Par Marius-Joseph Marchetti.
« L’ordre n’est pas mère mais fille de la liberté. »
Pierre-Joseph ProudhonLorsqu’on dit que l’on souhaite libéraliser le port d’arme, une réaction haineuse est automatiquement exprimée envers l’émetteur de l’idée, même parmi ceux qui s’évertuent à défendre les droits naturels de chacun. Pourquoi donc ?
Quelques chiffres clés en rappel : chaque année aux États-Unis, il y a 30 000 morts par arme à feu. Sur ce nombre de morts, deux-tiers sont des suicides, donc 10 000 meurtres par armes à feu.
Combien d’usages défensifs d’armes ? Selon les études, entre 400 000 et 2,5 millions par an. Ainsi, depuis 30 ans, on a vu une explosion du nombre d’armes possédées par les Américains, et en même temps une baisse notable du taux de crimes, sans compter leur usage dissuasif mais qui ne peut malheureusement pas se voir (car comme le dirait Frédéric Bastiat, cet usage ne peut se voir car il n’a pas lieu, du fait de la dissuasion).
Oui, ces chiffres sont bien différents de ce que nous pourrions attendre après avoir écouté nos médias mainstream.
Les anti-armes utilisent également l’argument du déterminisme, qu’ils dénigrent lorsque cela les arrange par ailleurs, selon leur bon vouloir : s’il avait la possibilité d’être armé, un individu lambda serait forcément néfaste à l’innocent, car guidé par des pulsions incompréhensibles survenant en amont.
Ainsi, on culpabilise celui qui souhaite simplement pouvoir se défendre contre un éventuel agresseur en évoquant les effets nuisibles provoqués par ce droit à porter une arme, indépendamment de toute volonté de nuire à quiconque, alors que ceux- là même sous-entendent à l’inverse que les criminels (puisque la définition même du criminel est celui qui ne respecte pas la loi) hésiteront à se fournir des armes prohibées.
« La pitié pour le coupable est une trahison pour l’innocent. » Ayn Rand
On me dit souvent que « les Américains ont ce qu’ils méritent quand ils voient leurs enfants mourir, puisqu’ils ne prohibent pas les armes ».
Premièrement, si la prohibition des armes était aussi promue que dénoncée, même les hommes de l’État et affiliés ne devraient pas en posséder.
Défendre le fait que seuls certains devraient avoir le droit de porter des armes implique que ces individus ne sont pas opposés au port d’arme, mais seulement partisans de réserver ce droit à une élite.
C’est donc une attitude très hypocrite, élitiste et quasi dictatoriale puisque seuls ceux qui détiennent la possibilité d’user de l’arbitraire ont le droit d’abuser impunément d’un droit qui est le premier rempart contre un quelconque totalitarisme.
Ensuite, on pourrait répliquer en disant que les proches qui pleurent les victimes d’un quelconque acte de cruauté par une arme à feu méritent également ce qui leur arrive puisqu’ils tolèrent la prohibition qui les a condamnés. Souvenons-nous que Charb, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, avait demandé le droit de porter une arme, ce qui lui a été refusé.
Enfin, l’interdiction du droit de porter des armes porte atteinte à ce qu’Ayn Rand appelle la loi objective.
Porter une arme, ou en posséder une sans autorisation, est puni par la loi, sans qu’aucun crime n’ait été à déplorer.
Ainsi, on punit un individu pour un crime qu’il n’a pas commis et qu’il ne commettra pas.
C’est la présomption d’innocence qui est attaquée ici. La loi punit alors les individus sur des suppositions et non sur des faits tangibles et démontrés. On punit l’innocent pour ce qu’il n’a pas fait et ne fera pas, au profit de ce que le criminel fera et ne se gênera pas de faire, prohibition ou pas.
Les agressions par exemple, ne se voient pas, car l’action n’a pas eu lieu grâce aux armes ; ainsi, comme pour tout, les gens ne s’intéressent qu’à ce qu’ils voient. De nos jours, les personnes nourries au lait de l’État ont appris à ne se servir que de leurs percepts, là où une réflexion prononcée et systématique est la clé de la survie de l’Homme qui ne peut se contenter de ses simples perceptions, à l’instar des animaux.
Il ne suffit pas d’avoir un esprit ouvert, mais un esprit actif pour s’intéresser aux faits et les adapter à nos prémisses.
Il est d’autant plus inquiétant que les personnes qui se revendiquent de l’interdiction du port d’arme se proclament le plus souvent défenseurs des minorités. Il y a une contradiction dans les termes : le premier agresseur, de quelque minorité qu’il soit, est l’État.
La contradiction ne s’arrête pas là. Ils ne défendent pas, même au contraire, ils attaquent les droits de l’individu (ce qui est une redondance, comme on peut si bien le voir dans la Vertu d’Égoïsme), car tout droit ne peut être qu’exercé individuellement.
Ainsi le terme « droit individuel » est une redondance là où « droits collectifs » est un oxymore.
« La plus petite minorité sur terre est l’individu. Ceux qui nient les droits individuels ne peuvent pas prétendre être des défenseurs des minorités. »
Ayn Rand.
Article initialement publié en février 2015.
Extrait de: Source et auteur
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