Plus de 350 ex-musulmans ont été baptisés cette année à Pâques. Soit 5% des adultes, une constante depuis 10 ans. Un lourd défi pour les paroisses, chargées de les accompagner dans le chemin de croix qui les attend.
Août 2003. Dans une pièce sombre, porte verrouillée, Myriam entend sans les écouter des sourates du Coran résonner en boucle. La douleur des coups assénés par son mari se fait plus lancinante. Son tort ? Avoir manifesté son mécontentement en découvrant l’existence de sa deuxième épouse en Algérie. Au milieu de cet enfer, pourtant, Myriam reçoit, dit-elle, «des apparitions». De la Vierge Marie. Elle la prie et est «exaucée» : délivrée, elle repart en France avec ses enfants. Après un long chemin de reconstruction, la Française, séparée de son mari, reçoit finalement le baptême à Antibes en 2018, à 52 ans.
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En 2023, ils étaient environ 160 (3% des baptisés adultes) ; en 2022, environ 215 (5%) ; en 2021, près de 230 (7%). Si l’on ajoute les conversions au protestantisme et à l’orthodoxie, il y aurait même plusieurs milliers de convertis au christianisme issus de l’islam chaque année. Chiffre invérifiable toutefois car beaucoup vivent leur foi dans le plus grand secret, par crainte de représailles. En effet, leur conversion se fait souvent au prix d’un long chemin de croix. Qui ne s’arrête pas, tant s’en faut, au jour de leur baptême. Un défi de taille pour l’Église, qui regarde avec réjouissance, comme avec prudence, ces nouveaux venus de l’islam. […]
Dans l’islam, l’apostasie est condamnée par le Coran : le verset 217 de la deuxième sourate promet un châtiment divin à ceux qui quittent la religion. Certains hadiths – propos attribués au prophète Mahomet – vouent même une mort immédiate aux apostats.
Un grand nombre de ces convertis sont confrontés à l’ostracisation. «Sur mes cinq enfants, deux me rejettent : pour eux, je suis une mécréante», témoigne Myriam. D’autres finissent à la rue, conduisant des paroisses à leur trouver, non sans peine, un logement d’urgence. Aujourd’hui, Chaïnez n’est plus en contact avec une grande partie de sa famille. «Mon frère m’a dit : ‘maman a pété un plomb quand elle a su que tu étais devenue chrétienne’. Je n’ai invité personne de ma famille à mon baptême, ce serait vu comme une provocation», souffle-t-elle. «Quand une amie musulmane a vu ma croix, elle a failli fuir», reprend Chaïnez. Certains sont même menacés physiquement. «Une baptisée récemment m’a dit : si ma famille le sait, elle me tue», confie le père T. […]
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