Cela me fait mal que tant de mes frères et sœurs de la gauche libérale connaissent un effondrement sans précédent à la suite du processus de réforme judiciaire . Alors que nous commençons le mois d'Elul, une période de renouveau, d'introspection et d'amélioration de soi, c'est mon plaidoyer et ma prière que nous retournions très bientôt dans un lieu de santé mentale.

Le vitriol craché et les tactiques empoisonnées employées par la gauche dans le cadre de ces manifestations ont été terriblement malveillantes et irresponsables. Se rassembler et manifester à des fins de protestation civile, par le biais d'efforts populaires, est l'une des caractéristiques essentielles d'une démocratie dynamique. Mais essayer de renverser une élection libre - en promouvant des agendas financés par l'étranger et en faisant pression sur des responsables étrangers pour qu'ils s'opposent au gouvernement en place d'Israël - utilise des tactiques en dessous de la ceinture. Et l'engagement actif dans la désertion de l'armée, les grèves des professionnels de la santé, le blocage de l'aéroport et des autoroutes vitales, et peut-être le plus important, l'infliction intentionnelle de dommages économiques - franchit simplement toutes les lignes rouges de la dissidence politique normative. Il y a une grande différence entre exprimer son insatisfaction à l'égard des politiques gouvernementales et tenter de nuire au bien-être économique, à la préparation militaire et au statut diplomatique du pays. La dissidence politique ne devrait jamais être une équation « à tout prix ».

De nombreuses tactiques utilisées par le mouvement de protestation seraient considérées comme de la trahison dans un autre contexte. Mais d'une manière ou d'une autre, la gauche libérale obtient un laissez-passer gratuit, et est même glorifiée, par les médias à l'esprit libéral.

Le récit dominant selon lequel la réforme est « antidémocratique » est un excellent extrait sonore, mais sonne creux et est extrêmement hypocrite. Pendant tant d'années, le jeu a été échafaudé de la manière opposée, et aucun mot n'a été énoncé par la gauche, puisque ce jeu a joué en sa faveur. L'un des tribunaux les plus militants du monde a systématiquement élaboré un programme qui imposait une vision du monde à laquelle ne souscrivait qu'une petite minorité (les élites de gauche). Ce n'est certainement pas une caractéristique d'une démocratie représentative. Mais l'étiquette "antidémocratique" n'a jamais été proférée par personne à gauche.

La gauche israélienne est antidémocratique et tente de renverser une élection légitime

D'autres étiquettes extrémistes abondent également, comme la réforme qualifiée de «menace existentielle» pour l'État. Mais Israël n'était-il pas une démocratie dans les années 1980 avant que le tribunal ultra-libéral ne décide de reconstruire le système judiciaire israélien à son image ? Et où étaient les fervents partisans de la démocratie lorsque le mécanisme de nomination des nouveaux juges a continué d'entraîner l'auto-perpétuation d'un club de vieux garçons d'élites libérales ?

Panneau de protestation contre la réforme judiciaire, Kaplan, Tel-Aviv samedi soir 12 août 2023. (crédit : GILAD FURST)

La caractéristique la plus évidente d'une démocratie saine et robuste N'EST-ELLE PAS la tenue d'élections libres (surtout lorsqu'il y a environ 70 % de participation) ? Et honorer les résultats d'une telle élection n'est-il pas ce qu'il y a de plus démocratique ? N'est-il pas tout simplement logique que tout effort visant à saper les résultats d'une telle élection soit vraiment ce qui devrait être considéré comme véritablement antidémocratique ?

Les élections ont des conséquences. Vous n'êtes pas censé manger une deuxième bouchée de pomme le lendemain matin simplement parce que votre équipe n'a pas gagné. L'effusion d'angoisse de la gauche, dans sa forme la plus crue, n'est vraiment que des raisins aigres. La droite a vécu avec les conséquences des accords d'Oslo et d'autres décisions politiques majeures de la gauche sans menacer l'armée de désertion ou le pays de destruction économique. Oh mon dieu, les médias auraient-ils passé un bon moment à condamner la droite si elle avait seulement envisagé les tactiques utilisées par la gauche.

