Discours de Kennedy au Madison Square Garden
Le discours prononcé par Robert F. Kennedy Jr. au Madison Square Garden ne recouvre pas nécessairement nos opinions. Il n’en reste pas moins que c’est un discours qui méritait d’être relevé parce qu’il pose beaucoup de questions et chacun sait que la démocratie c’est poser des questions et obtenir des réponses.
Une de ces questions demande pourquoi, alors que Kennedy vient d’une des familles démocrates les plus célèbres d’Amérique, il a rejoint Trump. A entendre sa réponse l’on comprend que la presse mainstream n’ait pas envie d’en parler et passe complètement sous silence ses interventions.
Ce silence généralisé sur l’intervention de Kennedy présente en Suisse un double intérêt lorsque l’on sait que selon un récent sondage 73 % des Suisses voteraient pour Kamala Harris.
Comment ces 73% se sont-ils fait une opinion sur la candidate démocrate ? En lisant leurs journaux. Qui bien évidemment ne leur livrent jamais les autres sons de cloches ou l’opinion des opposants.
Mais pour ça le lecteur informé savait déjà depuis longtemps que la presse helvétique n’est plus une presse démocratique. Sinon il faudrait que l’on nous explique comment 73 % des Suisses peuvent choisir Kamala Harris alors qu’ils n’ont en réalité aucune idée véritable de son programme politique ni des conséquences que pourraient avoir son élection. (Concernant ces conséquences voir article à paraître).
En attendant, voici le discours que Robert F. Kennedy Jr. a prononcé au Madison Square Garden lors du Rallye Trump du 27 octobre 2024. A chacun de se faire son opinion.
DISCOURS DE KENNEDY
« Des gens m'ont demandé pourquoi j'avais quitté le parti démocrate et j'ai dit que je ne quittais pas le parti démocrate, c'est le parti démocrate qui m'a quitté. Ce n'est plus le parti de Martin Luther King, de Robert Kennedy ou de John Kennedy. C'était le parti de la Paix. C'était le parti des droits constitutionnels, des droits civils, de la liberté d'expression, c'était le parti qui voulait protéger et élever la classe moyenne, c'était le parti qui s'est levé contre la censure, la surveillance, a tenu tête à la CIA, au complexe militaire, au complexe militaro-industriel, et c'était le parti qui voulait protéger la santé publique et les sports féminins.
Mon oncle Ted Kennedy a écrit le Titre 9, qui protégeait les sports féminins à l'université. C'était le parti qui croyait au droit de vote et se battait pour le droit de chaque Américain de voter pour la personne de son choix. Le parti démocrate d'aujourd'hui c’est le parti de la guerre, c'est le parti de la CIA. Vous avez eu Kamala Harris qui a prononcé un discours à la Convention démocrate qui a été écrit par des néoconservateurs [1]. C'était belliqueux, odieux, et parlait de la domination du monde par les États-Unis grâce à nos armes de guerre. C'est le parti aujourd'hui qui veut diviser les Américains, c'est le parti qui démantèle le sport féminin en laissant les hommes pratiquer le sport féminin, c'est le parti de Wall Street, c'est le parti de Bill Gates qui vient de donner 50 millions de dollars à Kamala Harris.
La campagne de Harris est très fière d'avoir reçu le soutien de 50 anciens agents de la CIA, de John Bolton et de Dick Cheney. Ce sont les gens qui nous ont donné la guerre en Irak, la pire catastrophe de politique étrangère qui soit jamais arrivée à ce pays. Ce sont les gens qui nous ont donné le Patriot Act, qui ont lancé la surveillance d’Etat, ce sont les gens qui essaient de saper le droit de vote dans ce pays en armant les agences fédérales contre les candidats politiques, y compris moi et Donald Trump, et tous les autres candidats politiques qui peuvent gagner une élection. Et au lieu de présenter un candidat qui gagne les primaires, ils abolissent les primaires, et prennent ensuite deux candidats choisis sans recevoir de votes. Nous ne savons même pas comment Kamala Harris a reçu l'investiture.
Et c'est le parti de Wall Street, des grandes banques, du Big Data, de la Big Tech, des entrepreneurs militaires et des grands partis de l'industrie pharmaceutique, de l’industrie alimentaire, et de la chimie.
