«La Suisse est complice du Kremlin»: les médias étrangers allument Berne

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LeTemps.ch - Washington exhorte Berne à participer à la task force pour geler les avoirs russes

Les Etats-Unis continuent de faire pression sur la Suisse pour qu’elle agisse avec plus de détermination dans la traque des fonds des oligarques proches de Poutine

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Carla Montet: Les USA sont en guerre pour leur hégémonie mondiale et les petits pays comme la Suisse devraient à leurs yeux se plier pour servir leur cause.
Le camp du bien a réussi à infiltrer nos banques qui lui faisaient de l'ombre, il a placé les "bon dirigeants" avec leurs "bonnes méthodes", et notre obéissance nous donnait l'illusion que nous allions ainsi échapper à ses chantages à répétition. Nos banques ont érigé les conditions les plus sévères au monde, renoncé au secret bancaire pour devenir transparentes... pendant que les USA gardaient leurs paradis fiscaux. Mais visiblement le travail de sape n'a jamais cessé, qui a donné les résultats que nous connaissons actuellement.
Le silence qui entoure le rôle failli de la FINMA, de la BNS et du Conseil d'administration de Credit Suisse nous laisse songeurs concernant ce désastre.

Quant à l'imposition de taux directeurs venant de "haut" à zéro %, voir même négatifs, la messe des faillites était dite.
(Voir explications de Charles Gave)

Dans ce contexte de crise grave, l'Association suisse des banquiers, interpellée, communique qu'entre 50 et 100 milliards de francs sont déposés dans nos banques, appartenant aux oligarques russes (le terme oligarques n'est jamais utilisé pour les milliardaires américains), et rappelle aussi que la Suisse n'a gelé que 7,5 milliards de francs. Alors qu'il est incompréhensible que même 7,5 milliards soient bloqués, puisque c'est illégal en droit suisse, les pressions américaines sur la Suisse deviennent de plus en plus fortes.

Une task force "Russian Elites, Proxies and Oligarchs" (le REPO) a été mise en place en mars 2022 par les USA et leurs vassaux, c'est-à-dire le Royaume-Uni, le Japon, l'Italie, l'Allemagne, la France, la Commission européenne, le Canada et l’Australie, qui ont déjà bloqué 58 milliards. La clé de leur coopération réside dans l'échange d'informations, échange où la Suisse manquerait gravement à son devoir envers les USA.
Nous savons qu'il n'y a aucune base légale pour saisir de tels fonds; et créer une loi ad hoc en pleine guerre n'est pas indiqué: c'est l'avis même d'Alain Berset.
L'UDC Franz Grüter pointe qu'il s'agit d'une immixtion dans nos affaires intérieures – et nous estimons que Franz Grüter parle très poliment.

Un autre pays est également dans le viseur de Washington: la Hongrie, dont le ministre des Affaires étrangères se plaint publiquement de l'arrogance des USA, qui veulent faire plier la Hongrie pour qu'elle s'implique dans la guerre en Ukraine et qu'elle change ses lois afin que le wokisme puisse entrer dans ses écoles. Les Hongrois savent parfaitement qui organise toutes sortes de manifestations antigouvernementales et qui finance les médias d’opposition en vue de renverser le gouvernement démocratiquement élu.
Le ministre Szijjarto refuse vigoureusement que l'ambassade des USA se mêle de la politique intérieure de son pays.
Le monde est en pleine transformation: hormis les Occidentaux, les alliés d'antan des États-Unis ont rejoint le "Reste", qui représente 80% de la population mondiale. Ensemble, ils refusent la tyrannie moralisatrice des Américains.

Ne perdons pas non plus de vue l'acte de guerre de nos alliés américain que constitue la destruction des Nord Streams, suivie de la vente de leur gaz de schiste six fois plus cher. Henry Kissinger avait bien dit qu'"être un ennemi de l'Amérique est dangereux; mais être un ami de l'Amérique est fatal".

La Suisse a le devoir de défendre ses intérêts, de ne céder en rien au chantage de Washington, car le temps de vouloir plaire est résolument terminé.

