En Afrique, la concurrence entre l'Union européenne et la Chine est rude, et une récente enquête souligne que le Continent noir considère le géant extrême-oriental comme un meilleur partenaire que l'UE pour mener à bien les projets africains.
L'étude publiée mardi par le Réseau économique interrégional (IREN) souligne que la Chine bat de loin les pays européens dans l'exécution de plans de travail visant à construire des routes, des centrales électriques, des voies ferrées et des ponts, tandis que l'UE excelle davantage dans des catégories abstraites, relevant du soft power, telles que la sensibilisation au changement climatique et l'éducation au respect des normes morales.
Sur la base des réponses de plus d'un millier de décideurs dans 25 pays africains, le groupe de réflexion basé au Kenya arrive à la conclusion que la Chine obtient un score bien supérieur à l'UE pour répondre aux besoins primaires du continent noir, car les Africains apprécient en priorité les infrastructures physiques, les résultats rapides et la non-ingérence dans la politique intérieure.
"La Chine est donc toujours plus près de combler son écart avec l'Union européenne dans la plupart des aspects de son engagement avec l'Afrique, y compris dans les domaines où l'UE était traditionnellement en tête", lit-on dans une enquête commandée par l'ONG Global Partnership Hub de la Fondation Friedrich Naumann d'Allemagne.
L'étude révèle également que les participants à l'enquête accordent une note élevée au pays d'Extrême-Orient en raison de sa prise de décision rapide : la Chine a approuvé 75,2 % des projets, alors que l'UE n'en a accepté "que" 55,8 %.
Avec une précision militaire organisée, la Chine est connue pour sa rapidité et sa fiabilité, notent les auteurs du rapport.
Selon Nashon Adero, un des chercheurs ayant participé à l'enquête, la majorité des personnes interrogées ont hautement apprécié la coopération avec la Chine, entre autres en raison de l'achèvement des projets dans les délais.
Selon le professeur d'ingénierie de l'université kenyane Taita Taveta, bien que l'on suppose sur le continent noir que les deux grandes puissances s'immiscent toutes les deux dans les affaires intérieures de leurs partenaires africains, Pékin est relativement moins enclin à faire pression.
Les résultats de l'enquête montrent également que 55,2% des décideurs africains pensent que la Chine utilise la corruption comme un outil, tandis que 32,5% pensent la même chose de l'UE.
Malgré tout, il existe encore des domaines dans lesquels l'UE excelle : par exemple, la qualité des produits ou des services fournis, la création de bonnes conditions de travail, l'emploi de travailleurs locaux, le respect des normes de protection de l'environnement et un meilleur traitement des Africains.
Cependant, l'étude a révélé que la Chine fait de grands progrès pour surpasser les avantages offerts par l'UE, et les signes les plus évidents en sont la croissance du secteur privé et le soutien aux investissements, au commerce et à l'économie intra-africains.
Afin de contrer l'initiative chinoise dite Nouvelles Routes de la Soie, l'UE a annoncé en décembre dernier vouloir mobiliser 300 milliards d'euros pour tenter de concurrencer l'influence mondiale croissante de la Chine.
Selon la promesse faite l'année dernière, la zone cible la plus importante du programme de développement de l'UE sera l'Afrique, mais la question est de savoir dans quelle mesure le bloc des 27 États membres pourra maintenir ses objectifs au milieu de la crise économique et énergétique amenée par la pandémie de coronavirus et par la guerre russo-ukrainienne.
traduction: Albert Coroz
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