Tenter maintenant de mettre en pratique ce que BDS s'est efforcé (mais en échouant en  grande partie) d'accomplir est tout simplement honteux. C'est comme la crise de colère d'un enfant de deux ans - le petit gars n'obtient pas ce qu'il veut, alors il jette simplement sa tasse par terre et au diable le désordre. Les adultes peuvent et doivent faire mieux.

Et les médias myopes ont fait tout leur possible pour alimenter le feu. Outre la couverture positive omniprésente du mouvement de protestation et le dénigrement des partisans de la réforme, il y a eu de nombreux comportements curieux à noter. La première est qu'un chouchou traditionnel de la gauche - le professeur Alan Dershowitz de la Harvard Law School - a estimé que la réforme ne rendrait pas Israël antidémocratique, mais le maintiendrait plutôt en ligne avec d'autres démocraties occidentales comme le Canada, l'Angleterre et l'Australie. Cette perspective a été étouffée parce qu'elle ne correspondait pas à l'agenda des médias libéraux. Il semble commode de promouvoir les conclusions juridiques du professeur Dershowitz uniquement lorsqu'elles cadrent avec le récit des médias.

Un autre problème est qu'une grande partie de la protestation ne semble pas vraiment concerner la réforme elle-même. Je crois que beaucoup de gens qui descendent dans la rue ne comprennent pas les nuances de ce contre quoi ils protestent. Au contraire, ce mouvement semble être une confusion générale de l'agenda gauchiste.

J'ai remarqué des drapeaux arc-en-ciel au centre de la foule sur pratiquement toutes les photos des manifestations, à travers un large éventail de sources médiatiques. Je crois comprendre que l'explosion de mépris dont nous avons été témoins de la part de la gauche ne concerne pas tant un aspect particulier de la réforme, mais plutôt une réaction de frustration face à l'impact érodant de son éthique libérale sur la société israélienne.

Il convient également de noter que la division entre les Israéliens juifs n'est pas aussi prononcée que celle généralement caractérisée par les médias. En tenant compte des votes des partis juifs (selon les sièges actuels à la Knesset), la répartition des votes sur la clause de raisonnabilité est arrivée à un partage de 64-46. C'est un contraste beaucoup plus frappant que la différence perçue de 64-56 lorsque les 10 sièges du parti arabe sont pris en compte. Il faut également se rappeler que les accords d'Oslo n'ont jamais été approuvés par une majorité juive. Bien que tous les votes dans une démocratie comptent évidemment de la même manière, je souligne simplement que le soutien des citoyens juifs est une considération importante pour toute décision politique majeure de l'État juif.

Alors à mes frères de gauche, je dis : s'il vous plaît, arrêtez d'être intellectuellement malhonnêtes. Arrêtez de parler de « fin de la démocratie » alors que c'est vous qui essayez de renverser les résultats des dernières élections démocratiques. Si vous n'aimez pas certaines politiques, rassemblez-vous et protestez par tous les moyens. Criez tout ce que vous voulez. Mais arrêtez de fermer l'aéroport et les autoroutes. Arrêtez de devenir des déserteurs du service militaire comme outil politique. Et surtout cesser d'utiliser les leviers économiques et diplomatiques pour nuire à Israël. Vous avez perdu les dernières élections - justes et honnêtes - et bien que vous ayez parfaitement le droit de protester, vos méthodes employées pour saper l'État ne sont pour moi rien de moins que de la trahison.

En fin de compte, nous devons trouver un équilibre et vivre ensemble, du moins ceux d'entre nous qui ne se précipitent pas pour émigrer dans le sillage des réformes. Je suis tout à fait convaincu que l'aile droite de ce pays ne va nulle part. Et j'espère que beaucoup de personnes ayant des opinions de gauche ressentent toujours la même chose. De toute évidence, la meilleure option est de trouver un juste milieu sur les problèmes du jour. Les politiciens sont responsables devant l'électorat, et si suffisamment de personnes veulent atteindre un équilibre, alors les politiciens devront se rallier, même si ce résultat ne convient pas à leurs agendas étroits.

J'y vois une réelle opportunité. J'espère que la gauche recalibrera son orientation pour devenir un partenaire productif dans l'élaboration d'une solution. Mes frères et sœurs de gauche – s'il vous plaît, venez à la table, au lieu d'essayer de l'incendier. Veuillez vous efforcer d'atteindre un terrain d'entente. C'est notre voie à suivre. La santé mentale est le seul moyen.