« Il m’a demandé de transformer son équipe en état-major » : Bertrand de La Chesnais, le général quatre étoiles derrière la campagne d’Éric Zemmour

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Au milieu des allées, Éric Zemmour ne sait plus où donner de la tête. Fusil d’assaut, drones dernière génération, véhicules blindés, équipements de sécurité cyber-électronique… Celui qui n’est pas encore candidat se frotte aux industriels de la défense. Objectif : permettre au polémiste de cerner les enjeux stratégiques du marché français de l’armement.

Ce 20 octobre, Éric Zemmour se rend à Villepinte (Seine-Saint-Denis), au salon Milipol. Cette grand-messe des industriels de la défense réunit tous les deux ans le fleuron de la technologie militaire. À ses côtés, son cercle rapproché et ses visages connus, comme sa conseillère, Sarah Knafo, et son directeur de la communication, Olivier Ubeda. Dans l’ombre, une grande et longiligne silhouette se démarque. Un géant dans la foule. En costume trois pièces, il arbore à la boutonnière de sa veste la rosette rouge caractéristique des récipiendaires de la Légion d’honneur. Poings fermés, la démarche martiale, le pas allant, il ne quitte pas des yeux Éric Zemmour. Cet homme, c’est Bertrand de La Chesnais.

 

 

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Pour ce déplacement, le journaliste du Figaro a choisi de se montrer aux côtés d’un général quatre étoiles et pas des moindres : l’ancien numéro 2 de l’armée de Terre. Officier parachutiste, conseiller technique dans les cabinets ministériels de Gérard Longuet et de Jean-Yves le Drian, il est aussi l’ancien bras droit du chef d’état-major des Armées Pierre de Villiers. Bertrand de La Chesnais s’illustre au sein des armées pour sa contribution au programme « Au Contact », réforme stratégique et structurelle de l’armée de Terre. Au salon Milipol, Bertrand de La Chesnais fait sa première apparition en public aux cotés d’Éric Zemmour, depuis son départ du service actif en 2017.

Devant les stands, l’ancien général est à ses aises. L’auteur du Suicide français le consulte, lui demande son avis et requiert ses analyses sur le matériel et les industriels. D’un regard, ils se comprennent. Les prémices d’une aventure commune ? Tout au moins une première pierre.

Programmation, communication, parrainages… Dès sa première semaine à son poste, le saint-cyrien fait face aux grands enjeux logistiques de la campagne

« Éric était très content d’avoir Bertrand de La Chesnais auprès de lui sur le déplacement. Il l’a trouvé de très bon conseil. Il a été touché par ses interventions et surtout sa présence », murmure-t-on dans l’entourage du candidat. Les semaines passent. Le futur réfléchit à structurer son équipe de campagne. Pour la diriger, plusieurs profils émergent dont celui de Patrick Stefanini, l’actuel directeur de campagne de Valérie Pécresse. Mais un certain Bertrand de La Chesnais semble se rappeler aux bons souvenirs du candidat. Le 7 décembre, le candidat Zemmour acte sa décision. Par un communiqué sur les réseaux sociaux, il annonce : « Je souhaite la bienvenue au général Bertrand de La Chesnais. La Reconquête est lancée ! » « Il a choisi un général pour mener une bataille, sourit Antoine Diers, le directeur adjoint de la campagne. Un général possède de grandes capacités organisationnelles. Mais aussi de management. À titre personnel, le général de La Chesnais a une vision pour son pays. C’est un homme de valeur. »

L’intéressé lui-même ne s’attendait pas à une telle promotion. « Il m’accorde sa confiance. Il me demande de transformer l’équipe en état-major de campagne. À moi de continuer de faire fonctionner une machine qui tourne déjà très bien », confie le général en retraite. Bertrand de La Chesnais gravitait déjà dans le microcosme de l’ancien journaliste : de discussions en discussions, d’entrevues en entrevues, de réunions en réunions, l’officier fournissait à celui qui n’était pas encore candidat divers notes et compte-rendus sur le domaine de la défense. À sa grande surprise, Éric Zemmour aura un tout autre dessein pour son conseiller. Il voit en lui son prochain directeur de campagne.

Fin novembre, un premier appel. Au téléphone, l’ancien chroniqueur de « Face à l’info » prend le pouls auprès de “son” général. « On a échangé sur nos visions respectives de cette fonction, de mes acceptions, de mon organisation et lui faire part aussi de ma réflexion sur ce sujet », raconte celui-ci. Un deuxième appel suit quelques jours plus tard, cette fois-ci plus axé sur le projet. « Je lui ai fait quelques contre-propositions, pour tenter d’améliorer sa campagne », ajoute-t-il encore. Un ultime entretien, cette fois-ci au QG du candidat, dans le VIIIe arrondissement de Paris où il lui annonce de vive voix la nouvelle. « Il y a une confiance mutuelle avec Éric Zemmour. Il porte une vision pour son pays. À moi de la mettre en œuvre. Je ferai tout pour… », exhorte le militaire.

On a échangé sur nos visions respectives de cette fonction, de mes acceptions, de mon organisation et lui faire part aussi de ma réflexion sur ce sujet.

