants de l’ONU, qui sont principalement recrutés dans les pays bénéficiaires. En 2023, l'aide publique au développement de la Suisse s'élevait à 0,6 % du PIB. Mais ils représentaient 5,5 pour cent des dépenses fédérales.
Les quelque 5 milliards d'aides publiques et privées au développement, y compris l'aide aux demandeurs d'asile, représentent une dépense de 556 francs par habitant et de 2222 francs par famille de quatre personnes. Sans ces dépenses depuis 1960, notre niveau d’endettement fédéral serait aujourd’hui inférieur de 90 milliards de dollars et les frais d’intérêts seraient éliminés.
Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a décrit l’IZA (« coopération internationale ») comme un investissement dans la liberté, l’indépendance, la sécurité et la prospérité en Suisse et dans le monde. Si l’on analyse les pays bénéficiaires, cette affirmation fait penser à une véritable satire. Seul un très petit nombre des quelque 110 pays bénéficiaires peuvent être qualifiés de démocratiques, même de loin. Sur l’aide au développement réelle de 66,5 milliards depuis 1960, 17,2 milliards sont allés à l’Afrique, 5,9 milliards à l’Amérique latine, 14,7 milliards à l’Asie et 5 milliards à l’Europe. Près de 24 milliards ont été consacrés à des contributions ou à des projets mondiaux. Le pays qui a reçu le plus d’argent est l’Inde, une puissance nucléaire après tout, avec 1,4 milliard d’euros. D’autres puissances militaires ont également reçu des sommes importantes, notamment le Pakistan 717 millions et la Chine 351 millions. Les contribuables se demanderont également pourquoi 190 millions sont allés en Turquie, 180 millions en Corée du Nord ou 725 millions dans les territoires palestiniens occupés.
Même si l'argent n'est allé qu'en partie à des gouvernements étrangers, les millions suisses soulagent néanmoins le fardeau des budgets nationaux des pays bénéficiaires, qui, au lieu de s'occuper de leur propre population, peuvent utiliser les sommes économisées pour financer d'autres projets, comme réarmement. Hormis les ONG, les institutions internationales et les fonctionnaires fédéraux qui sont rémunérés par la Confédération pour leurs prestations, personne en Suisse n'en profite. Même l’afflux de réfugiés économiques en provenance des pays d’accueil n’a pas pu être stoppé. En contrepartie, de nombreux pays bénéficiaires ne soutiennent pas la Suisse dans les commissions internationales. Les mesures d'allègement prévues dans le budget fédéral (modifications de la loi) sont donc l'occasion de repenser la « stratégie » du Conseil fédéral en matière d'aide au développement et d'ordonner enfin un contrôle externe de son succès.
Vous constaterez qu’il y a suffisamment de milliards en jeu pour influencer les gouvernements étrangers qui refusent de reprendre leurs propres concitoyens sous procédures d’expulsion !