Edimbourg : capitale de la cancel culture ?

 

En Écosse, la cancel culture passe à l’offensive. À l’occasion de l’Edinburgh Festival Fringe, un des humoristes les plus célèbres du monde anglophone a vu annuler son spectacle, à cause de ses opinions sur la question trans. Reportage au wokistan.


Leith Arches est une salle de concert et de spectacle réputée, située au cœur d’Edimbourg. Chaque année, elle reçoit de nombreux chanteurs et artistes de tout le Royaume Uni et au-delà. En août et septembre, elle accueille certaines des manifestations du célèbre Edinburgh Festival Fringe, version « off » du Festival international d’Edimbourg. Le 15 août, Leith Arches a annoncé l’annulation d’un spectacle organisé par Comedy Unleashed, un club d’humoristes engagés en faveur de la liberté d’expression. Parmi eux, Andrew Doyle, le créateur de Titania McGrath, un personnage fictif qui satirise les absurdités de la culture woke. La raison de l’annulation? La participation au spectacle de l’humoriste et scénariste, Graham Linehan, créateur de plusieurs téléséries comiques ayant connu un grand succès outre-Manche, comme Father Ted (1995-1998), Black Books (2000-2004) et The IT Crowd (2006-2013). Linehan n’a jamais caché ses opinions critiques au sujet du transgenrisme. La direction de Leith Arches, qui a accueilli de nombreux spectacles de drag queens, a justifié la censure de Lineham en prétendant que sa présence n’était pas en accord avec ses valeurs inclusives. Dans un post Instagram publié le 16 août, la direction s’est expliquée de manière décomplexée : « Nous travaillons en étroite relation avec la communauté LGBT+, qui représente une part considérable de nos revenus. Nous croyons qu’accueillir [Graham Linehan] aurait des répercussions négatives sur nos futures recettes ». Elle a ajouté que « la décision n’a pas été influencée par la pression d’activistes en ligne, mais par la communauté qui utilise régulièrement cet espace de manière hebdomadaire et mensuelle ». Après qu’une deuxième salle l’a annulé, l’humoriste a reprogrammé son spectacle, le 17 août,… devant le Parlement écossais, à Edimbourg, permettant aux spectateurs ayant réservé leur place d’assister tout de même à ses numéros comiques.

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L’affaire Graham Linehan n’est pas une exception dans le cadre de ce festival, bien au contraire. La comique Kate Copstick, une habituée du festival, a avoué « n’avoir jamais vu le Fringe censurer autant », après l’annulation au mois de mai de la prestation d’une députée féministe du Parti indépendantiste écossais (SNP), Johanna Cherry, qui avait tenu des propos considérés comme transphobes. Finalement, sa prestation au Stand Comedy Club, une salle de réception et de concert, semblable à Leith Arches, a été maintenue, mais avec un renforcement des conditions de sécurité pour éviter la perturbation de l’évènement et garantir la sécurité de l’élue. Johanna Cherry s’est scandalisée de cette situation, dénonçant comme une « honte le fait qu’un orateur public doive faire face à des menaces sur sa sécurité du fait de sa sexualité et de ses croyances. Les responsables devraient avoir honte ».

Un autre comique, David Greige, a dû s’excuser devant la direction et les salariés du Lyceum Theatre d’Edimbourg, pour avoir liké des contenus apparemment transphobes sur Twitter par le passé. Il a supprimé son compte pour éviter des ennuis supplémentaires. Plusieurs personnalités, dont Johanna Cherry, ont comparé l’ambiance à Edimbourg à celle qui régnait en Allemagne de l’Est à l’époque de la Stasi. La journaliste et essayiste Suzanne Moore s’est offusquée sur Twitter : « Je suis consternée par ce qui se passe en Ecosse et en particulier dans notre capitale d’Edimbourg ». Elle a ajouté : « Cela rappelle l’Allemagne de l’Est. Le temps est venu pour des diffusions massives de La vie des autres et, pour le Lyceum, une nouvelle mise en scène des Sorcières de Salem ».

La vie des autres, sorti en 2006, est bien sûr le film qui met en scène les méthodes de la Stasi, et Les sorcières de Salem est la célèbre pièce de l’Américain Arthur Miller, jouée pour la première fois en 1953 et adaptée au cinéma par la suite, qui a puisé son inspiration dans un procès en sorcellerie dans le Massachusetts en 1692. Ces comparaisons sont peut-être hyperboliques, mais elles montrent combien il est devenu difficile en Ecosse aujourd’hui d’exprimer publiquement une opinion qui contrarie les militants du transgenrisme, même dans un contexte comique. On ne peut plus rire de tout.

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Extrait du spectacle de Graham Linehan devant le Parlement écossais, le 17 août.

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