Quelques jours après sa victoire électorale écrasante, le nouveau président élu de l’Argentine, Javier Milei, a félicité Geert Wilders, le leader du Parti pour la liberté (PVV), vainqueur des dernières élections législatives, saluant ses positions très libérales et son admiration pour Israël. Qualifié de “Trump néerlandais”, Wilders est le seul homme politique des Pays-Bas qui s’oppose catégoriquement à l’immigration clandestine depuis des décennies et même à l’islam, donc pas seulement à l’islamisme, dont l’obscurantisme et la violence n’ont pas choqué seulement l’extrême droite mais l’ensemble de la société néerlandaise, jadis réputée la plus tolérante du monde, qui s’est sentie payée d’ingratitude par une immigration extra-européenne accusée d’avoir abusé de ses valeurs d’ouverture et de la menacer de l’intérieur.
Dénonciation de la menace islamiste mondiale
Dans un contexte de violentes manifestations de réfugiés arabes en faveur du Hamas, une majorité de Néerlandais a rejeté ainsi massivement l’immigration musulmane et extra-européenne, un phénomène constaté également dans un autre pays jadis à la pointe de l’ouverture, la Suède. Partout en Europe, le camp populiste a été encouragé par les attaques terroristes du Hamas en Israël et celles qui ont suivi à Arras et à Bruxelles dans sa dénonciation de la menace islamiste mondiale et de l’immigration islamique incontrôlée. D’où les postures non seulement pro-israéliennes mais aussi de rejet de l’antisémitisme face à la judéophobie islamiste décomplexée.
Cette droite populiste n’a en fait rien à voir avec l’extrême droite nazie-fasciste.
De l’Italie de Giorgia Meloni à la Hongrie de Viktor Orbán, en très bons termes avec Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, à la Slovaquie de Robert Fico, cette droite populiste n’a en fait rien à voir avec l’extrême droite nazie-fasciste puisqu’elle est judéophile, parlementariste, démocratique, pro-israélienne, antiétatiste, libérale en économie, c’est-à-dire l’antithèse du nazisme. Cette nouvelle droite populiste, qui a été boostée par les succès et la persistance du trumpisme aux États-Unis, et qui est incarnée par le parti de Bolsonaro au Brésil, arrivé en tête des élections législatives et des gouverneurs — malgré la victoire de Lula à la présidentielle —, gagne du terrain partout en Occident.
En France, le RN donné en tête aux européennes
On peut ajouter à ces partis de gouvernement les populistes membres de coalitions électorales en Finlande, en Lettonie ou en Suède. En France, le Rassemblement national est donné en tête des élections européennes, avec 29 % des voix selon une enquête Ipsos. En Allemagne, les sondages donnent le parti AfD en deuxième position avec 21 % d’intentions de vote. Au Portugal, où le Premier ministre socialiste a démissionné face à des accusations de corruption, le parti anti-immigration Chega dépasse les 15 %. Chega bataille d’ailleurs pour empêcher l’adoption d’un texte sur Israël-Gaza considéré comme hostile à l’État juif. De même, son alter ego en Espagne, Vox, dénonce, comme Marine Le Pen en France, l’antisémitisme islamiste. Depuis le 7 octobre, il martèle “pas un euro pour le Hamas”, et exige la suppression de l’aide envers la Palestine risquant de parvenir à Gaza. En Autriche, le FPÖ, qui domine l’échiquier politique, a été lui aussi tenté par un recentrage judéophile/philo-sioniste.
Le Likoud a ainsi rompu avec la politique israélienne passée de boycott des droites dures occidentales.
D’où le changement d’attitude des autorités israéliennes vis-à-vis du FPÖ, dont le leader en 2016, Heinz-Christian Strache, s’était rendu à Jérusalem, au mémorial de la Shoah, Yad Vashem. D’une manière générale, ces évolutions ont suscité un regard nouveau de la part d’Israël, en particulier du Likoud de Benyamin Nétanyahou. Ce dernier a non seulement reçu M. Strache à Jérusalem, mais il a accepté en 2017 que Nicolas Bay, alors secrétaire général du Front national, qui s’était également rendu à Jérusalem, rencontre des cadres du Likoud.
Le Likoud a ainsi rompu avec la politique israélienne passée de boycott des droites dures occidentales depuis que celles-ci ont changé leurs positions vis-à-vis de l’antisémitisme et sont devenues des défenseurs zélés d’Israël. Les points de convergence sont : le rejet de la gauche pro-islamiste/propalestinienne et de l’islamisme radical, et la défense du souverainisme, d’où les déclarations israéliennes hostiles envers le sans-frontiériste George Soros accusé de porter « atteinte aux gouvernements israéliens démocratiquement élus en finançant des organisations qui diffament l’État juif et cherchent à lui nier le droit à se défendre ».
L’article Alexandre del Valle : Les populistes occidentaux, meilleurs défenseurs d’Israël et des juifs ? est apparu en premier sur Valeurs actuelles.
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