Par qui la liberté d’expression est-elle menacée en Suisse ?

post_thumb_default

Par qui la liberté d’expression est-elle menacée en Suisse ?

Depuis plusieurs années et de manière récurrente, des militants d’extrême gauche s’en prennent physiquement, fichent et doxxent leurs opposants politiques. Cette stratégie nuit gravement à la liberté d’expression, partie inhérente de notre identité suisse, et attaque par la même occasion les fondements de notre société démocratique.

 

Le samedi 22 juin 2024 se tenait une soirée d’information organisée par le groupe militant Junge Tat à Langenthal dans le canton de Berne afin de présenter sa récente campagne intitulée <<Remigration>>. Lors de celle-ci, des militants antifascistes sont venus armés de marteaux et de sprays au poivre pour s’en prendre à la manifestation.

Ce type de confrontations violentes se banalisent en Suisse, plus particulièrement dans la région alémanique où des antifascistes s’en étaient déjà pris aux filles du collectif Némésis alors qu’elles mangeaient dans un restaurant à Berne, en lançant des chaises, des couteaux et autres projectiles et ouvrant au passage une militante à l’oreille.

Néanmoins, la partie romande n’est pas en reste : en 2019, trois militants de droite avaient été identifiés et gazés avant de recevoir un jet de bouteilles et de chaises de la part d’une quinzaine d’antifascistes à Genève.

 

Ces exemples nous montrent que la violence de l’extrême gauche n’est pas un phénomène récent

 

Ces exemples nous montrent que la violence de l’extrême gauche n’est pas un phénomène récent. Elle se caractérise par des actions rapides, toujours orchestrées par des individus en majorité numérique et souvent armés à minima de spray au poivre et autres projectiles.

 

Ces actes de violences tout d’abord physiques s’inscrivent dans un processus d’intimidation des ennemis politiques. Lorsque ces méthodes ne suffisent pas, ils ont recourent au fichage et au doxxing des principaux intéressés, dans une tentative désespérée d’exclusion sociale à leur encontre. Cette stratégie a peut-être fonctionné au début du siècle, mais de nos jours seuls les concernés prêtent encore attention aux articles publiés par ces groupuscules. S’ils avaient été un peu plus avisés, ils se seraient donné la peine d’agrémenter leur récit de démonstrations, ce qui aurait donné un peu plus de crédit à leur fantasme. Néanmoins, ils ne sont pas demeurés pour autant puisqu’ils ont conscience des conséquences juridiques de ces actions : tenue intégralement noire, cagoule et casque de moto ou sites hébergés sur d’autres continents pour tenter de préserver au maximum leur anonymat sont alors coutumes.

 

Si nous ne sommes plus en mesure de débattre de nos idées pour convaincre ou trouver un terrain d’entente, c’est à la fois cette identité et la liberté d’expression qui se trouvent menacées

 

Nous pouvons déplorer l’augmentation de ces tentatives de mise sous silence sans pour autant adhérer aux propos et aux positions des militants attaqués : comme l'a souligné Marie-Hélène Miauton dans une chronique pour Le Temps : le système helvétique prône la concordance. La paix et la coopération font partie intégrante de l’identité suisse. Si nous ne sommes plus en mesure de débattre de nos idées pour convaincre ou trouver un terrain d’entente, c’est à la fois cette identité et la liberté d’expression qui se trouvent menacées.

 

Ce droit permet à tout individu de partager librement ses croyances, ses pensées et ses idées, tout en respectant des limites afin de protéger d'autres droits fondamentaux tels que l’interdiction de diffamation ou de discrimination. Dans une société démocratique, il est crucial de pouvoir exprimer ses idées et d’être confronté à des opinions contradictoires. Ce processus contradictoire enrichit le débat public et permet d’évoluer dans les idées et les politiques du pays.

