Forum - La Suisse doit-elle aussi renvoyer ses diplomates russes? Débat entre Vincent Maitre et Jérôme Desmeules
Tania Sazpinar: La Russie expulse 36 diplomates belges et néerlandais en représailles à une mesure similaire de ces pays. Ces dernières semaines, les capitales européennes ont expulsé des diplomates à tour de bras en les accusant d’espionnage, mais la Suisse refuse pour l’instant de suivre le mouvement, alors qu’un tiers des diplomates russes en Suisse seraient des employés des services secrets selon la presse alémanique. Alors, faut-il renvoyer ces diplomates russes ?
On va en débattre ce soir avec Vincent Maitre, Centre, et Jérôme Desmeules, UDC.
Tania Sazpinar: Vincent Maitre, pour vous, la Suisse doit suivre le mouvement et renvoyer ces diplomates ?
VM : Il faut renvoyer le tiers qui sont des espions et garder les deux tiers qui sont de vrais diplomates, pour maintenir la voie diplomatique, maintenir et intensifier le dialogue.
Tania Sazpinar: Jérôme Desmeules, est-ce que la Suisse doit “faire le ménage” parmi les diplomates russes présents sur son sol ?
JM : Il faut être très prudent. On a une posture de pays neutre, d’organe de bons offices. Et qu’est-ce qu’on y gagnerait ? Si c’est pour se faire aussi expulser nos diplomates et péjorer les citoyens suisses en Russie…
Tania Sazpinar: Vincent Maitre, comment être sûr que ce sont des espions ?
(CM: Mais ils portent tous un badge "espion", grande gourde!)
VM : Ce sont les services de renseignement de la Confédération qui le savent. Il en va de la sécurité nationale, il faut renvoyer les espions.
Tania Sazpinar: Pour tous les pays qui ont des diplomates-espions en Suisse ?
VM : Oui, il ne faut pas faire de différences.
Tania Sazpinar: Jérôme Desmeules, cela ne vous dérange pas que des dizaines d’espions potentiels soient présents sur le sol suisse ?
JD : Évidemment, si on en est certain. Mais pas préventivement, sur la base d’informations provenant en partie des services de renseignement ukrainiens. Le Conseil fédéral a raison de ne pas se précipiter. Pas d’expulsion généralisée.
Tania Sazpinar: Mais vous êtes plutôt pour les sanctions économiques, qu’est-ce que ça change, les sanctions diplomatiques ? Les sanctions économiques font plus mal.
JD : Justement, les sanction économiques sont plus efficaces, ça ne sert à rien de rajouter des sanctions diplomatiques, on ne sera plus un pays neutre.
Tania Sazpinar: Vincent Maitre, sous couvert de la sécurité nationale, de cet espionnage, les pays européens cherchent surtout à sanctionner la Russie, ce n’est pas un peu un prétexte ?
VM : Les sanctions diplomatiques n’ont aucun sens, sont contre-productives. Il faut expulser seulement les espions démontrés.
Tania Sazpinar: Justement, Jérôme Desmeules, pourquoi, aujourd’hui, garder absolument une présence diplomatique en Russie, pourquoi c’est important pour la Suisse : pour les bons offices, pour l’image ?
JD : C’est important de garder le dialogue avec les deux parties, puisqu’on a ce rôle d’apaisement. Actuellement, les négociations sont plutôt du théâtre, mais à un moment donné, peut-être qu’ils seront véritablement d’accord de négocier et il faut que la Suisse soit prête à offrir ses services : on a tout intérêt à ce que nos diplomates en Russie ne soient pas expulsés.
Tania Sazpinar: En tout cas vous êtes d’accord sur l’importance de garder le lien diplomatique.
La Suisse est NEUTRE,
Garder notre ligne …
Mon point de vue: nous n’avons pas à nous aligner sur les décisions européennes, pourquoi s’aligner pour les sanctions ? Pourquoi être fondamentalement anti-Russie ou mieux dit anti-Poutine sans connaître la genèse du problème ou des différents problèmes ? Nous avons une tradition d’être neutres, ce qui ne veut pas dire impassibles à la douleur du peuple et des hommes et des femmes et enfants causés par qui ? That’s the big question !