A peine rentré de sa visite au salon Viva Tech la semaine dernière, ponctuée d’un petit détour par l’Elysée où il a été reçu par Emmanuel Macron, Elon Musk fait de nouveau parler de lui. Et pas pour ses bonnes œuvres. A l’aube, le patron de Twitter a annoncé sur son propre compte que, «les mots «cis» ou «cisgenre» sont considérés comme des insultes sur cette plateforme». «Le harcèlement ciblé et répété contre n’importe quel compte pourra impliquer, au minimum, une suspension temporaire du compte», complète le milliardaire, sous-entendant ainsi que les comptes Twitter des usagers employant les termes susmentionnés seront dorénavant susceptibles d’être bloqués. Une annonce faite au détour d’une conversation avec un internaute qui se plaignait d’avoir été qualifié ainsi par des «activistes trans».
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Aujourd’hui la twittosphère transactiviste est en PLS : Elon Musk a déclaré que « cis » et « cisgenre » était des insultes et que ceux qui les brandiraient pour harceler d’autres utilisatrices et utilisateurs seraient bannis de la plateforme. Cette déclaration fait suite à un tweet de James Esses, psychothérapeute critique du genre et co-fondateur de « Thérapeutes réfléchis », lanceur d’alerte de longue date contre la médicalisation des enfants dans le cadre de l’idéologie de l’identité de genre, et qui a déclaré hier avoir reçu un pile-on d’insultes de la part de militants trans après avoir dit qu’il rejetait le mot « cis » et ne souhaitait pas être appelé « cis ». Les TRAs lui ont dit qu’il était « cis » qu’il le veuille ou non (l’ironie de cette déclaration leur échappant entièrement), et l’ont appelé « cissy », en référence à l’insulte homophobe — depuis devenu un fétiche d’homme hétéro paraphile — « sissy ». Sissy voulait dire « tapette », et désigne maintenant un genre de pornographie prisé des autogynéphiles.
Geneviève Gluck avait déjà publié une longue enquête sourcée sur l’homme à l’origine de l’emploi du préfixe latin « cis » pour désigner les personnes « non trans » et créer une fausse dichotomie entre les humains dans la culture occidentale. Cette enquête a fait l’objet d’une version plus synthétique sur Reduxx dont je vous propose la traduction ci-dessous.
Le sexologue qui a inventé le nouvel usage du mot « cis » a aussi déclaré qu’il n’y avait « rien de mal avec la pédophilie »
Le terme « cisgenre » a gagné en popularité ces dernières années, en grande partie grâce à la pression exercée par les militants transgenres qui définissent le mot comme étant l’opposé de « transgenre ». Cependant, peu d’utilisateur·ices de ce terme savent qu’il a été créé par un sexologue allemand qui pense également que la pédophilie est une sexualité.
Une publication de Volkmar Sigusch datant de 1991, intitulée « Transsexuals and our Nosomorphic View » (Les transsexuels et notre perspective nosomorphique* ») est considérée comme la première occurrence publiée du terme « cisgenre » en tant qu’antonyme de « transgenre ».
[*Il semble qu’il ait inventé ce terme également. Nosomorphique réfère à isomorphique et anisomorphique en linguistique. Il veut dire que la perspective existante sur le transsexualisme est trop monolithique. Il n’y a littéralement que ce pédo et des publications relatives au transgenrisme qui emploient le mot « nosomorphique ».]
Sigusch est un sexologue, médecin et sociologue allemand qui a été directeur de l’Institut Für Sexualwissenschaft (« Institut des sciences sexuelles ») à la clinique de l’université Goethe, à Francfort-sur-le-Main, de 1973 à 2006.
Le terme « cisgenre » est aujourd’hui largement utilisé pour désigner les personnes qui disent avoir une « identité de genre » correspondant à leur sexe. Cependant, la traduction la plus exacte de l’expression allemande de Sigusch « zissexuell » est « cissexuel », bien que le terme « sexe » – qui fait référence aux organes sexuels ou à la sexualité – ait été remplacé par le terme vague et subjectif de « genre ».
[Dire « cissexuel » ou même « transsexuel » devrait logiquement, puisque ces bonbonnes tiennent tellement à la logique, signifier le fait d’être « attiré par les cis » et « attiré par les trans ». C’est l’une des erreurs conceptuelles qui ont mené à l’idéologie identitaire – la sexualité devenue « identité » puis entièrement décorrélée du sexe et de l’orientation sexuelle.]
« En parlant de cissexuels : s’il y a des transsexuels, il doit logiquement y avoir des cissexuels. L’un ne peut se concevoir sans l’autre. Je me suis permis d’introduire les termes cissexualisme, cissexuels, cisgenre, etc. », écrit Sigusch en 1991.
« La caractéristique véritablement néologique du transsexualisme est qu’il jette une lumière extrêmement ambiguë sur ce que j’ai appelé le cissexualisme, qui est en fait sa contrepartie logique. En effet, s’il existe un « trans » qui « va au-delà » (du sexe physique), il doit également exister un « cis » qui « s’y confine » (a this-side-of) a écrit Sigusch en 1998, faisant référence à son article de 1991.