C'est le parti qui nous a donné les enfants les plus malades de l'histoire du monde. Quand mon oncle était président, 6 % des Américains avaient des maladies chroniques, et nous avons dépensé zéro pour les maladies chroniques dans ce pays. Aujourd'hui, 60 % des Américains ont des maladies chroniques, c'est existentiel pour notre pays, nous dépensons 4,3 trillions de dollars par an, cinq fois notre budget militaire. 77 % des garçons américains ne peuvent pas se qualifier pour le service militaire à cause d'un diagnostic de maladie chronique. C'est existentiel pour notre pays.
Le président Trump m'a appelé trois heures après sa fusillade et il m'a demandé si je viendrais m'asseoir avec eux, et il m'a dit pendant cette réunion qu'il y avait des choses sur lesquelles nous pouvions nous entendre et d'autres sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord, mais les matières sur lesquelles nous sommes d'accord sont tellement plus vastes. Il a dit : « Je veux mettre fin aux guerres, je veux mettre fin à cette surveillance et à cette censure, je veux protéger la Constitution, je veux protéger la liberté d'expression, je veux mettre fin à la surveillance, je veux mettre fin à l'utilisation du gouvernement comme arme contre les politiciens américains, et je veux mettre fin à l'épidémie de maladies chroniques. »
Maintenant, ne pensez-vous pas que nous méritons un président dans ce pays qui va restaurer l'autorité morale des États-Unis d'Amérique ? Ou pensez-vous que nous méritons un président qui va mettre fin à « l'État guerrier » [2] et reconstruire la classe moyenne, un président qui va mettre l'Amérique en premier ? Ne voulez-vous pas d'un président qui va protéger nos enfants ? Et qui va protéger le sport féminin et qui va arrêter de diviser ce pays avec de mauvaises alliances raciales, et ne voulez-vous pas d'un président qui va mettre fin à la corruption dans les agences fédérales, à la FDA, au NIH, au CDC et à la CIA ? Et ne voulez-vous pas d'un président qui va rendre l'Amérique à nouveau en bonne santé ? Et ne voulez-vous pas d'un président qui va rendre sa grandeur à l'Amérique ? Alors nous devons aller aux urnes le 5 novembre et voter pour Donald Trump. Que Dieu vous bénisse et que Dieu bénisse l'Amérique. »
[1] Les néoconservateurs aux Etats-Unis se caractérisent par leur volonté d’exporter la démocratie américaine par la guerre et défendent l’interventionnisme militaire américain. S’ils sont majoritairement républicains la politique américaine considère qu’en font aussi partie une part des politiciens du parti démocrate. En ce sens du point de vue de la politique étrangère Hillary Clinton est sans aucun doute plus proche des néoconservateurs que Donald Trump. Ce qui complique singulièrement la compréhension des enjeux pour les citoyens insuffisamment informés.
[2] Lorsque Robert F. Kennedy Jr. parle de « Warfare /of/ State » dans son discours, il n’est pas clair s’il fait référence à l’Etat guerrier ou à l’Etat de guerre quasi perpétuel des Etats-Unis depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La différence n’est toutefois pas si importante tant l’idée renvoie dans l’histoire américaine non seulement aux dépenses militaires phénoménales de ce pays mais aussi au complexe militaro-industriel et à ses connivences avec le pouvoir central de Washington. Aux Etats-Unis il existe une relation extrêmement puissante entre les guerres, les dépenses militaires, et le renforcement constant du pouvoir central de la capitale qui s’est fait au détriment des Etats de l’Union. Selon certains auteurs à chaque nouvelle guerre le pouvoir central de Washington s’est renforcé et en est ressorti plus puissant, et il continue de le faire. La guerre est au cœur de la machine politique américaine.
Quand Robert F. Kennedy Jr. s’en prend au Warfare State c’est alors dans l’historiographie américaine deux visions différentes du gouvernement qu’il oppose, la vision hamiltonienne d'un État fort, centralisé et militairement puissant, et la vision jeffersonienne d'un État limité, où la liberté humaine est l'idéal le plus élevé.
Ainsi lorsque 73 % des Suisses prétendent être pour Kamala Harris on n’est pas sûr qu’ils sachent vraiment de quoi ils parlent si l’on considère que la valeur de liberté défendue par Trump et Kennedy est la même que celle qui est au fondement de la Suisse.
Que 73 % des Suisses soient en faveur de Kamala Harris en dit long sur leur ignorance et par conséquent sur le pouvoir d’influence et de manipulation de la presse helvétique.
Michel Piccand, 29.10.2024
Et vous, qu'en pensez vous ?