Canada — Trudeau envisage de régulariser près d’un demi-million d’immigrants illégaux

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Près d’un demi-million de travailleurs sans statut (légal) pourraient obtenir leur résidence permanente, a appris Radio-Canada. Du jamais-vu dans l’histoire du pays.

Un programme massif de régularisation, le plus important dans l’histoire du Canada, pourrait prochainement voir le jour. Selon les informations obtenues par Radio-Canada, le gouvernement de Justin Trudeau a entrepris, au cours des dernières semaines, des démarches poussées auprès de plusieurs organismes pour dessiner les contours d’un tel programme.

« On explore et on regarde ce qu’on pourrait mettre en place », confie une source gouvernementale, qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement. « On regarde les façons de régulariser des personnes qui vivent au Canada avec un statut précaire. », d’ajouter cette source gouvernementale.

Ottawa envisage de régulariser des dizaines de milliers de personnes sans statut légal. On parle potentiellement d’environ 500 000 personnes, reprend cette source gouvernementale.

Plusieurs acteurs du milieu de l’immigration ont confirmé ces informations à Radio-Canada et avoir confié avoir, depuis cet été, des discussions avec des représentants d’Immigration Canada.

Plusieurs manifestations ont été organisées depuis le début de la pandémie, dans plusieurs villes canadiennes, pour demander la régularisation des migrants sans statut légal.

Ni les travailleurs temporaires ni les demandeurs d’asile

Les critères d’accès à ce futur programme de régularisation sont encore méconnus. Aucune date de lancement ne circule non plus.

« On a été jaugé, on est au courant, mais le programme n’est pas encore ficelé », explique Hady Anne, responsable de Solidarité sans frontière.

 

À ce jour, ni les travailleurs temporaires ni les demandeurs d’asile ne seraient concernés par ce programme. Ni, donc, les dizaines de milliers d’immigrants illégaux (Radio-Canada parle uniquement de « familles » c’est plus douillet, plus sympa) arrivées récemment au chemin Roxham, dont l’étude du dossier est toujours en cours.

On parle plutôt des sans-papiers et des travailleurs qui ont vu leur permis ou visa expirer dans les dernières années, ou des personnes dont le statut de réfugié a été refusé, qui sont bloquées au Canada en raison d’un moratoire. Bref, des gens qui ne sont plus légalement au Canada.

En réalité, cette volonté du gouvernement Trudeau n’est pas une totale surprise.

Cette idée, passée totalement inaperçue jusqu’ici, figure dans la lettre de mandat du Premier ministre envoyée, en décembre dernier, au ministre de l’Immigration, Sean Fraser.

Dans ce document, il est demandé au ministre de « poursuivre l’exploration de moyens de régulariser le statut des travailleurs sans-papiers qui contribuent aux communautés canadiennes ».

Interpellé par Radio-Canada, le cabinet du ministre Fraser confirme de telles avancées et assure qu’Immigration Canada est en contact depuis « tout récemment » avec « des spécialistes universitaires et des intervenants de l’industrie ». « Le travail à exécuter pour mener à bien ce mandat est en cours », de préciser Rémi Larivière, porte-parole d’Immigration Canada.

Immigration Canada « continuera d’envisager de nouvelles avenues afin d’aider davantage d’étrangers qui habitent actuellement au Canada à s’y établir de façon permanente », précise Rémi Larivière, en rappelant les « politiques audacieuses et innovatrices » du gouvernement libéral.

Québec refuse de se prononcer

En coulisses, une question revient sans cesse : cet important programme de régularisation visera-t-il les sans-papiers du Québec ? En raison de l’Accord en immigration signé entre le Canada et le Québec, le gouvernement du Québec a son mot à dire.

Selon plusieurs personnes sondées par Radio-Canada, l’optimisme ne règne pas. « On craint que Québec aille compliquer les choses », affirme Hady Anne, de l’organisme d’extrême gauche Solidarité sans frontière, en pointant la régularisation des anges gardiens, durant la pandémie.

Ce programme, lancé fin 2020, a été réservé aux demandeurs d’asile qui ont donné des soins de santé aux personnes touchées par la COVID-19 dans les établissements de santé. Devant la volonté d’Ottawa d’élargir cet accès exceptionnel, Québec a refusé d’aller plus loin. Au printemps 2021, le gouvernement Legault s’est fermement opposé à l’accélération de l’obtention de la résidence permanente, proposée par le fédéral, pour des dizaines de milliers de travailleurs temporaires et étudiants étrangers. 

Un programme « ambitieux » selon les partisans de celui-ci

Tout en applaudissant cette idée fédérale, l’avocate Lisa Middlemiss craint une certaine jalousie provenant « des personnes qui sont là légalement au Canada ». De nombreux immigrants, travailleurs temporaires, connaissent actuellement des « obstacles » et « de longs délais pour obtenir leur résidence permanente », rappelle la présidente de la section du droit de l’immigration de l’Association du Barreau canadien. 

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau, de son côté, menace de « continuer à soutenir les programmes d’immigration inclusifs qui [répondraient] aux besoins économiques du Canada et qui [alimenteraient] notre croissance ». L’immigration de masse n’alimente pas la croissance par habitant ni du Canada ni du Québec (voir notamment L’économiste Pierre Fortin : non, le Québec n’a pas besoin de 80 000 immigrants par an).

Voir aussi

Canada — Faire passer l’immigration de 300 000 personnes par an à un million

L’initiative du Siècle (dont un des cofondateurs est Dominic Barton, actuellement ambassadeur du Canada en Chine populaire). En anglais uniquement.

Le patronat québécois reprend de plus belle sa campagne en faveur de l’immigration massive : 64 000 par année au Québec ! (1er avril 2021, ce n’est hélas pas un poisson d’avril)

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