Le diesel est le nouveau carburant touché par les sanctions contre la Russie
Interview de Patrick Gantès, secrétaire général du CRES (centre de recherches entreprises et sociétés) [1] et spécialiste du secteur pétrolier.
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Esther Coquoz interroge Patrick Gantès, au sujet des dernières sanctions contre le diesel russe, qui viennent d'entrer en vigueur.
Patrick Gantès dit que la "stratégie de contournement a un prix", affirme que pour le moment, nous n’avons pas de soucis à nous faire, mais admet qu'à la longue, il y aura un impact.
Patrick Gantès explique que la stratégie du contournement signifie que le pétrole russe passe par la Chine, l'Inde, ou d'autres intermédiaires, qui tous "prennent leur marge", plus les transports rallongés qui alourdissent encore la facture, tout cela tire les prix à la hausse.
Gantès cherche encore à faire avaler aux Romands la propagande atlantiste, en affirmant qu'acheter du pétrole russe via les intermédiaires aura une influence négative sur l'économie russe – c'est pourquoi nous devons nous appauvrir, et du même coup enrichir les intermédiaires.
Coquoz demande s'il y a des pays qui sortiront gagnants de nos sanctions.
Patrick Gantès répond qu'il y a aussi la Turquie, l'Arabie Saoudite, l'Afrique du Nord, et même des pays non producteurs comme la Tunisie. Gantès confirme comme la chose la plus naturelle au monde: le diesel acheté ainsi et qui revient en Europe, c'est le diesel russe, via ces pays de contournement, et il rassure l'auditeur: Sur le papier pas de pétrole russe, mais physiquement c'est un diesel russe.
Coquoz demande quel est alors l'impact sur la Russie.
Gantès: La Russie continue à écouler ses productions.
"Le but n'est pas d'empêcher les flux, mais d'empêcher la Russie de trop gagner d'argent. Ça va impacter le budget russe, c'est le but des Occidentaux."
Coquoz : Avec ces sanctions appliquées au diesel, est ce que l'Union européenne se tire aussi un peu une balle dans le pied?
Gantès: Ben, elle se tire une balle dans le pied? Oui et non.
C'est-à-dire: on est dans un contexte de guerre, et que je dirais que toute guerre a un coût. Donc, il y a un coût pour les Russes et pas tellement pour le consommateur. In fine il y a un coût aussi, c'est-à-dire, il subit l'inflation et il subit, va subir la hausse des prix. C'est pourquoi certains gouvernements essaient de fixer des prix plafonds mais ça ne marche pas tout le temps.
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Albert Coroz: Voici la preuve que les auditeurs de la RTS sont pris pour des débiles. Les auditeurs de la RTS subissent ce genre de propagande fait de langue de bois assortie de la misère morale des participants.
Les débats en Suisse romande sur l'inefficacité de ces sanctions contre la Russie, et sur l'aspect autodestructeur pour les économies occidentales sont inexistants. Pourtant, la Hongrie a organisé une consultation populaire pour savoir si les Hongrois voulaient ou non appliquer des sanctions à la Russie et "97% des Hongrois rejettent les sanctions estimant qu'elles causent de graves dommages".
Les USA sont accusés d'avoir commandité l'explosion des Nord Streams pour nous couper le gaz russe et ont imposé les sanctions contre la Russie, qui détruisent l'économie et la classe moyenne des pays membres de l'UE.
Et non seulement personne n'accuse le pays qui a déclenché ce désastre économique mais ce sont les fortunes russes qui sont confisquées par les occidentaux! Et nous armons encore le camp qui mène une guerre économique à l'Europe.
La tragédie absolue est que la Suisse moutonnière les applique également, alors qu'elle ne serait pas obligée de le faire.
Puis trois mois après le début de la guerre, notre Conseil fédéral se presse pour la reconstruction de l'Ukraine ! A présent, nos chambres fédérales discutent de l'abandon de la neutralité pour pouvoir y "jouer notre rôle". L'Europe, la Suisse seraient à ce point inféodées aux intérêts des États-Unis ? Sommes-nous les serpillères des américains?
Ici, la RTS donne la parole à une personne qui est présentée comme un spécialiste en la matière, Patrick Gantès, qui explique le génie de la méthode du "boycott par contournement" qui consiste à acheter du pétrole russe, mais par détournement, via des intermédiaires, ce qui nous rend les produits pétroliers russes plus cher.
A la question de Coquoz, si nous nous tirons une balle dans le pied par la méthode du contournement, Patrick Gantès répond:
" la guerre a un prix"
Il ne faut pas compter sur Madame Coquoz pour relever cette énormité et demander si Patrick Gantès estime que la Suisse ou l'Union européenne était en guerre contre la Russie, ou si la neutralité ou l'abandon de la neutralité n'avait pas elle aussi un prix !
L'Europe pauvre en énergies, en minéraux, a bâti son modèle industriel, commercial, économique sur des sources d'énergies russes, bon marché, et se retrouve subitement privée de ces énergies.
Et quel est le prix de l'inexistence de débats réels sur les sujets les plus importants, et son corollaire, la création de problèmes inexistants?
Quel est le prix de l'abrutissement de la population par des émissions de ce genre?
Plus généralement, tout a un prix, aussi bien la recherche de la paix que l'escalade militaire. Et si nous choisissons l'escalade, nous allons forcément en payer le prix, financer une guerre qui n'est pas la nôtre.
Par ailleurs, la perte de crédibilité pouvant être accordée à la parole des Occidentaux** a un prix énorme, Poutine a même proclamé que l'on pouvait tromper les Russes une fois mais pas plus. Ce prix risque bien d'être terrible pour l'Ukraine et l'Occident.
** C.F.: Les aveux de Mme Merkel et de Mr Hollande quant à la signature des accords Minsk
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Plus généralement; il n’y a pas de méchanceté dans tout ça, je ne parle pas de la bande des quatres néo-cons de washington, il n’y a pas d’excellence non plus et c’est la médiocrité du plus haut niveau au plus bas. C’est cela qui a un coût, destruction après esclavage. La guerre est juste l’aspect visible de toutes ces médiocrités. C’est en cela que nous en sommes tous responsables et en paierons le prix…..