Ce changement sera d'autant plus difficile que les USA ont exercé une longue période de fascination sur la Suisse, amenant une profonde influence culturelle, des habitudes de soumission qui sont à présent ancrées dans notre ADN.

24heures.ch vient de publier un article de Laurent Buschini sur une étude helvético-danoise parue dans la revue "Global Networks", au sujet des élites qui sortent quasiment toutes du même moule, fortement sous influence américaine, et ceci depuis les années 80. ("Les dirigeants sortent quasi tous du même moule").
L'hégémonie américaine nous a importé des formations professionnelles qui produisent des dirigeants aux parcours professionnels similaires. Toute une vie faite de mimétisme mutuel: leur mode de pensée, leur style de management, leur façon de se comporter, de composer leurs conseils d'administration, jusqu'aux moindres détails, sont similaires, voire superposables.
Felix Bühlmann, professeur en sociologie à l'UNIL, pointe le fait que l'UBS et le Credit Suisse sont au centre de ce réseau. Marcel Ospel et Sergio Ermotti de l'UBS avaient une expérience dans la banque d'affaires aux USA, profil qui était très recherché en Suisse pour les postes de cadres. Et lorsque l’Américain Brady Dougan a pris la direction de Credit Suisse, le style de management axé sur la prise de risque a donné les résultats que l'on connaît
maintenant.
Nous pourrions ajouter aussi que durant les quarante dernières années, travailler pour une université aux USA, avoir une expérience professionnelle aux USA, ouvrait quasi automatiquement des portes pour une carrière professionnelle ou politique, amenant un état d'esprit mondialiste, hors sol.

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Sur le même sujet, la position des médias en Suisse romande est invariable:
Watson.ch: «La Suisse est complice du Kremlin»: les médias étrangers allument Berne

[...] Dans une interview accordée au magazine basik, l’homme d’affaires britannique Bill Browder dénonce la lenteur et le manque d’initiative de Berne dans l’application des sanctions occidentales contre les financiers du régime russe. Ce critique acerbe de Vladimir Poutine, impliqué par ailleurs dans l’affaire dite Magnitsky, explique: "Le système [suisse] ne fonctionne pas pour traquer le blanchiment de l’argent russe. C’est une attitude culturelle. Les Suisses aiment bien qu'on les considère comme neutres, comme ça ils peuvent continuer à gérer l’argent des dictateurs et des kleptocrates. Je crois que c’est aussi de l’incompétence: c'est un petit pays, il n’y a pas forcément les gens nécessaires pour mener des enquêtes de haut niveau." [...] etc, etc.

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Concernant la mise à mort du Credit Suisse:

20min/Sonja Mulitze -  [...] Le «Tages-Anzeiger» souligne encore que malgré la crise, Credit Suisse a continué d’engager des cadres supérieurs dits aussi les «risk-takers». En 2022, elle en dénombrait 1557, soit 3x plus qu’il y a 10 ans. Ces cadres gagnaient en moyenne 1 million de francs par an et travaillaient pour la plupart à New York ou Londres dans la banque d’investissement, soit le secteur qui a entraîné le plus de pertes pour la banque y compris en termes d’amende. Malgré tout, depuis 2013, cette élite a encaissé plus de 15 milliards, souligne le quotidien.

Les dirigeants sont également épinglés, notamment Brady Dougan, le big boss de Credit Suisse entre 2007 et 2015. Alors qu’à son arrivée, une action s’échangeait à plus de 90 francs, elle avait perdu 64% à son départ. Ce qui n’a pas empêché l’Américain de toucher 160 millions durant cette période. En 2010, il a même reçu une prime spéciale de 71 millions, en plus de son salaire de 19 millions! Et le Tagi de calculer que les grands dirigeants de CS ont gagné ensemble 265 millions de francs depuis 2007 alors que l’action a  dégringolé de 95%… [...]

source: Dans aucune autre banque suisse, la différence entre les pertes et les salaires et bonus versés n’a été aussi importante qu’au Credit Suisse ces dernières années

image en avant: le directeur sortant de Credit Suisse Brady Dougan et son successeur Tidjane Thiam. Zurich, 10 mars 2015. REUTERS/Arnd Wiegmann

 

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