Notre-Dame de Paris – Les symboles des pierres, de Paule Amblard

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Une cathédrale est un espace sacré. Telle une antenne plantée en terre, elle transmet le langage céleste. Elle parle d'un autre temps, celui qui était, qui est et qui vient. Elle célèbre l'éternité que nous portons en nous, notre coeur spirituel que nous n'habitons pas ou peu.

 

Le livre de Paule Amblard est une invitation au voyage vers la cathédrale Notre-Dame de Paris, à s'approcher d'elle, à y entrer. C'est l'expression d'un pèlerinage.

Notre-Dame de Paris n'est pas un lieu comme les autres. Ce n'est pas un tas de pierres. C'est un livre que l'auteure nous invite à parcourir pour notre édification.

L'orientation de ce lieu saint est le fruit d'une symbolique invariable. Ce sanctuaire ouvre ses portes à l'ouest. Le visiteur remonte la nef jusqu'au choeur, à l'est:

De l'ombre à la lumière.

Notre-Dame de Paris a la forme du Christ en croix:

La nef représente ses jambes et les portes d'entrées, ses pieds percés. Le transept figure ses bras étendus. L'abside demi-circulaire, avec ses chapelles en étoile, montre sa tête couverte de la couronne d'épines. Et le choeur est le signe de son coeur saint.

Les tours de Notre-Dame de Paris représentent par leur verticalité le travail de conscience que l'être doit mener intérieurement contre sa nature pulsionnelle.

Notre-Dame de Paris n'est donc pas un lieu de mémoire, mais un lieu vivant où le visiteur peut, en regardant la pierre et en apprenant d'elle, la faire chanter.

Notre-Dame de Paris est un livre de pierres:

Les multiples statues et les vitraux font partie d'un vaste ensemble symbolique à déchiffrer du grand livre lapidaire. Chaque personnage ou scène représenté est une lettre d'un alphabet spirituel que l'on doit apprendre à lire.

L'auteure regrette que nous ayons oublié le langage symbolique, la vision spirituelle:

Les hommes du Moyen-Âge, des plus humbles aux plus cultivés, connaissaient le langage symbolique, ils cherchaient sous les apparences du monde naturel le sens caché.

Alors, dans son livre, elle nous réapprend ce langage que nous avons oublié et qui est répété dans ce grand livre qu'est Notre-Dame de Paris, notamment:

  • Le carré et le cercle, le corps et l'esprit sont les deux aspects de l'esprit humain.
  • [Douze] est un chiffre universel unissant le trois, signe de l'esprit, au quatre, la matière. Il représente la perfection.
  • La crypte représente la terre, les hauteurs des voûtes, le ciel et les vitraux, qui s'enflamment avec les rayons du soleil, sont le signe du feu.

Pour nous en faciliter la lecture, l'auteure se fait notre guide pour déchiffrer dans le détail ce que nos yeux voient sans que nous le comprenions toujours et nous fait visiter:

  • Le parvis.
  • La façade, occidentale, et ses trois entrées:

- le portail Sainte-Anne, au sud,

- le portail de la Vierge, au nord,

- le portail royal, au milieu,

- et, au-dessus, la galerie des rois dans la lignée desquels le Christ s'inscrit.

  • La porte du cloître, porte du transept nord.
  • La porte rouge, porte qui permet d'accéder plus directement au choeur.
  • La porte Saint-Étienne, porte du transept sud, côté palais épiscopal.
  • Le toit.

Après ce tour extérieur de la cathédrale, elle nous y fait entrer, c'est-à-dire nous fait passer de l'espace profane à l'espace sacré et nous fait visiter cette fois:

  • La nef.
  • Les vitraux, et plus précisément les roses.
  • Le choeur.

À chaque étape de la visite, historienne de l'art, l'auteure émaille de citations et d'histoires son décryptage de ce grand livre de pierres et de verres.

La dernière page qu'elle tourne est la statue de la Vierge à l'Enfant, qui date du XIVe siècle, épargnée miraculeusement par l'incendie du 15 avril 2019:

La Vierge se tient sur un pilier. Son apparence est celle d'une reine drapée dans un manteau aux larges plis. Elle a la tête voilée et couronnée. Elle répond aux canons de la beauté du Moyen-Âge avec son visage au nez fin et long, sa bouche mince et son corps déhanché. Elle porte maternellement Jésus, qui, enfant, joue avec son voile. Ce geste naturel d'un petit est émouvant. Il est l'héritage des mouvements monastiques des ordres mendiants qui ont imprimé à l'art sacré une vie familière et une tendresse dans l'expression. 

C'est en la contemplant que Paul Claudel s'est converti au cours des vêpres de Noël 1886...

 

Francis Richard

 

Notre-Dame de Paris - Les symboles des pierres, de Paule Amblard, 256 pages, Salvator

 

Publication commune avec Le blog de Francis Richard.

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