La guerre n’attend pas. Dès son arrivée, le général de La Chesnais ne chôme pas. Programmation, communication, parrainages, dès sa première semaine à son poste, le saint-cyrien doit déjà faire face aux grands enjeux logistiques de la campagne. « Ma mission, c’est de traduire en action la vision de mon candidat. Je dois notamment contribuer à la mise en place du plan de campagne et à la partie plus organisationnelle. La deuxième chose, c’est mettre en ordre de marche tous ceux qui sont chargés de l’investiture du candidat. Tout le monde doit participer, tout le monde doit être informé. On se mobilise pour une seule finalité : l’élection de notre candidat », expose l’intéressé.

Un poste selon ses dires, « pas du tout politique ». Dans les faits, l’ex-conseiller défense est un atout stratégique dans cette campagne. « Il est un pont entre LR et le RN », développe un membre de l’équipe de campagne qui ajoute, « Éric Zemmour aspire à cette union des droites. Avoir Bertrand de La Chesnais à un tel poste est la garantie de bénéficier de son réseau, auprès des élus Républicains alors qu’il travaillait au ministère des Armées, et auprès de certains cadres du Rassemblement national à la suite de son engament politique à Carpentras. » Un constat partagé par  Robert Ménard, le maire de Béziers, qui en 2020 confiait à Valeurs actuelles que « c’est un homme qui incarne l’union des droites. Il rassemble toutes les sensibilités de notre famille politique. »

Le tournant du salon Milipol

Cette proximité idéologique et intellectuelle, Éric Zemmour et Bertrand de La Chesnais l’ont construite avec le temps. Proche de Jean-Frédéric Poisson, président de Via | la Voie du peuple, c’est par son intermédiaire que naissent les premiers échanges avec l’entourage de l’éditorialiste. En septembre dernier, tout s’accélère. À Versailles, le général et l’écrivain sont amenés à échanger pour la première fois au cours d’une soirée-débat. Sous l’égide de l’Institut Montalembert, ceux-ci vont à fleurets mouchetés faire état de leurs visions respectives sur l’unité de la nation, la lutte contre le terrorisme islamique et la politique migratoire. Mais chassez le militaire, il revient au pas de charge.

Le général de La Chesnais ne se prive pas de glisser quelques mots sur la Défense… « Il a tout de suite imaginé sa vision pour notre pays au prisme de ses connaissances historiques. Il aspire à ce que la France retrouve sa souveraineté sur tous les sujets, que ce soit militaire, politique, démographique et culturelle », se souvient-il. « J’ai discuté avec lui, puis après Sarah Knafo est venue me demander mes disponibilités et on a parlé du programme défense. »

J’ai travaillé sur la rédaction de la future loi de programmation militaire. Et donc qu’est-ce-qu’un programme, sinon l’expression d’une politique dans un domaine donné.

Conquis, le général s’attèle dans l’ombre à développer les futurs axes du programme régalien d’Éric Zemmour. Pour l’épauler dans cette mission, il recrute divers profils de chefs d’entreprises, d’experts et de militaires. Dans des bureaux parisiens comme à Carpentras, il rédige des points de situations, des analyses et des rapports. « Nous avons travaillé à faire émerger des thèmes clés liés aux futures conflictualités comme la dissuasion nucléaire, le renseignement ou l’espace », précise l’officier. Parmi ses propositions, le conseiller municipal de Carpentras soumet à Éric Zemmour des dossiers sur les programmes d’armement, les opérations extérieures, les déploiements stratégiques dans le monde, l’industrie de défense et les moyens alloués au recrutement des militaires. 

Devenu indispensable dans l’entourage d’Éric Zemmour, celui-ci décide de lui confier la supervision de son déplacement au salon Milipol. Un baptême du feu, pour celui qui ne s’épanche pas devant les caméras. Bertrand de La Chesnais choisit les entreprises et les programmes d’armement que rencontrera le candidat, expose, conseille et argumente auprès d’un Éric Zemmour admiratif. « Je n’avais qu’un seul objectif, c’était de ramener le produit identifié aux besoins du soldat. Je prends l’exemple de mini-drones ou de petits robots, il a fallu lui expliquer les capacités du produit, tout en l’invitant à imaginer les besoins du soldat sur le terrain (…) Éric Zemmour a un discours très prononcé sur l’effort de défense. Nous avons fait le choix d’aller visiter les petites et grandes entreprises françaises de la défense. Dans son état d’esprit, c’était comment aider les entreprises qui privilégient l’armée française, mais qui font face à la concurrence étrangère et aux blocages européens. »

Cette souveraineté chérie par Éric Zemmour, Bertrand de La Chesnais lui sert sur un plateau. À Rouen, le 22 octobre, le discours sur la défense et la diplomatie déborde de propositions issues des travaux du général. Sur la scène du Zénith de Rouen, Éric Zemmour parle de la sortie du commandement de l’OTAN, d’une nouvelle politique diplomatique avec la Russie, de la hausse du budget de la défense et de la construction de deux porte-avions nucléaires… Le polémiste passe en revue ses propositions, sans jamais se départir des notes du général de La Chesnais. De simple consultant à directeur de campagne, il gravit en quelques semaines les marches du corps politique. « Avec ce profil atypique en politique, on entre dans une autre dimension maintenant souligne Antoine Diers, on a besoin de ses compétences très solides, pour mener campagne ». Et mener des batailles, le général de La Chesnais sait faire.

 

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