Marie Toussaint : une radicale déguisée en sainte à la tête d’EELV

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L’émergence de l’écologie politique a sensibilisé davantage de personnes aux enjeux environnementaux. Marie Toussaint, nommée tête de liste d’EELV aux élections européennes, est avant tout une activiste aux positions radicales, malgré l’image lisse d’une juriste en droit international de l’environnement.

Une image destinée à masquer les dérives d’un parti incarnant aujourd’hui l’importation du wokisme américain et dont nous peinons à comprendre la réelle signification du vert porté fièrement par ce mouvement. Le clientélisme de l’édile strasbourgeoise, puis l’invitation d’un rappeur soupçonné d’antisémitisme à ses universités d’été mettent l’accent sur le caractère désormais accessoire d’un écologisme pourtant fondateur du mouvement.

L’élection européenne ayant toujours été la plus favorable à ce parti, il semble avoir décidé de placer une écologiste pur fruit.

Le principal fait d’armes de la nouvelle égérie écologiste n’est autre que la condamnation de l’État français pour inaction climatique en 2021 dans ce qu’on a appelé L’Affaire du siècle.

Cette affaire est le fruit d’un travail intellectuel et juridique ayant conduit à l’émergence d’une justice climatique. Ce raisonnement tient en une phrase simple : la Nature est un sujet de droit, il est donc possible de condamner quelqu’un pour l’avoir agressé ou pour non-assistance à personne en danger. Autant dire que nous sommes face à un changement de paradigme juridique total.

 

Les « droits de la nature »

Moins d’un an après son entrée au Parlement de Strasbourg, Marie Toussaint rassemble toutes les initiatives et tous les acteurs de l’environnementalisme européen afin de mener une réflexion sur la question des droits de la Nature. Une des conséquences sera la première Déclaration des droits d’un cours d’eau : en Corse, le fleuve Tavignanu est considéré comme « une entité vivante » et une « personne juridique » ayant des « droits fondamentaux ».

La nature ayant des droits, elle est donc susceptible d’être reconnue comme victime.

Ce raisonnement part ici du principe de l’existence d’un droit à un environnement sain. Ce « droit à » est un droit créance et donc un faux droit, car soumis à l’existence d’une obligation-dette frappant généralement le contribuable qui n’a rien demandé. Marie Toussaint en fait donc un corollaire de la justice sociale, fondée sur le même concept de droits créances. L’idée est ici d’appliquer à l’environnement les principes de la redistribution, et donc d’égal accès aux ressources.

Outre cette nouvelle illustration de l’écologisme comme nouvel avatar du socialisme, Marie Toussaint parle de « violences environnementales », terme inspiré de celui de « violences conjugales », laissant peu de place à l’interprétation.

 

Une victime d’agression …

Issu d’un livre co-écrit avec une ex-égérie des Gilets jaunes, les concepts de violences et de justice environnementale sont très clairs : l’Homme a asservi la Terre, et celle-ci en fait payer les conséquences d’abord aux plus modestes. La nature, comme les nécessiteux, sont donc tous les deux victimes du même oppresseur.

Puisque la nature a des droits et qu’elle peut être victime de violences, elle peut également être victime de meurtre.

Les mots sont des armes idéologiques : après le « féminicide » entré dans le langage commun par un travail de culpabilisation de toute personne tentant de prendre du recul, après « francocide » lancé par Éric Zemmour, et cette fois totalement ostracisé par la même police sémantique, découvrez le mot « écocide », désignant les crimes contre la nature.

Une nouvelle fois, Marie Toussaint a mené un travail de lobbying en amenant le Parlement européen à appeler à la reconnaissance de cette infraction dans le droit interne des États membres. L’eurodéputée ira jusqu’à initier la création d’un mouvement international de parlementaires pour la reconnaissance de ce crime.

 

… et d’inaction

Une fois que nous avons bien identifié la victime, qu’en est-il de l’accusé ?

L’Homme, évidemment ! Mais attention, pas l’homme avec un petit « h » mais bien avec un grand. Marie Toussaint n’est pas encore au stade de Sandrine Rousseau, accusant le sexe masculin d’être à l’origine du réchauffement climatique. Marie Toussaint a une image à préserver.

Cette image, elle a une nouvelle fois su s’en servir avec l’Affaire du siècle, lancée en 2018. Déjà évoquée dans nos colonnes à l’époque, l’initiative de quatre ONG subventionnées par l’État a démarré par une pétition en opposition à celle des Gilets jaunes. Avant d’être récupérés par l’extrême gauche, ces derniers protestaient contre la fiscalité punitive, alors que Marie Toussaint et ses amis dénonçaient l’inaction climatique, et appelaient donc à augmenter la pression réglementaire et fiscale.

L’État sera condamné pour inaction dans la lutte contre le réchauffement climatique. Puisque la nature est un sujet de droit potentiellement victime de violences et de meurtre, l’inaction contre les agressions est condamnable, au même titre que la non-assistance à personne en danger.

 

La nature n’est pas sujet de droits

Sauf que toute cette histoire se fonde à partir d’une prémisse totalement fausse.

Détachons-nous du droit positif, reflet de l’humeur des peuples dont l’écologisme n’est qu’un exemple.

Depuis Rome, un sujet de droit est une personne juridique, avec nom, nationalité et adresse. Cette personnalité lui donne une capacité juridique, c’est-à-dire le droit d’ester en justice et d’avoir un patrimoine.

Cette capacité permet à la personne juridique d’être à la fois créancière de droits et débitrice d’obligations envers ses semblables.

La nature n’est pas une personne. Elle est multiple, et même en en prenant des fragments (rivières, animaux, plantes…) ceux-ci ne sont pas animés par le libre-arbitre, mais par des lois déterministes. La nature ne saurait avoir de personnalité, car elle n’est pas animée par une volonté, mais par des lois physiques et des instincts.

La question des droits n’a rien à voir avec du droit mais relève d’une simple nécessité idéologique.

 

Une orthopraxie païenne aux relents totalitaires

Le combat porté par Marie Toussaint ne sort pas EELV de sa tentation extrémiste.

Bien au contraire, puisqu’il s’appuie sur deux éléments fondamentaux de l’extrémisme politique : la démagogie et l’opposition Eux-Nous. La démagogie est ici bien marquée par l’utilisation du format pétitionnaire pour faire émerger la problématique de l’Affaire du siècle, se fondant donc avant tout sur la masse, et non sur la pertinence des raisonnements.

Cette démagogie s’appuie sur un écologisme moderne devenu une véritable religion. L’écologisme moderne a tout d’une orthopraxie païenne, avec ses blasphèmes et ses inquisiteurs, ses sacrifices et son apocalypse. Une orthopraxie car, comme dans le judaïsme et l’islam, l’écologie moderne exige des comportements individuels et quotidiens précis ; païenne car elle n’est rien d’autre qu’un renouveau du culte de Gaïa.

Cet aspect religieux est renforcé par le caractère terrifiant de l’apocalypse annoncée par ses prophètes, provoquant vagues de dépressions et de violences, contraignant mêmes nos élus à calibrer chaque aspect de nos vies sur ce principe.

À cette démagogie s’ajoute donc un fort clivage Eux-Nous propre aux doctrines extrémistes. En l’espèce, ce clivage est marxiste, puisque fondé sur un oppresseur (l’Homme), et un opprimé (la Nature et ses damnés issus du tiers monde).

Par son image lisse dissimulant un fanatisme écologiste, Marie Toussaint n’en est donc que plus dangereuse.

 

Extrait de: Source et auteur

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