Quand Albert Camus me parlait de l’Europe qu’il voulait…

 

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Les prochaines élections européennes du 9 juin, ainsi que les annonces catastrophiques de tous les partis écologistes qui se présentent, m’ont replongé dans le souvenir de certaines conversations que j’ai eu le privilège de partager avec Albert Camus entre fin 1958 et décembre 1959, notamment sur l’Europe, alors qu’il m’avait rendu visite au siège du quotidien L’Aurore, rue Richelieu et que j’avais eu le plaisir de présenter Camus à mon patron Robert Lazurick.

Il ne s’agissait pas, bien entendu, de l’Union européenne des 27 mais de celle voulue par Robert Schuman le 9 mai 1950. Albert Camus ne comprenait pas que cette Europe ne soit pas celle qu’il aurait souhaitée. C’est-à-dire une Europe composée de la France, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Grèce, la Belgique et, à la rigueur, de l’Angleterre.

Je suis persuadé qu’il n’aurait pas désapprouvé la participation des Pays-Bas et de la Suède (qui venait de l’honorer du Prix Nobel), mais surtout, et il insistait sur ce point, une Europe qui laissait leur pleine souveraineté à tous les pays membres, avec leurs propres frontières, donc plutôt une Union économique et commerciale. « Il faut se ressembler pour se comprendre et garder toujours présent à l’esprit que quand la responsabilité n’est nulle part, l’anarchie s’installe partout ».

(Camus entendait certainement « qu’il ne fallait en aucun cas « donner la responsabilité des décisions régaliennes à des responsables d’une Europe sans frontières.)

Toujours au cours de ce même automne 59, nous avions assisté à une représentation de La famille Hernandez, si je me souviens bien au Théâtre Grammont, puis avions dîné dans une brasserie du boulevard des Italiens. La conversation était venue sur le folklore, puis notre soleil méditerranéen et, enfin, sur le climat en général et l’une de ses réflexions me revient en mémoire car elle est d’actualité aujourd’hui : « Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La nôtre sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse ».

Que sommes-nous obligés de constater actuellement, alors que les écologistes de tous pays nous  baratinent pour que, dans quelques décennies, le monde soit magnifique ? Les dirigeants de tous ces mêmes pays se précipitent pour que notre monde se défasse dans des conflits mais, ce qui serait effroyable, dans une troisième guerre mondiale nucléaire.

Manuel Gomez

 

Extrait de: Source et auteur

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