Libération, une machine de guerre contre la liberté de la presse

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Deux journalistes de Libération, Caurentin Courtois et Thomas Legrand, viennent de poster une vidéo ce 28 janvier au titre inquiétant pour la liberté d’expression et de la presse : Derrière l’interdiction de Russia Today, le bannissement d’une arme de guerre. (Derrière l’interdiction de Russia Today, le bannissement d’une arme de guerre – Libération (liberation.fr)

Thomas Legrand y développe deux arguments, celui d’une chaîne d’État au service d’un régime, dit-il, totalitaire, et celui de la pratique journalistique où Libération et les autres médias respecteraient les faits et la vérité. La ligne éditoriale fixée par le Kremlin empêcherait, dit-il encore, de défendre les faits et la vérité.

Tout cela appelle quelques commentaires. 

Un média arme de guerre, un vrai fait scientifique ?

Le premier consiste à traiter un média d’arme de guerre. Est-ce un fait ou un point de vue personnel monsieur Legrand ? Jamais ces médias n’ont tué personne ou inciter directement à tuer. Ce ne sont pas des armes de guerre. Si vous usez d’une métaphore, la figure de style elle-même n’est pas factuelle. Vous êtes donc dans la manipulation idéologique ; ni dans les faits, ni dans la vérité, peut-être la vôtre, mais pas la nôtre. Si un média est d’État, cela suffit-il à le dénoncer ? La BBC ou l’ORTF et maintenant France Télévison ou Radio France sont des médias d’État. Sont-ce des armes de guerre (idéologique) dans les mains de l’État ? Je vous laisse juge de traiter vos collègues de la sorte. Quoiqu’une étude statistique des invités et des sujets traités démontrerait allègrement une fâcheuse orientation idéologique, qui peut s’apparenter à un usage de guerre culturelle dans la société ? Tout cela se discute.

À cet égard, avez-vous lu les derniers ouvrages de Chomsky qui vous dénoncent tous comme appareils au service du capitalisme, serviles, obéissants, incapables d’esprit critique, soumis à des consignes sur tant de sujets : Ukraine, Covid, etc. D’ailleurs, cela fait combien de temps que Libération n’a pas accordé sa place à celui qui reste l’un des plus grand linguiste du 20e siècle et un des plus brillants analystes de la vie des médias en Occident ? Les faits seraient-ils sélectionnés ou censurés à Libération ?

Quelques grands moments de vérité de Serge July, fondateur de Libération 

À sa fondation, parrainé par Jean-Paul Sartre, l’homme qui niait les crimes maoïstes, encore un qui respectait les faits connus de tous ! (CQFD), vos prédécesseurs : Jean-Claude Vernier, Serge July et Philippe Gavi créaient Libération en affirmant une presse émancipée de la publicité et des banques ; pour être libre. C’est eux qui le disent. À propos de fait, pouvez-vous nous rappeler qui est votre actionnaire aujourd’hui ? Un banquier, non ? Les faits… Mais prenons quelques exemples des vérités selon Saint Serge July. J’emprunte à (40 ans de Libération : des maos aux bobos | Ojim.fr) quelques extraits croustillants de vérité :

« Dans l’émission de France Culture, « Concordances des temps », datant du 25 novembre 2006, Jean-Claude Vernier, l’un des fondateurs de Libé, et Laurent Martin, spécialiste de l’histoire des médias, nous offrent un éclairage passionnant sur la naissance du quotidien. Celle-ci a donc lieu, comme nous le raconte ce dernier, dans « un climat extrêmement tendu, puisque depuis 68, ceux qui ont espéré le Grand Soir et qui ne l’ont pas vu se réaliser, essaient de prolonger cette espèce de tension et de passion révolutionnaire (…). Donc, un certain nombre de gens qui n’ont pas abandonné leur rêve de 68 fondent des journaux, fondent des groupuscules, en particulier le groupe (…) de la Gauche prolétarienne, qui est un de ces groupes gauchistes nés non pas pendant mai 68, mais dans le sillage de mai 68. » Serge July appartient alors à ce groupuscule clandestin (car interdit par le ministre de l’intérieur de l’époque, Raymond Marcellin), où il agit sous pseudonyme, et se trouve donc clairement dans un cadre d’activisme révolutionnaire.« 

Voilà bien une presse soucieuse des faits et de la vérité qui va agir avec une clairvoyance exceptionnelle pour nous enseigner les faits et la vérité. Que disait Saint Serge July au moment de la triste affaire de Bruay-en-Artois ? Accrochez-vous, car la vérité peut parfois surprendre. Je cite de nouveau ici (40 ans de Libération : des maos aux bobos | Ojim.fr) :

« Là, il prend parti avec son groupe dans l’affaire de Bruay-en-Artois : « c’est une affaire finalement assez sordide, une fillette qui est violée et assassinée dans le coron et évidemment les gens de ce groupe maoïste pensent que le coupable est tout désigné, il s’agit d’un notaire… » Serge July écrit alors dans La Cause du peuple, que le notaire, M. Leroy, est forcément coupable puisque le soir du meurtre, il mangeait huit cents grammes de viande… Dans un réflexe essentialiste et par une argumentation tautologique aussi simpliste que ceux qui poussaient les intellectuels antisémites à désigner Dreyfus coupable parce que juif, Leroy est coupable parce que bourgeois, et l’instinct épurateur qui en découle est également assez effrayant.« 

