La très influente Ursula von der Leyen aurait copié une large partie de sa thèse en médecine. Une faute qui pardonne rarement, en Allemagne.

En Allemagne les plagiats ne pardonnent pas. L'influente ministre CDU de la défense, Ursula von der Leyen, pourrait perdre à la fois son titre de docteur en médecine et son ministère. La plateforme VroniPlag, spécialisée dans l'analyse de plagiats et qui a déjà fait tomber quelques têtes, demande à la ministre de partir. "La doctorante était extrêmement paresseuse et a copié de façon impitoyable. L'université doit lui retirer son titre", martèle Martin Heidingsfelder, président de VroniPlag.

Le public s'étonne qu'on puisse qualifier de paresseuse une mère de sept enfants, qui depuis dix ans appartient à tous les cabinets d'Angela Merkel. D'un autre côté, il faut considérer qu'elle avait présenté sa thèse en 1991, à l'âge de 32 ans. La ministre est considérée comme très ambitieuse. Certains dans la CDU avancent qu'en cas de démission de la chancelière Merkel, elle pourrait lui succéder. La femme blonde, menue, à l'éternel sourire, montre que l'émancipation de la femme a définitivement atteint le camp conservateur. Elle a paré l'attaque de VroniPlag en disant que, quand elle a appris en août ce qu'on lui reprochait, elle a prié la Haute école de médecine de Hanovre de réexaminer sa thèse.

On ne badine pas avec le titre de Docteur

En Allemagne et en Autriche le titre de docteur confère un grand prestige social. L'autre face de la médaille est que celui, qui est convaincu de plagiat, tombe aux oubliettes. Ainsi, le brillant ministre CSU de la défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, avait dû jeter l'éponge en mars 2011 et la ministre CDU de la recherche et de la formation, Annette Schavan, grande amie de la chancelière, avait dû démissionner en février 2013. La vice-présidente libérale du Parlement européen, Silvana Koch-Mehrin, avait, elle aussi, renoncé à son titre et à sa fonction.

En revanche, le ministre social-démocrate des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, était sorti indemne d'accusations comparables il y a deux ans : l'université de Giessen l'avait lavé de tout soupçon. Dans le cas de Mme von der Leyen, VroniPlag fait état de plagiats sur près de la moitié des 62 pages du travail. Selon des experts il est de notoriété publique que la plupart des thèses de médecine comptent fort peu sur le plan de la recherche. Certains exigent une prescription pour ces plagiats, qui sont des "erreurs de jeunesse". Finalement, Annette Schavan a rédigé sa thèse en 1980 et Ursula von der Leyen en 1990, époque où on n'était pas aussi sévère en la matière qu'aujourd'hui.