La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a annoncé sa démission mercredi après huit ans au pouvoir, un départ qui porte un coup aux velléités d’indépendance dans la nation britannique.
Celle qui a encore décrit mercredi l’indépendance écossaise comme le combat d’une vie, qu’elle portait avec patience et détermination face à l’opposition de Londres, a décidé de jeter l’éponge, expliquant que l’énergie lui manquait après plus de 15 ans à des postes de responsabilité.
Jusqu’à récemment très populaire, fragilisée par sa gestion du dossier transgenre en Écosse, la dirigeante de 52 ans a indiqué devant la presse à Édimbourg qu’elle céderait son poste dès que le Parti national écossais (SNP) aurait désigné son successeur.
Nicola Sturgeon avait appuyé un projet de loi qui permettait aux personnes qui se disent trans d’obtenir un certificat de reconnaissance de genre (GRC) sans diagnostic médical.Le projet de loi permettait aussi désormais aux jeunes de 16 et 17 ans de demander un GRC et réduisait le temps qu’une personne devait assumer ce nouveau « genre » déclaré avant de pouvoir obtenir le document à six mois.Le gouvernement central britannique avait déclaré qu’il utiliserait l’article 35 de la loi sur l’Écosse pour empêcher le projet de loi écossais sur la réforme de la reconnaissance du genre de devenir loi. Mme Sturgeon avait alors déclaré qu’elle avait l’intention de contester cette opposition de la part du gouvernement central. Elle en fit un cheval de bataille nationaliste. Elle s’insurgea sur Twitter de cette « attaque frontale contre notre Parlement écossais élu démocratiquement et sa capacité à prendre ses propres décisions ».La cause immédiate de la démission de Nicola Sturgeon fut sa mauvaise gestion de la débâcle d’Isla Bryson.
Isla Bryson est un homme écossais de 31 ans qui se dit être femme. Il a été reconnu coupable en janvier 2023 des viols de deux femmes qu’il avait commis avant « sa transition ».L’affaire a suscité la controverse après que Bryson a été renvoyé dans une prison pour femmes en attendant sa condamnation. Cette décision a soulevé des questions sur la sécurité des femmes à la suite de l’adoption par le Parlement écossais du projet de loi sur la réforme de la reconnaissance du genre (Écosse), Un projet de loi conçu pour permettre aux personnes transgenres en Écosse de changer plus facilement et légalement de sexe.À la suite de la controverse sur l’affaire Bryson, le service pénitentiaire écossais a annoncé un « examen urgent » des cas transgenres au sein de ses prisons, interrompant le mouvement de tous les prisonniers trans pendant que l’examen était en cours. Après l’examen, il a été annoncé qu’à l’avenir les détenus transgenres seraient initialement logés en fonction de leur sexe à la naissance, tandis qu’une évaluation a été effectuée pour déterminer s’il était approprié de les loger dans le domaine pénitentiaire masculin ou féminin.
Chaque fois que les féministes (vieille école) attirent l’attention sur le risque que les violeurs masculins finissent par être incarcérés dans des prisons pour femmes si l’on cède trop facilement à leur prétention d’auto-identification, les militants des droits des trans les accusent inévitablement du sophisme de l’« épouvantail » et d’agiter des peurs irrationnelles en évoquant des situations très peu probables.
Une manifestation contre l’emprisonnement d’hommes qui se disent femmes dans les prisons pour femmes a eu lieu devant le parlement écossais le jeudi 9 février.
Mais Isla Bryson fut l’épouvantail qui prit vie et Sturgeon perdit pied quand elle dut admettre la contradiction évidente entre ses déclarations wokes que les « femmes trans » [hommes qui se disent femmes] sont des « femmes », mais que dans certains contextes ces « femmes trans » ne seraient pas traitées comme des femmes (à savoir les prisons). Après s’être mis à dos les conservateurs sociaux, elle s’aliénait les radicaux pro-trans.Avec un peu de recul, il semble évident que l’erreur de Sturgeon fut de promouvoir un projet de loi trop woke, car il était prévisible que ce genre d’incidents devait discréditer le projet de loi sur la réforme de la reconnaissance du genre. Projet de loi que Sturgeon appuyait de tout son poids. Si le scandale n’était pas né au sujet de violeurs mâles envoyés en prison pour femmes, il aurait pu naître d’incidents similaires dans des refuges, des vestiaires ou des toilettes pour femmes.Dans une enquête publiée le dimanche 12 février dans le Herald Scotland, parmi ceux qui ont exprimé leur opinion, plus des trois quarts (76 %) ont déclaré qu’ils pensaient que les projets du gouvernement écossais de modifier la loi sur la reconnaissance du genre poseraient un risque pour la sécurité des femmes dans les espaces qui leur sont réservés, tels que les vestiaires, les services hospitaliers et les prisons. Un peu moins du quart (24 %) n’étaient pas d’accord.Le projet facilitant « le changement de genre » s’est mué en baroud pour Nicola Sturgeon, la colline où l’indépendantiste devait s’immoler. Sturgeon n’a pas réussi à s’excuser, à enterrer ou réviser son projet woke et glauque. La lutte pro-trans était devenue plus importante pour elle, semble-t-il, que la souveraineté de l’Écosse.
Dimanche dans un sondage Panelbase pour le Sunday Times, 42 % des personnes interrogées pensaient que Sturgeon devrait démissionner maintenant, tandis que 45 % ont déclaré qu’elle devrait rester Premier ministre jusqu’au moins la prochaine élection parlementaires au plus tard en mai 2026, et 13 % ne savaient pas.
Jeudi passé, l’ancien chef du Parti national écossais, Alex Salmond déclara que Nicola Sturgeon devrait peut-être démissionner à moins qu’elle n’abandonne son plan de modification de la loi sur les transgenres. Il accusait la Première ministre d’alors de détruire 30 ans de campagne en faveur de l’indépendance écossaise en insistant sur une refonte « absurde ».
On apprenait ce matin que la Ministre qui a quitté le gouvernement à cause de la réforme de la loi sur le genre dit vouloir participer à la course à la direction du SNP, le parti indépendantiste écossais.
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