Washington tente d'amener la Suisse à renoncer à son interdiction de réexportation d'armes, avertit le ministère des affaires étrangères.

L'ambassadeur américain en Suisse a semblé faire du chantage au gouvernement suisse lorsqu'il a affirmé dans une récente interview que Berne n'était pas en mesure de maintenir sa neutralité dans le conflit en Ukraine, a souligné une haute diplomate russe.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, commentait les récentes remarques de l'envoyé américain Scott Miller et les reliait à la chute, cette semaine, du cours de l'action de Credit Suisse.

"Si l'on considère que la deuxième banque suisse a plongé juste après la faillite de trois banques américaines, une telle déclaration ressemble à un chantage direct", a écrit Zakharova jeudi sur les médias sociaux.

L'essence du message de M. Miller, a-t-elle ajouté, ressemble à ceci : "Abandonnez la neutralité et commencez à envoyer des armes au régime de Kiev, et vous continuerez à vivre pleinement et somptueusement ; refusez – et de mauvais jours vous attendent."

Dans son interview à la Neue Zürcher Zeitung jeudi, M. Miller a déclaré que la Suisse traversait "la pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale" et qu'elle était "confrontée à ce que signifie la neutralité". Si Washington respecte la politique de Berne de ne pas vendre d'armes aux zones de guerre, a-t-il ajouté, elle "ne peut pas prétendre être neutre et permettre à l'une ou aux deux parties d'utiliser ses lois à leur profit."

La position du pays, réaffirmée par le président Alain Berset au début du mois, empêche l'envoi d'armes fabriquées en Suisse à l'Ukraine, y compris leur réexportation par d'autres pays. M. Miller a également déclaré, en faisant allusion à la Russie, que " l'interdiction de réexportation profite à l'agresseur, qui viole tous les principes du droit international."

Le Credit Suisse a annoncé jeudi qu'il allait emprunter plus de 53 milliards de dollars à la banque centrale suisse pour rester à flot. Le géant financier zurichois a perdu quelque 25 % de sa valeur en deux jours de cotation, son action chutant à des niveaux historiquement bas.

Le secteur financier américain a été fortement perturbé par l'implosion de la Silicon Valley Bank vendredi dernier. Quelques jours plus tôt, Silvergate Capital Corporation avait annoncé la liquidation de sa banque du même nom,  spécialisée dans les cryptomonnaies. Lundi, la Signature Bank est devenue la troisième plus grande banque américaine à faire faillite, après la Washington Mutual en 2008 et la Silicon Valley Bank la semaine dernière.

Source: https://www.rt.com/russia/573079-us-blackmails-switzerland-zakharova/

Traduction: Albert Coroz