Xavier Driencourt : les dirigeants algériens “rient de notre naïveté” sur l’immigration

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Ambassadeur de France à Alger pendant sept ans, Xavier Driencourt livre dans son ouvrage L’Enigme algérienne, sorti en mars 2022le récit de la vie d’un diplomate au cœur d’un « système » opaque et parfois hostile. Aujourd’hui, dans un entretien accordé au Point le 24 mai, ce dernier dénonce les avantages dont bénéficient les immigrés algériens s’installant en France. Des privilèges résultant de l’accord migratoire passé entre la France et l’Algérie en 1968.

L’ex-ambassadeur dénonce un état de fait qui voit la France accorder des avantages disproportionnés aux Algériens alors que « le contexte a changé » par rapport à celui des Trente Glorieuses. Il rappelle ainsi que les Algériens ont droit à « un certificat de résidence administrative pour tout visa de plus de trois mois » et « peuvent obtenir un titre de séjour au bout d’un an » alors que « le regroupement familial est facilité ». De manière générale, l’immigration algérienne en France « échappe aux règles favorisant l’intégration ». « Toutes ces dispositions sont exorbitantes au regard du droit commun, et on ne peut pas les changer, car les traités internationaux, dans l’ordre juridique français, l’emportent sur les lois », rappellent l’ancien ambassadeur.

“La France est détestée, mais on exige de pouvoir s’y rendre librement”

« Dans la mentalité du peuple et des dirigeants algériens, il existe une sorte de « droit au visa », perçu comme la contrepartie de cent trente-deux ans de colonisation », indique Xavier Driencourt. Et de rappeler que si « la France est détestée [en Algérie], on exige de pouvoir s’y rendre librement ». Néanmoins, s’il appelle à faire face à l’Algérie, le diplomate admet que dénoncer l’accord de 1968 serait « une bombe atomique » qui provoquerait une crise majeure entre Paris et Alger.

Xavier Driencourt dénonce le manque de courage de la classe politique française qui commet « une erreur d’analyse en pensant que les embrassades, la contrition et les tapes dans le dos permettront d’amadouer leurs homologues algériens ». Formés en URSS, les dirigeants algériens « fonctionnent au rapport de force », indique le diplomate et d’ajouter que les maîtres d’Alger « savent au fond que cet accord de 1968 n’a plus lieu d’être, et rient de notre naïveté ».

Face à cette situation, Xavier Driencourt appelle le gouvernement à faire preuve de fermeté et à « établir un rapport de force qui permette […] de redéfinir notre relation avec l’Algérie sur des bases plus saines, notamment sur la question migratoire ». « Il faut être lucide : il n’existe pas de manière apaisée d’atteindre cet objectif », conclut-il.

 

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