Défendre la littérature !

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Pour l’avocat Pierre-Henri Bovis, la récente tribune signée par des « poètes » et des « écrivains » pour protester contre le parrainage de Sylvain Tesson du Printemps des poètes constitue une nouvelle manifestation de l’intolérance woke. Combattre la cancel culture, c’est défendre la littérature.


C’est par une nouvelle tribune, rédigée naturellement en écriture inclusive, que la cancel culture s’est manifestée le 19 janvier, dans Libération, en s’opposant vigoureusement à la nomination de l’écrivain Sylvain Tesson en tant que parrain du Printemps des poètes 2024.

Le mouvement wokiste ne cesse de se propager dans les milieux culturels, littéraires, musicaux, cinématographiques, et impose sa nouvelle vision du monde. Les nains de Blanche-Neige sont discriminants, le baiser de la belle au bois dormant est un appel au viol tandis que Peter Pan est à la frontière de la pédophilie. Le chanteur et compositeur Kanye West n’a pas résisté à ce déferlement qui abat un peu plus à chaque passage les digues de la liberté d’expression. Agatha Christie n’a pas su résister longtemps aux fourches caudines de cette nouvelle gauche qui s’érige en maître de la bien-pensance en proposant la réécriture d’œuvres littéraires. À se demander si Hannah Arendt ne serait pas bientôt la prochaine cible.

Ce mouvement, quasi orwellien, s’immisce également dans le milieu du droit. Le cas de Jonathan Daval est criant, tant le métier d’avocat a subi des coups de canifs d’une association néo-féministe dont la réflexion ne semblait pas le premier atout. Cette association considérait que la défense de Jonathan Daval faisait peser la responsabilité du crime sur la victime. Un avocat qui assure au mieux la défense de ce genre de criminels serait d’ailleurs complice de ces méfaits au point d’oublier la notion même de « défendre » et la vocation première d’un avocat, qui est un « vir bonus, dicendi peritus ».

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Désormais, l’écrivain Sylvain Tesson en fait les frais. Cet écrivain baroudeur, à la découverte du monde, à l’image d’Ernest Hemingway qui titubait au bar du Ritz, ou de Jack London aventurier invétéré, est une figure incontestable de la littérature française.

Mais sa nomination en tant que parrain du Printemps des poètes 2024 est vécue par certains comme un affront et un appel du pied à l’extrême droite. Ses écrits ne seraient pas jugés assez orientés à gauche politiquement. Le reproche principal, outre son penchant « traditionnaliste », est la rédaction de la préface d’un ouvrage écrit par un autre écrivain de renom, Jean Raspail qui, malgré ce que l’on pense, a manqué de peu de siéger à l’Académie française au fauteuil du philosophe Jean Guitton.

Pour ces quelques raisons, la gauche tente de faire taire Sylvain Tesson. Inutile de perdre son temps à polémiquer, débattre, échanger, discuter, il faut le censurer pour une quasi-atteinte aux bonnes mœurs. C’est à se demander si ce n’est pas bientôt le retour aux grands procès du XIXe au cours duquel le procureur impérial Pinard s’acharnait contre les Fleurs du Mal et Madame Bovary pour séduire Napoléon III.

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Si le procureur impérial n’est plus, la mentalité demeure intacte et se traduit de nos jours par des appels à signer des pétitions visant la censure. Or, dans ces cas précis, les pétitions reflètent cette facilité de mettre au ban un individu par ses signataires qui n’ont écrit aucune ligne ni pesé aucun mot. Apposer son nom permet, lâchement, de se donner une soi-disant bonne conscience. Pourtant, dans un tel cas de censure, la pétition affiche une détestation, une haine de l’autre, au point de vouloir l’interdire.

Loin de la philosophie de Voltaire selon laquelle chaque individu doit pouvoir s’exprimer, nonobstant la contradiction sévère que nous pouvons lui apporter, cette nouvelle génération wokiste souhaite arbitrairement censurer, interdire, cacher, effacer, dissimuler.

L’ensemble des signataires, pour la plupart inconnus, a permis une nouvelle fois de faire vivre cet appauvrissement sévère de l’esprit, cette négation de la diversité du génie humain. Il faut pourtant se féliciter des nombreux soutiens politiques apportés à Sylvain Tesson et, plus que de le soutenir, acheter et lire ses écrits permettra de lutter contre cette déferlante qui veut détricoter, jour après jour, notre patrimoine sacré.

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