La répression de l’opposition par la force et l’intimidation, la violation des libertés civiles comme le droit de manifester ou la liberté d’expression, la manipulation de l’information par des mensonges sur des groupes et des individus ainsi que le refus de débattre dans les médias avec des personnes aux opinions contraires sont un premier pas vers une société autoritaire ou totalitaire. Il est quelque peu ironique de constater que ceux qui prétendent lutter contre un régime autoritaire en prônant la diversité agressent ceux qui divergent de leur position pour les réduire au silence.

 

Tout devient alors personnel. On ne s’attaque donc plus aux idées, mais aux personnes.

 

Une étude européenne avait d’ailleurs conclu que plus une personne était éduquée, riche, urbaine et de gauche, moins elle acceptait les avis divergents des siens. Ces pseudo-révolutionnaires en sont le parfait exemple : tourmentés par leurs privilèges, ils se voient forcés de devenir les protecteurs de la veuve et de l’orphelin. Une certaine vision du monde n’est plus seulement considérée comme une attitude politique, mais de plus en plus comme une partie de l’identité personnelle. Tout devient alors personnel. On ne s’attaque donc plus aux idées, mais aux personnes.

 

À plusieurs reprises, des conseillers ont alerté sur la menace des groupements d’extrême gauche, dès 2006 déjà. Le Conseil fédéral avait bien admis qu’une grande partie des extrémistes de gauche n’hésite pas à commettre des actes criminels et ne recule pas devant la collaboration avec des individus violents, voire leur donne tout au moins l'occasion d'exprimer leur violence.

 

Il me semble que pour faire face à cette menace, le meilleur moyen est de ne pas céder à la pression

 

Nous sommes à présent mi-2024 et les agressions et tentatives d’intimidation se multiplient. Il me semble que pour faire face à cette menace, le meilleur moyen est de ne pas céder à la pression : il ne faut pas avoir peur de parler de ses idées, surtout à visage découvert. C’est en multipliant les figures que l’on permet aux autres de se rendre compte que cette minorité bruyante ne représente rien. Je pense qu’il est également nécessaire d’avoir une bonne forme physique et de connaître les gestes et réactions à avoir en cas d’agression. Pour les moins téméraires, il est évidemment préférable d’éviter les confrontations directes, bien que l’adrénaline provoquée par des cris semblables à ceux d’une truie qu’on égorgerait, déclenchés par une banderole et deux affiches soit, à mon sens, amusante.

 

Léa Sauchay, pour LesObservateurs.ch

 

4 commentaires

  1. Posté par antoine le

    Et si la droite ou l’extrême-droite utilisait les mêmes méthodes de fichage que la gôche ou extrême-gôche ?
    Que n’entendrait-on pas dans les médias ”aux ordres” et surtout les plaintes en rafales soutenues par une ”j”ustice laxiste à 2 vitesses … !!

  2. Posté par Wawa le

    Réponse : par l’extrême-droite, dont l’autrice du texte supporte manifestement les idées.

  3. Posté par antoine le

    Notre ”j”ustice laxiste qui applique le 2 poids 2 mesures continue de nous faire croire que la loi c’est la loi !
    D’autre part lors de manifestations violentes des antifas, les arrestations sont insignifiantes …
    Est-ce que la police aurait reçu des instructions ”d’en haut”pour ne pas trop pour que l’on ne découvre pas le pot aux roses ?

  4. Posté par Jean Pierre le

    Çes antifas et çes blackbloks viennent tous de famille aisée, qui ont subit un veritable lavage de cerveau dans leur Uni. Çe sont des FASCISTES MONDIALISTES qui veulent empêcher des vrais patrotes de prendre le pouvoir en Suisse. Ils sont protégés politiquement et mediatiquement. Tout est sous contrôle, surtout en Suisse allemande, alors qu’on devrait les mettre sur une liste d’organisation terroriste, et les interdire . Çes groupuscules fascistes representent une menaçe pour notre souveraineté et notre democratie

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.