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Les réseaux sociaux ont été largement associés à l’intensification de la polarisation politique. Mais pourquoi les réseaux sociaux favoriseraient-ils la polarisation ?
Mon nouvel article publié dans PNAS suggère que la raison pourrait ne pas être ce que vous pensez…“Les “chambres d’écho” ont longtemps été l’explication dominante – suggérant que les réseaux sociaux nous isolent des autres personnes partageant les mêmes idées. Comme l’exposition à des arguments unilatéraux dans le cadre d’une délibération rationnelle nous rendrait plus extrêmes, il en résulte une polarisation des opinions. 2/
Mais la recherche sur les réseaux sociaux n’a jamais réussi à trouver de telles “chambres d’écho”. Des études – y compris mes propres travaux antérieurs – ont montré qu’il y a en fait beaucoup d’interaction au-delà du clivage politique. En fait, même plus que dans nos vies hors ligne !
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Mais cette interaction ne peut pas non plus être décrite comme une “délibération rationnelle”. Elle est litigieuse et conflictuelle. Comme l’ont suggéré les spécialistes de l’internet, les réseaux sociaux peuvent être mieux compris comme des espaces de formation de l’identité et de présentation de soi (par exemple, @alicetiara @zephoria) 4/.
Une telle perspective identitaire est en résonance avec l’intérêt émergent pour la polarisation “sectaire” ou “affective”, qui met l’accent sur la polarisation en tant que sentiment profond de différence et de méfiance à l’égard de l’autre camp, ancré dans l’identité sociale partisane (par exemple, @ylelkes @LilyMasonPhD) 5/.
La suggestion générale de cet article est donc de déplacer l’accent de la délibération et des opinions – vers le conflit et l’identité sociale. L’article montre comment les réseaux sociaux peuvent intensifier la polarisation affective en classant les conflits et les différences selon les lignes partisanes. 6/
Les conclusions de l’article renversent effectivement la chambre d’écho : les réseaux sociaux polarisent non pas en nous isolant des opinions opposées, mais en nous faisant interagir avec des partisans opposés. Ils nous jettent dans une guerre partisane dans laquelle nous sommes obligés de prendre parti (@chris_bail) 7/
En nous poussant à interagir avec des personnes de l’autre camp, les réseaux sociaux alimentent les conflits – et l’alignement des identités sur les lignes partisanes. Les réseaux sociaux produisent des tribus politiques, ce qui intensifie la polarisation affective. 8/Comment les réseaux sociaux favorisent la polarisation affective par le biais de la sélection partisane ?
Résumé
Au cours des dernières décennies, la politique est entrée dans une ère de polarisation intense. Les explications ont impliqué les réseaux sociaux, la “chambre d’écho” restant une hypothèse causale dominante malgré la remise en question croissante des preuves empiriques. Cet article suggère que des preuves croissantes fournissent non seulement une raison de rejeter l’hypothèse de la chambre d’écho, mais aussi les bases d’un mécanisme causal alternatif. Pour proposer un tel mécanisme, l’article s’appuie sur la littérature relative à la polarisation affective, aux réseaux sociaux et à la dynamique de l’opinion. À partir de la littérature sur la polarisation affective, nous suivons le mouvement qui consiste à considérer la polarisation comme des positions divergentes sur des questions et à l’enraciner dans le triage : un alignement des différences qui divise effectivement l’électorat en deux mégapartis de plus en plus homogènes. Pour expliquer la montée de cette sélection, l’article s’appuie sur la dynamique de l’opinion et la recherche sur les réseaux sociaux pour présenter un modèle qui renverse essentiellement la chambre d’écho : ce n’est pas l’isolement par rapport à des opinions opposées qui alimente la polarisation, mais précisément le fait que les réseaux sociaux nous amènent à interagir en dehors de notre bulle locale. Lorsque les individus interagissent localement, le résultat est un patchwork pluriel stable de conflits transversaux. En encourageant l’interaction non locale, les réseaux sociaux entraînent un alignement des conflits sur des lignes partisanes, effaçant ainsi les effets compensatoires de l’hétérogénéité locale. Il en résulte une polarisation, même si l’interaction individuelle conduit à une convergence. Le modèle suggère donc que les réseaux sociaux polarisent par une sélection partisane, créant un maelström dans lequel de plus en plus d’identités, de croyances et de préférences culturelles sont entraînées dans une division sociétale globale.
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