Ces Français d’origine algérienne qui craignent l’arrivée du RN : « Demander la nationalité algérienne [pour pouvoir rentrer en Algérie] est devenue une urgence »

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Un deuxième passeport, une vraie sécurité ?

Les Français d’origine algérienne sont conscients que l’officialisation d’une extrême-droite au pouvoir peut potentiellement bouleverser leur quotidien en France. Pour certains, il existe une première mesure de protection évidente : s’assurer une place dans leur second pays, afin de parer à n’importe quelle situation politique en France. Nous avons rencontré plusieurs Algériens qui ont accéléré leur demande de nationalité algérienne ou leur renouvellement de passeport.

« J’y pensais depuis un moment mais là ça a tout accéléré. Demander la nationalité algérienne est devenu une urgence. Je pense que ça reste une sécurité quand on est Français descendant d’immigrés dans un pays qui assume de plus en plus son racisme et serait prêt à l’institutionnaliser à travers des lois », raconte Celia, une franco-algérienne basée à Paris. « C’est une évidence. Plus j’ai de passeports et plus je suis en sécurité », estime Amine, basé en région parisienne.

Ces Algériens sont-ils alarmistes ou lucides ? Pour l’heure les intentions de l’extrême-droite laissent penser que les Algériens ayant une nationalité française et une résidence longue ne seront pas impactés par les mesures législatives de l’extrême-droite si cette dernière accède au pouvoir. Cependant c’est sur le plan idéologique que certains Français d’origine algérienne craignent de ne plus se sentir chez eux en France. Que reste-t-il dans un pays qui assume publiquement de voter massivement pour des partis attisant une hostilité constante à l’égard des Algériens de France ?

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D’où la nécessité de compter sur un autre « chez soi ». ‘Je ne vais pas attendre d’être exclu de mon propre pays pour réagir. J’ai subi pas mal d’agressions racistes ces dernières années. Je sens que ma place est constamment menacée au travail. Je fais profil bas pour le moment, mais jusqu’à quand ?”, s’interroge Amine. « Je n’en peux plus et surtout je ne suis pas du tout assuré que les choses ne vont pas empirer. Avoir un passeport algérien valide me rassure. Je pourrais toujours me réfugier dans mon second pays ou un autre État qui reconnaît ma nationalité algérienne », estime Amine. Difficile d’être rassuré dans une France qui peine à avoir de bonnes relations avec sa communauté algérienne depuis plusieurs années.

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En face, l’Algérie fait des appels du pied à ses ressortissants de l’étranger en leur facilitant l’accès au pays. Les autorités algériennes n’hésitent pas à valoriser la diaspora algérienne en l’invitant à s’impliquer dans les prochaines élections algériennes ou encore à venir investir dans leur second pays qui les accueillera toujours les bras grands ouverts. Des arguments qui pourraient faire mouche auprès des Algériens de France effrayés par cette extrême-droite française de plus en plus puissante.

Même si le scénario d’une extrême-droite au pouvoir en France reste hypothétique pour le moment, certains Algériens de France veulent déjà penser à l’avenir. La montée des droites ne concerne pas seulement la France mais une grande partie de l’Europe. Pour les Algériens de la 2e et la 3e génération, il faut d’ores et déjà imaginer un avenir sombre pour les non-Européens, notamment les Algériens. Certains parents prennent les devants pour leurs enfants et demandent pour eux la nationalité algérienne.

« J’ai paniqué quand j’ai vu que j’avais perdu mon S12 (acte de naissance spécial) et ceux de mes enfants. J’ai réalisé que j’avais peur de ne pouvoir vivre qu’en France. Conserver ma nationalité algérienne et la transmettre à mes enfants est un choix qui me rassure. J’ai appelé le Consulat algérien pour m’assurer que je pouvais quand même renouveler mes papiers algériens et faire ceux de mes enfants. Ils m’ont dit que oui, j’étais soulagée », raconte Rania, à Lyon.

« Je sais que c’est une drôle de démarche. Mes enfants ne sont jamais allés en Algérie, ils ne parlent pas un mot d’arabe. Je veux juste leur donner une option par sécurité. C’est assez instinctif », estime Rania, mère de trois enfants. À l’heure actuelle, il n’est pas possible de chiffrer les demandes de passeports afin de voir si l’on peut observer une recrudescence de demandes dans les consulats algériens de France.

TSA

 

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