Explosion des dépenses, manque de places… L’hébergement d’urgence saturé. “La majorité des personnes qui occupent ces places sont des sans-papiers”

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C’est l’un des budgets qui, ces dernières années, a le plus augmenté. Avec 3 milliards d’euros consacrés à l’hébergement d’urgence en 2021 – contre 500 millions en 2000 –, la France ne compte pas ses sous quand il s’agit de trouver un toit à ceux qui n’en ont pas. Si les demandeurs d’asile se voient attribuer un hébergement dans l’un des 1 200 centres qui leur sont destinés à travers le pays, ceux qui sont recalés par l’administration, et plus largement toutes les personnes en situation irrégulière, peuvent espérer une place en appelant le 115. À ce jour, 20 % des nuitées d’hôtels d’Île-de-France sont captées par l’hébergement d’urgence.

En effet, depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000, la clientèle des hôtels a évolué. Les représentants de commerce, les VRP, se sont raréfiés. Cherchant un nouveau public, les hôteliers des quartiers populaires et des banlieues ont investi ce marché singulier. Certains ont ainsi non seulement survécu grâce aux sans-abri, mais ont même réalisé de bonnes affaires, aux frais de l’État. L’engagement d’Emmanuel Macron a compté : « Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des hommes et des femmes dans les rues », déclarait le président en juillet 2017. D’où l’explosion de la dépense.

(…) « La majorité des personnes qui occupent les places d’hébergement d’urgence sont des sans-papiers » rappelle Julien Damon. Dont un grand nombre de déboutés de l’asile.

« Le sujet tétanise les décideurs politiques observe Julien Damon. À travers la question de l’hébergement, le mammouth dans le couloir est le traitement des sans-papiers. » Sujet éminemment conflictuel. « Il s’agit de se positionner et de faire le choix, soit de la régularisation de ces personnes qui peuvent être là depuis des années, soit de la mise en œuvre de l’expulsion, commente-t-il. Selon la décision prise, les autorités seront accusées de laxisme ou d’autoritarisme. »

(…) Au sein de l’Union européenne, notre pays se distingue, la générosité de l’hébergement restant une spécificité made in France. Dans la plupart des États voisins, cet accueil inconditionnel et anonyme n’a pas cours. En Finlande, au Danemark ou en Italie, les sans-papiers ne peuvent avoir accès à un accueil financé par les pouvoirs publics.

(…) Marianne

 

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