À l’occasion de la sortie du livre d’art « Shakespeare-Bilal – Une rencontre », le plus illustre et visionnaire des dessinateurs de BD livre ses inquiétudes, immenses, sur la marche du monde.
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Celui qui avait annoncé la chute des tours du World Trade Center – dans le package, il avait également mis la tour Eiffel ; maintenant, dans Bug, il la fait pencher… – s’alarme à présent devant nous : « On a laissé le cheval de Troie entrer. Cela fait trente ans que j’annonce à mes copains qu’avec l’islamisme on est foutus. Au moment où les Frères musulmans sont apparus en Afghanistan, j’ai fait Le Sommeil du monstre, un livre très dur sorti en 1998 et vendu à 300 000 exemplaires ; mon propos était à 100 % inspiré par les Frères musulmans mais, à l’époque, je ne voulais pas nommer, et donc cibler, une seule religion. Aussi ai-je choisi de parler des trois monothéismes. Dans vingt ans, et probablement moins, peut-être seulement dix, on ne reconnaîtra plus l’Europe. On assiste à la fin d’un monde, d’un grand monde, notre Occident. Et la fin de l’Occident secrète cette espèce de maccarthysme à l’envers qui s’appelle le wokisme et qui produit de la haine d’Israël, du capitalisme, de l’homme blanc. Il faut un incroyable aveuglement, et même une forme d’hémiplégie intellectuelle, pour ne pas voir ce qu’est l’islamisation du monde. Comment se fait-il que cela ait échappé à la jeunesse et aux wokistes ? Comment peut-on être wokiste, c’est-à-dire intégrer le néoféminisme, et islamo-gauchiste ? Je ne comprends pas ! Est-ce qu’on a entendu les néoféministes sur les femmes iraniennes ? Les associations LGBT qui manifestent pour les Palestiniens savent-elles comment les homosexuels sont traités à Gaza ? L’inculture est en train de gagner. Et le politique de s’autoanéantir. » L’inquiétude le brûle, et nous avec, a fortiori quand il nous confie n’être pas mécontent, dans ces circonstances, de ne pas avoir d’enfant. « J’espère que parmi les jeunes qui s’enflamment pour l’avenir de la planète il y en a qui sont également intéressés par l’humanisme… De nouvelles idées doivent naître. Cela ne peut pas venir des politiques d’aujourd’hui. » Ce n’est pas parce qu’il ne vote plus depuis Mitterrand, et plus précisément depuis que Mitterrand l’a déçu, qu’il a renoncé à se passionner pour la politique. Sur la table basse à nos pieds sont étalés les quotidiens du dimanche : La Tribune Dimanche, Le Parisien, le JDD. « C’est avec cette matière première que je bâtis mon univers ; mes thématiques sont nourries par la marche du monde. »
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