Les idées du sexologue comprennent également des opinions controversées sur la pédophilie. Il fait la distinction entre les pédophiles, qui abusent des enfants, et les « pédosexuels », qui ont les mêmes pulsions, mais ne passent pas à l’acte. [Qui ont successivement été appelés « pédophiles sans contact » (ce n’est pas une blague : no contact pedophiles), et maintenant les PAM, les personnes attirées par les mineurs (MAP, minor attracted persons). Notez comment le mot « personne » masque bien le fait qu’il s’agit d’hommes. Il n’y a qu’un suffixe qui puisse être accolé à « pédo » en matière de sexualité, c’est « criminel ». Pédocriminels.]
Dans une interview accordée au Spiegel en 2011, Sigusch a déclaré que le problème des « pédosexuels » n’est pas tant leur désir d’abuser d’enfants, mais le fait de passer à l’acte. Il a proposé que le meilleur résultat d’un traitement pour les pédophiles ne soit pas de couper leur désir, mais plutôt de les empêcher d’avoir des « contacts » avec des enfants.
Les affirmations de Sigusch ressemblent à la rhétorique moderne sur les « pédophiles vertueux » ou les PAM (personnes attirées par des mineurs), qui donnent la priorité aux sentiments et aux besoins des hommes sexuellement attirés par les enfants, plutôt que de se concentrer sur la protection de l’enfance.
En regardant de plus près l’histoire des politiques et des attitudes favorables à la pédophilie en Allemagne dans les années 60 à 80, il s’avère que Sigusch est loin d’être un défenseur de la pédophilie isolé et qu’il tentait simplement de populariser des idées qui existaient déjà.
Contemporain de Volkmar Sigusch, le sexologue berlinois Helmut Kentler est l’une des figures clés de l’acceptation culturelle décomplexée de la pédophilie en Allemagne. À partir de 1969, Kentler a placé des enfants en famille d’accueil chez des pédophiles dans le but de faciliter l’exploitation sexuelle de ces enfants, un projet connu par la suite sous le nom d’« expérience Kentler » ou de « projet Kentler ». [À quoi pouvaient-ils vraiment s’attendre en plaçant des enfants chez des pédos, sinon a de l’exploitation sexuelle ?]
Cette expérience a été autorisée et subventionnée par le Sénat de Berlin. En 1988, près de vingt ans plus tard, Kentler a qualifié le projet de « succès complet » dans un rapport qu’il a soumis au Sénat.
Le Dr Joachim Häberlen de l’Université de Warwick, dans son article « Se sentir comme un enfant : rêves et pratiques de la sexualité dans la gauche alternative ouest-allemande au cours des longues années 1970 » (« Feeling Like a Child : Dreams and Practices of Sexuality in the West German Alternative Left during the Long 1970s »), il dit :
« En 1970, les membres du parlement allemand chargés de réformer le droit pénal ont même écouté le spécialiste de l’éducation radicale Helmut Kentler, le sexologue volkmar sigusch et d’autres sociologues et psychologues, qui ont déclaré que les enfants ne souffriraient pas des relations sexuelles avec les adultes et que ces relations ne devraient pas être punies, parce qu’elles constituent un “crime sans victime” ».
En 1972, le Dr Frits Bernard, militant néerlandais pro-pédophile, a publié un article intitulé « La pédophilie — une maladie ? » qui concluait que « les contacts pédophiles ne nuisent pas au développement psychique de l’enfant ». Selon le Dr Sonja Levsen, dans son essai intitulé « L’apologie de la pédophilie dans les 1970 » (« Pedophile Apologism in the 1970’s »), Volkmar Sigusch était l’un des « conseillers scientifiques » des recherches menées par Bernard.
Selon Dagmar Herzog, auteur de Sex after Fascism : Memory and Morality in Twentieth-Century Germany (« Le sexe après le fascisme : mémoire et moralité dans l’Allemagne du XXème siècle »), Volkmar Sigusch et son collègue Gunter Schmidt, avec lequel il a publié des recherches sur la sexualité infantile dans les années 70, ont également soutenu que l’exposition des enfants à la pornographie — une tactique bien connue des pédophiles — était totalement inoffensive. [C’est du « grooming », ou la préparation psychologique progressive de leur victime a subir les abus qui vont leur être faits.]
Volkmar Sigusch et Gunter Schmidt ont affirmé avec provocation que la représentation d’actes sexuels, en soi, ne causait aucun dommage aux jeunes ou aux enfants, et que le type de pornographie dans lequel le sexe était « représenté sans préjugés comme une activité sociale remplie de plaisir […] est exactement le type de pornographie que l’on peut donner sans inquiétude aux enfants et aux adolescents », a écrit Herzog. [Les meilleurs avocats possibles de la « pornographie éthique ».]
En 2010, Sigusch a publié des « Thèses de sexologie sur le débat au sujet des abus » dans lesquelles il fait l’éloge du « paradis de l’enfance » et affirme que « l’ajout de tabous à l’érotisme enfantin entraîne ce que nous voulons tous empêcher : la violence sexuelle ».
« Il n’y a rien de mal à la pédophilie au sens propre du terme, c’est-à-dire au fait d’aimer les enfants », a écrit Sigusch. « La sensualité qui se développe spontanément entre un enfant et un adulte est quelque chose de merveilleux. Rien ne peut nous rappeler plus intensément les paradis de l’enfance. Rien n’est plus pur et plus inoffensif que cet érotisme du corps et du cœur. L’érotisme enfantin n’est pas seulement plein de délices, il est aussi nécessaire ».
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