À la votation populaire sur l’AVS du 3 mars 2024, dire deux fois non.

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Les deux initiatives relatives à l'AVS, objets de la votation du 3 mars 2024, se fondent toutes deux sur une vision collectiviste et immorale de la société. Une vision collectiviste et immorale parce qu'il s'agit de donner aux bénéficiaires de rentes ce que l'on prend aux actifs, ce qui s'appelle du vol.

Les cotisants à l'AVS, retraite par répartition, croient naïvement que ce sont leurs cotisations qui génèrent leurs rentes futures: que nenni ! Les bénéficiaires de l'AVS croient tout aussi naïvement que leurs rentes correspondent aux cotisations qu'ils ont versées pendant leur activité: que nenni !

Pour s'en convaincre il suffit de consulter les finances de l'AVS, qui porte bien mal son nom - Assurance vieillesse et survivants -, puisqu'il s'agit de tout sauf d'une assurance, mais plutôt d'un puits sans fond.

Comment cela fonctionne-t-il ? En 2022, dernière année connue, le résultat de la répartition, qui s'élève à 49'439 millions de francs, se décompose comme suit:

  • cotisations: 36'266 millions, soit 73,5%,
  • contributions des pouvoirs publics: 13'170 millions, soit 26,5%

À ce résultat il faut ajouter le produit du capital, 569 millions, et les variations de valeur du capital, - 4'906 millions (2022 est une années particulièrement mauvaise, après trois années positives), pour obtenir le résultat d'exploitation, soit 45'102 millions.

Que représentent les prestations sociales, c'est-à-dire les dépenses? 47'597 millions de francs. Et le capital? 98% de ce montant, soit moins d'une année de rentes.

Qu'est-ce que cela signifie ? Que les cotisations sont largement insuffisantes pour payer les rentes et que les pouvoirs publics, c'est-à-dire les contribuables, doivent indéfiniment mettre la main au portefeuille pour assurer lesdites rentes.

Dans la classe politique, rares sont ceux qui rappellent le principe avoué de l'AVS dont les comptes désastreux sont la conséquence:

L'AVS se fonde en premier lieu sur le principe de la solidarité entre les générations. Les rentes en cours sont avant tout financées par les générations dites actives qui, à leur tour, bénéficieront des cotisations apportées par les jeunes générations.

Autrement dit, il s'agit d'une prétendue solidarité et d'un système de Ponzi, lequel consiste à utiliser le produit des contributeurs actuels pour payer les promesses faites aux contributeurs précédents, comme le rappelaient à juste titre Pierre Bessard et Paolo Pamini dans leur étude Au-delà du mythe des trois piliers.

Or un tel système est considéré, quand il est utilisé dans le privé, comme une escroquerie, un système illégal et frauduleux, contraire à La loi fédérale contre la concurrence déloyale. Mais, dans le public, tout semble permis, même le pire...

Les deux objets de la votation du 3 mars consistent à faire  davantage encore payer les actifs d'aujourd'hui au profit des actifs d'hier:

  • soit en augmentant leurs cotisations pour payer une 13e rente,
  • soit en repoussant l'âge de la retraite ordinaire suivant une formule mathématique et technocratique pour éviter l'inéluctable collision contre le mur de la réalité.

Il faut donc dire deux fois non, et, plutôt que de chercher à pérenniser un système frauduleux, le remettre en cause et revenir à l'éthique sans laquelle il n'est pas de réelle efficacité.

Le système des retraites par répartition s'effondrera, tôt ou tard, en raison d'une démographie et d'une longévité qui accentueront les effets de son principe immoral. Les solutions existent. Pierre Bessard et Paolo Pamini en proposaient dans leur étude citée plus haut...

 

Francis Richard

 

Publication commune LesObservateurs.ch et Le blog de Francis Richard.

3 commentaires

  1. Posté par Jean-Francois Morf le

    L’autre système, la capitalisation du 2ème pilier, est quand même un transfert, car c’est bien les actifs qui, par leur travail, créeront les dividendes servis aux retraités.
    Mais ce qui n’est pas normal c’est que les patrons qui virent leurs employés soient “récompensés” en ayant le droit de reprendre “leur” part patronale.
    J’avais 80’000 Fr de capital, et Sonceboz SA avait repris 40’000 Fr!
    Donné c’est donné, reprendre c’est voler.

  2. Posté par Rikiki le

    Voilà certainement un joyeux nanti qui n’a aucun soucis pour la sortie de ses activités é sa retraite.

  3. Posté par antoine le

    Lorsqu’on a 40’000 Frs par mois on peut mettre de l’argent sur un 3ème pilier. Certains retraités aujourd’hui tirent le diable par que queue pour finir le mois !!
    Va-t-on laisser la pauvreté gagner du terrain dans un des pays les plus riches ?
    Faut-il revoir complètement le système de l’AVS ?
    Si oui pourquoi attendre …
    La démographie va vers un vieillissement général de la population, nos autorités le savent depuis des dizaines d’années; ils ont tous les chiffres mais n’en tiennent pas compte.
    Lorsqu’on est à la retraite, un coup de pouce fera du bien !
    C’est tout ça de gagné.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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