Et puis, il y a les affaires qui fâchent, pour lesquelles vous vous débattez depuis des décennies, parce que Libération a été une presse criminelle au service de la perversion des mœurs, dans le pur esprit libertaire et soixante-huitard de ses fondateurs. Seulement cela fait un peu désordre. Je cite une dernière fois ce brillant travail d’histoire des médias (40 ans de Libération : des maos aux bobos | Ojim.fr)  :

« Déjà, toutefois, la lutte se déplace sur le terrain des mœurs : le féminisme, l’homosexualité et… la pédophilie (qui a – littéralement – « bonne presse » dans les années 70) deviennent des dossiers importants pour la rédaction. Quitte à créer une rupture avec le lectorat ouvrier, comme en témoigne encore Laurent Martin : « Ils (certains rédacteurs de Libération) se heurtent effectivement à cette autre fraction de la rédaction qui sont les maos et qui, eux, voient d’un assez mauvais œil, finalement, cette émancipation par le corps en particulier, considérant qu’il y a là un danger d’effrayer les masses ouvrières, qui n’ont pas cet affranchissement par rapport aux normes morales… » Affranchissement tel, à l’époque, que les célèbres « petites annonces » de Libé, rédigées dans un langage très cru, peuvent être ouvertement pédophiles, tandis que certains articles sont gaiement titrés : « Câlins enfantins ». 

On peut continuer en consultant les archives de Libération : les faits et la vérité historique de vos publications. Ce sera édifiant de conformité avec le principe : les faits et la vérité que vous brandissez comme l’arme du jugement dernier. S’il se dégage une réalité, c’est que Libération a été de nombreux combats idéologiques, votre vérité, et que l’histoire vous a déjugé, voire condamné. 

Les faits et la vérité, la doctrine de la Pravda-Libération

Le troisième porte justement sur l’expression : les faits et la vérité. Faut-il rire ? Faut-il vous provoquer en duel ? Faut-il se pincer ? On ne sait pas. Libération respectueux des faits et de la vérité ? De quels faits parlez-vous ? De tout ceux dont vous refusez de parler au nom de votre ligne éditoriale ? Des faits qui ne sont plus que des narratifs idéologiques soumis à la Doxa. La Pravda (Vérité) avait la même prétention que vous ; étonnant non ? Je ne suis pas sûr que nous ayons la même lecture des lois qui organisent les médias et la profession de journaliste. La liberté de la presse est posée par l’article 11 de la  Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (nouvelle fenêtre) du 26 août 1789 ; par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (nouvelle fenêtre) du 10 décembre 1948 et par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme (nouvelle fenêtre) du 4 novembre 1950. Avec la loi du 29 juillet 1881 (nouvelle fenêtre), la liberté de la presse en France fait l’objet d’une consécration particulière, au-delà de la reconnaissance générale de la liberté d’expression. L’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dispose que tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Il n’y a donc pas « les faits et la vérité » pour juger, évaluer, punir ou interdire des médias et des journalistes. Votre inversion des principes du droit sont une insulte aux faits juridiques de la France qui n’a jamais consacré l’idée qu’un journaliste devait dire la vérité; d’ailleurs laquelle ? En affirmant cela, vous falsifiez la réalité du corpus juridique qui encadre l’exercice des métiers de la presse dans nos sociétés démocratiques. Vous trahissez vous-même le principe que vous posez : les faits et la vérité.

Enfin, sur cette question, au nom de quoi pensez-vous détenir LA vérité ? Au nom de quoi, vous, ou une quelconque institution serait en droit de dire : cela est la vérité ? C’est une escroquerie intellectuelle. En matière scientifique, je vous invite, si vous ne l’avez jamais fait, à relire Popper, Kuhn ou Feyerabend. Ces grands historiens des sciences ou épistémologues vous apprendraient, vous homme de gauche, que la vérité scientifique est tout de même une grande chimère. Les théories sont vacillantes, temporaires, falsifiables. Bref. Les recherches scientifiques nous apprennent des choses, mais la vérité ?  Avez-vous entendu parlé de la crise des fondements de l’arithmétique, de celle de la théorie de la démonstration ou de l’axiomatique ? Comment Libération serait à ce point réactionnaire en prétendant qu’il y a la vérité, comme l’aurait dit Torquemada, le grand inquisiteur ? De même en médecine ? On plombait les dents (pratique d’un temps) puis on découvre que le plomb est nocif, même dans les dents ; alors on change les matériaux (autre pratique d’un autre temps). Le bon vieux Bachelard disait : la science va d’erreur corrigée en erreur corrigée ; trop libéral pour Libération sans doute. On me disait il y a encore quelques année : couchez vous si vous avez une sciatique. Maintenant on me dit, il faut un peu marcher chaque jour. Vous avez la vérité, vous ? 

En conclusion, vous apportez plutôt la preuve que vous êtes en guerre, d’ailleurs vous utilisez un terme guerrier pour nommer un organe de presse ; est-ce un hasard ? Vous êtes en guerre contre la liberté, vous êtes en guerre idéologique permanente contre tous ceux qui ne vous suivent pas. Vous êtes les Torquemada des temps modernes, parce que votre progressisme ne souffre pas la critique. Vous avez la certitude d’être les détenteurs de la vérité, et vous le dites. Vous n’êtes donc pas pour la liberté, vous n’êtes pas pour le respect d’autrui. Et vous pratiquez la bonne vieille technique maoïste de votre Grand Commandeur de patron historique : Serge July. C’est en dénommant la chose que je fais la révolution. Russia Today est une arme de guerre et Thomas Legrand, le justicier de Libération. En fait et en vérité, vous êtes les singes de l’inquisition. Vive les libertés !  

Pierre-Antoine Pontoizeau

 

 




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