Chère Marie-Antoinette

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Le 16 octobre 1793, la reine Marie-Antoinette était exécutée sur l'actuelle place de la Concorde au terme d'une ignoble parodie de justice où l'on s'en prit autant à la reine qu'à la mère pour en faire une nouvelle Agrippine 1.

 

Le 26 juillet 2024, lors de la Cérémonie d'ouverture des JO 2024, les descendants idéologiques des terroristes d'octobre 1793, soutiens de ceux d'octobre 2023, ont montré le visage sanglant et vil de leur sinistre obscurantisme.

 

Il y a un peu plus de trente ans maintenant, le 15 octobre 1993 2, je rendais hommage à la Reine martyre en composant un poème que je lui dédiais ainsi qu'à Jean Chalon 3, son amoureux dévoué et infatigable défenseur:

 

Chère Marie-Antoinette,

 

Lors de votre hyménée le peuple était en liesse.

Conquis par votre grâce et votre dignité,

Il se réjouissait sans l'avoir mérité,

Que fût reine bientôt cette aimable princesse.

 

En amour votre époux ne fit point de prouesses.

Alors l'ennui naquit de l'infécondité.

Les conseils maternels vous auriez médités,

Vous auriez évité des erreurs de jeunesse,

 

Quelques fréquentations, d'imprudentes adresses,

Que surent exploiter, par des insanités,

Des plumitifs en mal de pures vérités.

 

Des rires égayaient encore votre Altesse.

Mais après des bonheurs vinrent l'iniquité,

Les primes atteintes à votre intégrité.

 

                      *        *

                           *

 

Vous êtes très belle, reine de l'élégance.

Vous ne pouvez souffrir les importunités

Et l'on encourage vos moindres vanités,

En ne réfrénant pas vos coquettes dépenses,

 

Qui ne sont que gouttes dans le puits des finances,

Mais dont vos mérites sortent discrédités,

Alors que par ailleurs vous faites charité.

Vous assurez au roi une vraie descendance,

 

Mais c'est insuffisant contre les manigances

Qui vous entretiennent l'impopularité.

La cour, ce cloaque contre vous irrité,

 

Est l'enclos où sévit la pire des engeances

Qu'insupporte avant tout votre sincérité

Et qui vous va salir pour la postérité.

 

                    *        *

                         *

 

La Révolution naît et le Dauphin se meurt.

Et s'élève dès lors le douloureux calvaire

Où sera transpercé votre doux coeur de mère.

Sur le pays s'abat la funeste Terreur.

 

Les idées mortelles font désormais fureur.

Vous êtes l'ennemie deux fois héréditaire.

Vous priez le vrai Dieu, celui des réfractaires,

Et vous êtes d'Autriche où règne l'Empereur.

 

Pour la populace vous incarnez l'horreur.

Deux mondes opposés s'affrontent dans la guerre.

Vous êtes de France qui rayonnait naguère.

 

Séparée des vôtres, sous le couteau vengeur,

Vos blonds cheveux blanchis, pardonnant à vos frères,

Pour le Ciel, apaisée, vous quittez donc la Terre.

 

Francis Richard

 

1 - Citation extraite de l'Histoire et dictionnaire de la Révolution française, parue chez Bouquins en 1987.

2 - En la fête de Sainte Thérèse d'Avila.

3 - Auteur d'une biographie intitulée Chère Marie-Antoinette, parue chez Perrin en 1988.

 

Publication commune LesObservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

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